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— Sois attentif ! Le réprimande un peu Virgil.

Memphis baisse les yeux. Il essaie, honnêtement. Mais le discours qu'on leur sert est très ennuyant. Son regard erre dans la salle à la recherche d'un échappatoire. Il soupire. Derrière lui les gars ne sont pas attentifs du tout et ça ne dérange personne.

Même s'ils ne sont pas discrets du tout. Il veut dire, c'est évident par exemple que Matthijs rigole à une blague de Frenkie. Il doute fortement que ce soit les conditions sur leurs prochaines obligations qui le fassent rire à ce point.

Attends. Quoi ?

Il tente de se replonger dans le monologue pour comprendre mais abandonne au bout de quelques secondes. Il se saisit de son téléphone et ne résiste pas à envoyer un nouveau message.


À : Inconnu suicidaire

Salut, tu fais quoi de beau depuis hier ?

De : Inconnu suicidaire

Quoi ? Qu'est-ce que tu fais réveillé à cette heure ?


Il jette un coup d'œil au temps mais il est neuf heures et demi. Ce n'est pas si tôt. Est-ce qu'ils ont des fuseaux horaires différents ?


À : Inconnu suicidaire

Bah, il est 9h30 ?

De : Inconnu suicidaire

On est dans une période de vacances, t'aurais pu dormir.


Nope. Même fuseau horaire. Mais la formulation reste bizarre. "Période de vacances" ? Est-ce que ça veut dire qu'il n'est, comme lui, pas en vacances ?


À : Inconnu suicidaire

Tu travailles ?

De : Inconnu suicidaire

On peut dire ça. Enfin, c'est pas un travail commun.


Et là, dans son esprit ça tilte. Il a presque une exclamation de surprise mais la retient tant bien que mal, se souvenant de là où il est.


À : Inconnu suicidaire

Tu fais du foot ?

De : Inconnu suicidaire

Effectivement.

À : Inconnu suicidaire

J'en fais aussi. Oh, oh. Depuis le début, tu dis qu'on est des étrangers mais je t'ai peut-être déjà au moins rencontré une fois.

De : Inconnu suicidaire

Je sais.


Pardon ? Il mal-interprète là non ? Il veut dire qu'il sait qu'ils auraient déjà pu se rencontrer ou qu'il sait déjà qu'il fait du foot ? Ouh, il est confus.


À : Inconnu suicidaire

Je suis Memphis. Est-ce que je pourrais avoir ton nom pour changer ton surnom parce que Ryan arrête pas de vouloir jeter des coups d'œil à mon téléphone et j'ai peur qu'il se pose trop de questions.


Il donne un coup de coude à son coéquipier qui grogne. Son interlocuteur met un peu de temps à répondre, écrivant avant de se raviser.



De : Inconnu suicidaire

Ah mais je suis pas responsable de comment tu nommes tes contacts hein.

À : Inconnu suicidaire

S'il te plaît ?

De : Inconnu suicidaire

Va pour Tonkin alors.


Tonkin ? Tonkin ? Ce n'est pas un prénom ça, non ? Ses sourcils se froncent. Applaudissements autour de lui. Il se redresse et vient claquer des mains à son tour, un sourire faux sur le visage. Ensuite il se lève comme chacun de ses coéquipiers et quitte la salle.

— C'était intéressant ? Lui demande Frenkie, intrigué.

— J'ai pas écouté. Mais tu peux demander à Virgil, je suis sûr qu'il sera ravi de te faire un compte-rendu. Enfin si en se rendant compte de ton inattention, il ne te tue pas avant.

— J'étais pas inattentif ! J'étais juste-

— En train de te distraire avec ton petit-ami, je sais. D'ailleurs, je suppose qu'il n'a rien écouté non plus ?

— Ce n'est pas mon petit-ami !

À d'autres, à d'autres. Les joues du plus jeune ont viré à un rouge tomate et Matthijs qui arrive derrière eux n'arrange rien.

— Qu'est-ce qui se passe ? Tu as un petit-ami, Frenk' ?

— Quoi ? Non pas du tout ! Pourquoi est-ce que vous avez décidé de vous liguer contre moi aujourd'hui ?

Il sourit à la scène de ces deux amis se chamaillant gentiment et en profite pour récupérer son téléphone, en espérant que son inconnu ne lui en veuille pas trop qu'il l'ait abandonné durant de précieuses minutes.


À : "Tonkin"

Ce n'est pas ton prénom ?

De : "Tonkin"

Absolument pas. Je vais pas prendre le risque que tu me trouves.

À : "Tonkin"

Donc on est sur quelqu'un que je côtoie un minimum ? Peut-être dans le même championnat. Une équipe adverse ? Ou l'OL ?

De : "Tonkin"

Je ne vais pas t'aider non plus !

À : "Tonkin"

Honnêtement ça m'arrangerait.


— Memphis, tu viens ?

— Ah, pardon, oui.

Le néerlandais suit rapidement ses coéquipiers, bien que n'ayant pas du tout conscience d'où ils vont. En fait, ils retournent à leur hôtel pour le coup. Bon. Son inconnu a déjà eu le temps de lui répondre.


De : "Tonkin"

Si tu comptes faire tous les clubs de Ligue 1, tu n'es pas sorti de l'auberge. Tu sais combien de clubs il y a ? Combien de joueurs dans ces clubs il y a ? Et tu vas tous leur demander un par un leur numéro de téléphone ?

À : "Tonkin"

Je pourrais faire ça. Je le ferais vraiment si j'avais le temps. Mais si je fais ça, tu seras déjà mort au moins dix fois. Et je veux te sauver.

De : "Tonkin"

Idiot.

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Mot de l'auteure :

J'aime bien développer les relations entre eux-deux ... :) Que pensez-vous de "Tonkin" qui sème des indices malgré son apparente volonté de mourir ? Et de notre Memphis qui s'acharne malgré tout ?

Reach You [Depay/Aouar]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant