Epilogue (Risque de toi)

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Il savait qu'il le trouverait là. Devant son foutu microscope. A observer avec passion il ne savait quelle bactérie-à-la-mord-moi-le-nœud qui était censée le conduire au médicament qu'il était en train d'élaborer.

Comme à la fac, pensa-t-il avec un sourire narquois.

Comme quoi, les années peuvent passer, certaines choses ne changeraient jamais.

En effet, Thomas, puisque c'est bien lui dont il s'agit, était là, devant son engin de torture, totalement absorbé par ce qu'il observait. Le regard de Damien glissa sur le corps fin de son compagnon, remontant jusqu'à son visage concentré. Ses lunettes rectangulaires lui donnaient un air sérieux. Craquant décida-t-il. Quelques boucles rebelles recommençaient à tomber sur son front, signe qu'il retournerait bientôt chez le coiffeur. En effet, le biologiste avait décidé que sa coiffure d'angelot ne correspondait plus à l'homme d'une trentaine d'année qu'il était devenu. Damien avait râlé au début, mais il devait bien avouer que sa coupe courte avait aussi ses attraits. Immédiatement par exemple, il avait bien envie d'attaquer la fine nuque dégagée du scientifique. Ses yeux captèrent aussi l'éclat doré de l'anneau qui brillait autour de l'annulaire gauche de son partenaire, le faisant sourire plus que de raison.

Il n'arrivait pas à croire qu'il pouvait encore admirer avec autant d'ardeur cet homme qu'il fréquentait depuis maintenant plus d'une dizaine d'année. Il rougit. Et surtout que cela continuait à lui faire autant d'effet. Décidément, il ne se lasserait jamais d'observer son aimé dans son milieu naturel.

Soudain, l'intéressé releva la tête, comme tiré d'un rêve.

« Hé mais ! Qu'est-ce que tu fais là ? Sapé comme un prince en plus ? » demanda-t-il visiblement perturbé.

Et non, certaines choses ne changeraient vraiment jamais.

-      « Ne me dis pas que tu as oublié, se moqua Damien.

-      Euuuh, je... » balbutia le biologiste.

Mince, qu'avait-il ENCORE négligé ? Pour quelles raisons son mari se trouvait-il dans son laboratoire un jeudi ? Quelle heure était-il ? Et comment était-il censé réfléchir correctement alors que ses yeux ne pouvaient pas se détacher de cet intrus vraiment très élégant ?

Ce dernier s'approcha lentement, conscient de son pouvoir, ce qui brouilla encore plus la mémoire du biologiste. Quel jour était-on déjà ? Comment un regard pouvait-il être aussi efficace ? C'était injuste. Ses yeux noirs ne pouvaient pas se détacher de l'Apollon qui l'approchait toujours un peu plus. Apollon qui le saisit doucement par la taille en ricanant.

« J'aime vraiment trop cet air concentré » souffla-t-il tendrement avant de poser un petit bisou sur les lèvres immobiles de son partenaire.

« Attends » grogna Thomas, mécontent de ne pas se souvenir. Et terriblement frustré de devoir essayer de retrouver la mémoire pour se laisser aller à ce genre de contacts franchement agréables.

C'était sans compter sur son partenaire qui était d'humeur taquine :

-      « Il faut parfois renoncer tu sais. On ne peut pas toujours gagner, cowboy. Il y a des choses que tu n'arriveras jamais à faire.

-      Comme quoi par exemple ? marmonna l'autre excédé.

-      Trouver quelqu'un qui t'aime plus que moi. » répondit-il au tac-au-tac en reposant ses lèvres sur celles du biologiste interloqué.

Cette fois, Thomas se laissa aller, répondant doucement à la pression qu'exerçait son compagnon. Son aimé. Son mari. Oh bordel.

« JE SAIS !!! », cria-t-il en se séparant violemment de son partenaire. « C'est  notre anniversaire de mariage et je... »

Risque de toi  {Terraink}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant