Quand j'arrive chez Nicolas quelques jours plus tard, je découvre un camion de déménagement en bas de l'immeuble, et mon père y entassant ses cartons.
_ Tu déménages ? » l'interpelle-je.
_ Bonjour, mon ange. » me sourit-il. « Hé bien oui, comme tu le vois.
_ Je croyais que jamais tu ne quitterais cet appartement où nous avons tant de souvenir... » le taquine-je en faisant allusion à sa réponse, quand je lui avais dit que cet endroit était trop grand pour lui seul.
_ En effet ! » rit-il en sautant du camion. « Mais il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis, non ?
Il semble radieux, mais un détail me perturbe. Ou plutôt, plusieurs.
_ Tu emménages avec Victor ?
_ Oui... Où d'autre veux-tu que j'aille ? » me sourit-il.
Quelque chose ne va pas avec son sourire : il n'atteint pas ses yeux, comme s'il était faux... Ou plutôt, comme s'il cherchait à me cacher quelque chose... Nicolas n'a jamais su mentir.
_ Ça te va bien, le foulard autour du cou. C'est nouveau ? » tente-je, étonnée de lui en voir un.
_ C'est un cadeau de ton père.
Ça va de mal en pis. Nicolas n'a jamais aimé porter quelque chose autour du cou. Et là, il semble presque tendu. Si c'est un cadeau de Victor, et qu'il va s'installer chez lui, c'est que tout va bien, non ? Alors pourquoi est-il sur la réserve ?
_ Tu me le montres ? » souris-je en tendant la main vers le tissu.
Mes doigts l'effleurent à peine, mais mon père a un mouvement de recul. Cependant, son geste brusque pour éloigner ma main fait bouger le tissu, laissant apparaitre une trace sur sa peau.
Prise d'une violente inquiétude, surtout face à ce refus de mon père de me laisser approcher, je fais une chose que je n'ai jamais faite, et encore moins sur lui : à contrecœur, j'use de ma force d'Alpha pour l'empêcher de s'éloigner et lui arrache le foulard.
Mais quand mes yeux se posent sur sa gorge alors que son regard fuit le mien, je lâche son bras de même que le tissu qui tombe à terre. Je reste une bonne minute sans voix, à le détailler : sur la fine peau claire de mon père, des traces de strangulation manuelles aux diverses nuances violacées s'étalent sur l'ensemble de son cou. Et, au milieu d'elles, une trace de morsure nacrée...
Mes yeux rencontrent finalement les siens, alors qu'il renoue autour de son cou marbré le foulard qu'il a récupéré au sol.
_ Il t'a marqué avant ou après ? » tente-je de contenir ma rage, les dents serrées.
_ Alina...
_ Non ! » l'interromps-je directement. « En fait, peu importe ! Je vais le tuer.
_ Mon ange, écoute-moi, s'il te plait ! » me supplie-t-il en s'accrochant à mon bras alors que je commence déjà à m'éloigner.
_ Non, Papa ! » crie-je au bord des larmes, tant la colère, la haine et la tristesse me submergent. « Ce qu'il t'a fait...
_ Je le voulais également, Alina !
_ Que... quoi ?
Il soupire.
_ Rentrons, tu veux ? Je n'ai pas envie d'étaler ma vie privée dans la rue.
Je le suis jusqu'à l'appartement où j'ai grandi. Plus rien ne reste à part des cartons, dont certains portent mon nom. Nous n'avons pas échangé un mot, et le silence persiste alors qu'il sort d'un carton de quoi nous faire du thé. Il m'indique d'un geste une pile de carton où m'assoir et me tend une tasse avant de prendre place face à moi.
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Mon Oméga T1 [Terminée]
General FictionAlors, je sais bien que les Omégaverses sont écrites sur les bases des YAOI... Mais j'ai eu envie de voir ce que ça pouvait donner si on appliquait cette société à un couple hétéro... Ensuite, ce n'est pas pour autant que toute les scènes (lemon) se...