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Même quand Nabil et Tanguy viennent les voir, Houssem ne se décolle pas de lui et reste étonnamment silencieux.

Ce n'est pas que Memphis n'a jamais raffolé de câlins ou quelque chose du genre mais ce silence fini par l'inquiéter.

— Quelque chose ne va pas ? Tu ne dis rien depuis tout à l'heure.

Gêné encore une fois d'avoir été pris en flagrant délit, le plus jeune bafouille des excuses.

— Désolé, je ... je pensais à ma famille.

— Ta famille ?

Il fronce les sourcils et se redresse. Une colère froide se glisse dans ses veines et son compagnon doit le sentir puisqu'il pose une main sur son bras.

— Pourquoi est-ce que tu es si énervé à leur propos, Mem' ? Tu sais, ils ne sont pas-

— Je retiens que c'est à cause d'eux que tu as vécu tout ça. Peu importe la religion, peu importe leurs idéaux, tu étais pour certains leur enfant, pour d'autres, leur frère, leur ami, quelqu'un. Je n'arrive pas à croire qu'ils t'aient rejeté pour ta sexualité !

Il hausse un peu le ton, sa voix claquant dans le silence. Le plus jeune lui offre un regard tendre, reconnaissant, qui le calme presque immédiatement.

— Je ne connais pas le langage des fleurs. Mais ...

Il détourne son regard vers le bouquet qui trône dans la pièce, surpris du changement de sujet. Les fleurs ont déjà commencé à perdre de leur éclat.

— Mais je sais ce que signifie les tulipes rouges.

Il inspire calmement, curieux car si son coéquipier a marqué une pause, il n'a pas fini de parler.

— Merci, Memphis. Et je ne l'ai pas encore dit mais je t'aime aussi. Je t'aime vraiment beaucoup. Au point que ça me fait peur. Si je te perds, je ne sais pas ce que je ferais.

— Tu ne me perdras pas, Liefde. Je suis là, je te l'ai déjà dit. Je te protégerais. On affrontera les épreuves ensemble, d'accord ?

— Et si je te dis que je veux revoir ma famille ?

Sa mâchoire se crispe mais il arrive à comprendre les motivations de son amour. Alors il acquiesce doucement.

— Si tu veux les revoir, même si je suis contre, alors je t'accompagnerai. Je te soutiendrai jusqu'au bout. Si jamais tu craques, si jamais tu t'effondres, je te relèverai.

Les yeux de Houssem viennent trouver les siens puis, comme soulagé, il vient l'embrasser. Leur baiser ne dure pas longtemps puisqu'un toussotement vient les interrompre.

— Désolé mais je n'ai pas beaucoup de temps et je voulais vous parler un petit peu.

Hakim se dresse dans l'embrasure de la porte, très gêné et, dans cette position, il ressemble beaucoup plus à son cousin qui a, en le voyant, le visage qui s'éclaire légèrement.

— Hakim, tu es venu ? Mais les autres ont dit que tu ne devrais pas.

— Ils ne vont pas m'empêcher de te voir. Je suis grand, je n'ai plus dix ans. C'est notre famille mais tu l'es aussi. Et même s'ils ne le savent pas encore, je vais probablement fréquenter un gars donc ...

Son coéquipier rit doucement, bien qu'un peu de désespoir semble visible dans ce son. Famille maudite.

— Mais je vais retourner les voir.

— Quoi ?! Non, je refuse. Tu n'y iras pas. Dis quelque chose toi aussi, Memphis, on peut pas le laisser faire ça.

Hakim se tourne vers lui, presque implorant, mais Memphis secoue la tête, d'un air interdit, reprenant ce qu'il a déjà dit, même si il n'aime pas ça.

— On ne peut pas l'en empêcher. Mais on peut être là pour lui. S'il te plaît, comprends ça.

— Je sais, je sais ... Cette entêtement ... on a le même. Mais est-ce que tu as vu les fleurs, elles-

— Pas toutes mais j'ai compris l'essentiel.

Et, alors qu'il ne s'y attend pas du tout, Houssem se tourne vers lui et l'embrasse avec douceur et tendresse, le laissant coi.

— Je suis content que ce soit lui.

— Même si tu n'avais pas été d'accord, je l'aurais quand même choisi.

Un peu gêné qu'on parle de lui comme s'il n'était pas là. Après tout, durant cette conversation, il est devenu quoi ? Un mur ? Une chaise ?

— Bon, déso de vous avoir interrompu, je vais m'en aller. On en reparle par message, Hous'.

— Oui, oui.

Cette phrase a au moins le mérite de lui rappeler quelque chose d'important. Il dégaine son téléphone et va rapidement dans ses contacts jusqu'au fameux "Tonkin".

— Comment tu m'as appelé sur ton phone ?

— Hein ? Euh, je ... je n'ai pas ...

Intrigué d'une telle et soudaine timidité, il tente d'attraper le mobile de son amour qui gémit et essaye de le cacher.

— C'est si gênant que ça ? Allez, fais-moi voir !

Il réussit finalement à attraper le-dit objet et va dans les messages. Il se fige rapidement, un petit rire passe ses lèvres.

— Tu vois ? Tu te moques !

— Mais c'est adorable, tu n'as pas à avoir honte.

Mon Memphis 😳😊

Il dépose un petit baiser sur la joue de Houssem avant de le prendre dans ses bras et de l'y garder avec un bonheur évident.

— Tu es mon petit-ami, tu imagines ? Mon petit-ami. J'aime que tu sois possessif.

— Petit-ami ... oui.

Ils passent enfin un bon après-midi au milieu de tous ces jours sombres. C'est le début de quelque chose d'un peu mieux. Il y aura des erreurs, il y aura de mauvaises passes dans leur relation.

Mais ils peuvent y arriver ensemble. Et, avec un petit sourire, il change à son tour le nom de son copain sur son téléphone.

Mijn Liefde ❤️


Reach You [Depay/Aouar]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant