Mon Oméga T1 [Terminée]

Chapitre 3 : Un Oméga ?

Lundi matin.

Comme prévu, j'arrive au bureau en avance pour finir le rapport que m'a demandé M River. Dans le calme absolu des locaux vides, j'avance rapidement et boule sans souci le dossier. Je l'imprime et le dépose tranquillement sur son bureau avant de me diriger vers la machine à café.

Mes collègues commencent à arriver, et beaucoup se joignent à moi avant de rejoindre leur poste. Certains n'ont pas encore fini de récupérer de leur weekend, d'autres sont fatigués d'avance : la plupart auront des stagiaires à charge cette semaine. Je vois d'ailleurs arriver au compte-goutte les nouvelles têtes derrière lesquelles il va falloir courir pour avoir des éléments convenables à la fin de leurs stages. J'affiche un regard de soutient à mes collègues : en tant qu'Oméga, on ne m'estime pas assez qualifiée pour superviser des stagiaires. Je suis donc libre comme l'air... Du moins, c'est ce que je me dis, jusqu'à ce que je vois mon patron arriver, et se précipiter dans son bureau dont il claque la porte violemment. Cette fois, ce sont mes collègues qui me regardent avec compassion.

Je soupire discrètement et rejoins mon poste. Une odeur étrangère flotte dans l'air, mais je ne m'en préoccupe pas, j'ai d'autres chats à fouetter pour aujourd'hui. Je récupère ce qu'il me faut – planning de la semaine, bloc-notes et stylo – et me dirige vers le bureau de M ''Grognon'' River. Je toque et appuie sur la poignée, mais la porte reste fermée, à mon grand étonnement : même en train de piquer une colère, je n'ai jamais vu Sébastien River verrouiller sa porte...

Je toque une nouvelle fois, et me penche sur la porte.

_ M River ? Est-ce que tout va bien ? » demande-je, un peu inquiète.

_ Foutez-moi le camp, Golder !

Génial ! Il est en mode super aimable... Je lève les yeux au ciel et retourne à mon bureau. De toute façon, j'ai suffisamment de travail pour ne pas avoir à m'occuper en plus des emportements de Monsieur. J'ai à peine le temps de m'assoir, que mon téléphone sonne : c'est lui. Je regarde l'appareil, interloquée : il ne m'a jamais appelé ; habituellement, il hurle mon nom et je le rejoins. En plus, il vient de me congédier... Je ne le comprendrais décidément jamais.

_ Oui, M River ? » réponds-je comme si de rien n'était.

_ Annulez tous mes rendez-vous. Et que personne ne vienne me déranger. Je ne suis là pour personne, et pour rien au monde ! J'ai été clair, Golder ?

Je suis assez surprise. Je l'ai déjà vu énervé, en retard, fiévreux, et pourtant, jamais il n'avait annulé la moindre entrevue. Et puis, il y a quelque chose dans sa voix...

_ Je vous fais ça tout de suite, M River. Mais... Vous êtes sûr que tout va bien ?

_ Faites votre boulot, Golder ! » crie-t-il dans l'appareil avant de me raccrocher au nez.

Je soupire, regarde le planning de la journée et commence à contacter les différents assistants pour recaler les rendez-vous à la semaine prochaine. Je repense à sa voix au téléphone, il semblait malade. Qu'est-ce qui peut bien le mettre dans un état pareil ? De la fièvre, peut-être ? Je hausse les épaules. Finalement, je m'en moque.

Une odeur me chatouille les narines, la même que tout à l'heure. Intriguée, j'inspire un peu plus profondément. C'est une douce odeur, quelque chose de sucré, presque suave. Pomme, cannelle, sucre de canne... Soudain, mon bas-ventre se tend, je sens une improbable chaleur s'emparer de moi et je comprends : il y a un Oméga en chaleur au bureau... Mais c'est impossible ! Je suis la seule ''Oméga'' de l'entreprise. A moins que ...

« Les stagiaires ! » pense-je, terrifiée. Il doit y avoir un Oméga parmi eux, et ce petit imbécile est venu malgré ses chaleurs ! Ce doit être pour ça que M River s'est enfermé, il a dû le sentir et a préféré s'enfermer plutôt que de prendre le risque d'agresser l'un d'eux. Mais moi, je ne peux pas m'enfermer... J'ouvre la fenêtre derrière moi, m'y penche et prends un grand bol d'air frais. J'inspire à plein poumons, et expire lentement pour reprendre le contrôle sur moi-même. Il faut dire que les phéromones qui flottent dans l'air sont particulièrement attirantes.