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Quand Memphis revient dans le couloir, son épaule bandée, des consignes et des médicaments prescrits, Nabil n'est plus tout seul puisqu'il a été rejoint par Tanguy.

— Tu as mal ?

— Pour l'instant, elle est juste endolorie mais je sens que la douleur est toujours là. Des nouvelles d'Houssem ?

— On peut aller le voir.

L'espoir fleurit doucement dans sa poitrine dès qu'il entend ceci. Le bras du plus âgé passe au-dessus de ses épaules alors qu'il le mène jusqu'à sa chambre.

— Il va bien maintenant, d'accord ? Il va avoir besoin de toi je pense. Ne t'effondre pas maintenant quand tu as fait autant de chemin. Garde à l'esprit que tu l'as sauvé et que tu vas pouvoir t'expliquer avec lui.

Il acquiesce mais ne parvient pas à dire quoique que ce soit.

— Tu parlais avec lui par message ?

Il fixe, surpris, Tanguy qui vient de parler parce que ce dernier a été si discret depuis le début qu'il a presque oublié sa présence.

— Oui. Au début je savais pas vraiment que c'était lui. Il m'avait dit qu'il s'était trompé de numéro.

Un petit sourire vient orner les lèvres du plus jeune. C'est un sourire pas très joyeux, mélancolique, plongé dans ses souvenirs.

— C'est lui qui m'avait demandé ton numéro. Je savais pas que ... Il t'aime beaucoup, Memphis. Aide-le s'il te plaît.

— Je le ferais, bien sûr. Mais vous pouvez le faire avec moi. Il aura besoin de tout le monde, de toute l'équipe. Pour lui montrer qu'ils l'acceptent comme il est.

Nabil lui jette un regard ébranlé, empli d'admiration et de soulagement.

— Oui, je commencerais à amener le sujet avec l'équipe.

— Il faut le laisser venir à nous d'abord.

Ils franchissent la porte pour pénétrer la chambre au silence troublé seulement par les bruits du moniteur. Houssem dort au milieu des couvertures et a retrouvé quelques couleurs. Mais tout ce blanc ...

Ses coéquipiers avancent quand il reste figé dans le cadre, à l'observer de loin. Le cœur battant à ses tempes.

Il apportera des fleurs la prochaine fois.

— Memphis ?

Les deux autres lyonnais le regardent avec inquiétude et il secoue la tête avant de les rejoindre.

— Ça fait un choc de le voir comme ça.

— Si calme, si paisible. Je me sens fautif, murmure Tanguy, sa main planant au-dessus du visage de l'endormi, sans oser le toucher. Si j'avais pu voir comment il se sentait vraiment, on n'en sera peut-être pas là.

Il a du mal à se rapprocher du blessé, du mal parce que plus il est près, plus il peut constater cette terrible vérité. Une vérité qui inclue que Houssem a voulu mourir et a fini par essayer de le faire.

Ça fait mal. Il a échoué. Il n'a pas été assez présent. C'est lui qui aurait dû être là pour lui, personne d'autre.

— On va y aller, d'accord ? On va te laisser un peu d'intimité.

Intimité ? Le néerlandais se retourne vers le français le plus âgé, sentant le rouge lui monter aux joues.

— Comment ça, un peu d'intimité ? Qu'est-ce que tu veux dire ?

— Moi ? Rien, c'est toi qui interprète. Mais bon, notre jeune ami a l'air d'avoir besoin de repos et de réconfort.

— Jeune ami ? Parce que vous êtes quoi vous ? Des papys ?

— C'est toi qui va lui procurer du réconfort ? Parce que tu sembles pas à la hauteur de la tâche hein.

Nabil lui tire la langue et finit par entraîner Tanguy avec lui, lui murmurant des choses à l'oreille que Memphis ne peut pas entendre.

Laissé seul, il se place enfin près du dernier français, observant son visage doux et paisible. Sa main hésite un instant avant de se poser sur sa joue, la caressant avec tendresse.

— Tu es vivant, mon dieu, tu es vivant. Je n'aurais pas su quoi faire si je ... si je t'avais perdu.

Il ne se soucie pas vraiment de sa voix qui tremble et qui diminue de volume au fur et à mesure, ni du fait que Houssem ne l'entend probablement pas. Non, il a besoin de dire ce qu'il a sur le cœur.

— J'aurais été tellement fautif. J'aurais du venir te parler plus tôt. Mais il y avait tellement de chances que tu te braques. Tu avais du mal à parler par toi-même, sinon tu n'aurais pas cacher ton identité ?

Il rit doucement, se moquant un peu de lui-même, de son propre désespoir.

— C'est un peu pathétique. Mais si tu te réveilles, je ...

Il ferme les yeux un instant, se remettant les idées en place.

— Non. Quand tu te réveilleras, je serais là pour toi et je te promets qu'on affrontera tout ensemble. Ta famille, le regard des autres, tout.

La porte s'ouvre calmement et Jeremy apparaît derrière. Ce dernier lui jette un regard plein de sympathie avant de se rapprocher.

— Il va bien, tu vois ? On préconise un réveil un peu compliqué mais ça ne devrait pas durer trop longtemps. Il sera sur pieds bien assez vite.

— Tu t'occupes aussi de lui ? Ça fait pas un peu beaucoup ?

— T'en as pas entendu parler ? Restrictions budgétaires, la grève et tout. C'est dur d'exercer en ce moment, pas que je m'en plaigne.

L'infirmier change les poches, vérifie les constantes avant de se relever et de se diriger vers la sortie de la chambre.

— Bon courage.

Le silence est de nouveau là. Pesant. Ses yeux se posent sur la pendule et l'heure un peu trop avancée. Il va bientôt devoir partir, même si c'est tout sauf ce qu'il veut.


De : Nabil

On ira voir Houssem ensemble demain ? Léo et Yassin veulent venir si ça te dérange pas ?


Pourquoi ça le dérangerait ? Ce n'est pas lui qui va contrôler les visites. Il répond rapidement, gardant un œil sur le temps.

Il dépose ensuite avec tendresse un baiser sur le front de Houssem avant de se relever. Sur le pas de la porte, il hésite un instant puis se retourne.

— Je reviendrais demain.

Toujours aucune réponse.

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Mot de l'auteure :

Voilà. Un Houssem en vie mais toujours inconscient, quelques révélations supplémentaires, un entourage inquiet. Mais surtout Memphis inquiet et protecteur. Qu'est-ce que vous avez pensé de ce chapitre ?

Reach You [Depay/Aouar]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant