Brusquement, je posais les mains sur son torse et le repoussais aussi fortement que je le pus. Surpris- il ne s'attendait sûrement pas à ça- il recula de quelques pas et me fixa, l'air de ne pas comprendre ce qu'il se passait. Il me regardait comme si je venais de faire une faute irréparable, comme si j'avais commis le pire en le repoussant. Mais je m'en fichais. Ce que je ressentais, la colère qui bouillonnait au fond de mon ventre était plus grande que n'importe quel ressentiment qu'il pouvait ressentir à ce moment-là. C'est pour ça que j'ai décidé que je devais partir. Je ne voulais plus le voir, lui le garçon qui a volé mon premier baiser juste après qu'il m'ait trompée et menti. Lui, le garçon qui changeait de petite amie sans réfléchir une seule seconde aux cœurs brisés qu'il laissait derrière son passage. Le garçon qui n'avait rien à faire des sentiments des autres, qui se contentait de prendre sans rien donner en retour. Comment pouvais-je encore rester là, avec ce garçon. Comment puis-je seulement avoir cru- ne serais-ce qu'une seconde- que c'était différent avec moi, qu'il ressentait quelque chose à mon égard. Comment avais-je pu oublier qui il était vraiment? Comment? La vérité se présenta à moi aussi simplement : je suis une idiote. Voilà. Idiote d'être tombée dans son piège. Maintenant, tout ce qu'Il me restait à faire, c'est d'aller chez moi, de prendre un bon bain chaud, et de commencer à étudier, étudier et étudier. Oui, j'allais entrer à la meilleure université des États-Unis. Oui, j'allais être déléguée du niveau. Plus rien ne m'arrêtera, plus rien ne se mettra dans mon chemin.
-Lucy, attends!
Je sentis sa main prendre la mienne d'un geste brusque. Il me tira en arrière, me fit tournoyer jusqu'à ce que je me retrouve collée contre lui. Décidant d'ignorer mon stupide pauvre petit cœur qui commençait une course effrénée qui ne me plaisait pas, mais alors pas du tout, je lui lançais un regard mauvais, où du moins j'espère qu'il était mauvais- car c'est assez dur d'assassiner quelqu'un du regard quand ton mascara a coulé et a laissé des longues traces noires sur tes joues, te faisant ressembler à un panda trop mignon et qui ne veut pas faire du mal à quelqu'un.
-Lâche-moi, soufflais-je.
-Non, pas avant que tu ne m'es expliqué pourquoi tu as fait ça.
Son visage était à quelques centimètres du mien. Je pouvais sentir son souffle chaud caresser mes joues, et pendant quelques instants, je me sentis déstabilisée, terriblement déstabilisée. Je fermais les yeux, cependant, et j'arrivais de nouveau à me concentrer.
-Celui qui doit expliquer des choses ici, c'est plutôt toi, Natsu. Pourquoi tu m'as embrassée?
J'ouvris les yeux et je vis un petit sourire flotter sur ses lèvres.
-Parce que j'en avais envie.
Parce qu'il en avait envie. C'était la pire réponse de tous les temps, ça c'était clair. Il était tellement capricieux, tellement enfant gâté! Il fait les choses comment ça lui plait, quand ça lui plait. Et c'est sans doute pour ça que je ne lui pardonnerais jamais ce baiser.
-Maintenant à toi : pourquoi tu m'as repoussé?
-Parce que j'en avais envie.
Lentement, je sentis un sourire espiègle se dessiner sur mon visage, tandis que lui il me renvoyait un regard interrogateur.
-Mais je ne comprends pas...d'habitude, quand j'embrasse une fille, elle ne me repousse jamais. Alors pourquoi toi...
Oui, c'était officiellement Monsieur Narcissique.
-Parce que, mon cher Natsu Dragnir, je n'aime pas qu'on m'embrasse sous un arbre, quand il pleut. Et je n'aime pas non plus être embrassée par une personne qui m'a menti il y a quelques minutes!
-Je t'ai dit que je n'avais pas le choix!
-Si, tu l'avais, tu aurais pu me dire la vérité! Et puis, qu'est-ce que ça te ferait, si je ne venais pas! Pour toi, je ne suis qu'une fille, parmi tant d'autres. Tu t'en fous de ce que je ressens. Tu t'en fous de me blesser, tant que tu peux y trouver quelque chose! Tu fais tout pour arriver à tes fins, mais parfois, ça peux arriver que tu dépasse les bornes!!, criais-je cette dernière phrase.
-Tu te trompes...
-Ah oui? Ce n'est pas toi, le fameux garçon qui embrasse et drague tout ce qui bouge?! Qui sort avec dix filles en même temps? Ce n'est pas toi, Natsu?!
-Eh bien pas avec dix filles mais...
-Écoute-moi bien, pinky, je m'en fous de tout ça. Tout ce que je veux, c'est que tu restes loin de moi. Je ne veux plus que tu m'harcèles sexuellement. Je ne veux plus que tu t'approches de moi, je ne veux plus que tu me touches, regardes, ou seulement prononces mon nom. Dès cet instant, pour toi et moi nous ne sommes rien. Nous sommes juste des inconnus. Il ne s'est rien passé. Et il ne se passera pas davantage. Je vais continuer mes études, et tu vas retourner à ta vie douillette. D'accord?
-Tu es sûre que c'est ce que tu veux?
-Absolument.
Son regard sombre se posa sur moi, et je dus faire violence pour ne pas me laisser hypnotiser par ses yeux verts, par ses cheveux roses. Je mourais d'envie de passer une main dans ses mèches mouillées et de les écarter de son front. Mais ma conscience me dictait de ne rien faire, de ne pas bouger, de ne pas lui montrer à quel point je suis partagée entre ce que mon cœur me disait de faire, et ce que ma tête me disait de faire. Je ne pouvais pas choisir entre les deux, car je ne voulais pas être une idiote amoureuse ou une intello sans cœur. Tout ce que je pouvais faire, c'est de trouver le bon milieu, le juste entre les deux parties.
-Je n'ai pas envie de te laisser partir, pourtant, Luce, murmura-t-il.
Il effleura mon visage doucement, d'une tendresse que je n'aurais jamais cru pouvoir lire dans son regard un jour.
-Je n'ai pas envie de te regarder partir, et de rester seul ici avec un sentiment amer dans la bouche.
-Natsu...
-Je t'ai menti, c'est vrai, et ensuite je t'ai volé un baiser, mais crois-moi, tu es la seule fille que je mourais d'embrasser depuis de lustres. Depuis notre première vraie discussion, sur ce toit.
Je le fixais, embarrassée. Qu'étais-je sensée répondre à ça? Je n'avais absolument aucune expérience en matière de garçon, je n'ai jamais eu de petit ami, et par conséquent je ne savais vraiment pas comment gérer ce genre de situation. Je savais que je devais me fier à ce que mon cœur me disait, mais ma conscience me disait de ne pas lui céder aussi facilement. Encore une fois, je me trouvais partagée, et j'avais l'impression d'avoir perdu mon chemin, aveuglée par quelque chose d'insignifiant. J'aurais aimé pouvoir partir, mais Natsu ne semblait pas décidé à me laisser tranquille.
-Je sais ce que tu penses : je suis un play-boy, c'est vrai, mais crois-moi, si tu ne m'intéressais pas vraiment, je n'aurais pas fait autant d'effort pour te rattraper sous la pluie et je t'aurais sûrement déjà laissé partir.
-Je...je t'intéresse?
-Tu ne sais même pas à quel point tu me plais, Lucy Heartfilia.
Il me fixa, sérieux.
Il n'en fallut pas plus pour que mon petit cœur commence à bondir joyeusement dans ma poitrine, pour que le sang ne monte à mes joues et pour me sentir défaillir. Toute ma colère s'était envolée. Je n'entendais plus, je ne voyais plus rien, à part nous deux, dans un monde à part, un monde sans conflit, ni problèmes.
Oui, j'étais naïve, et j'étais, pour tout dire, terrifiée. C'était la première fois que je ressentais un sentiment pareil, un sentiment qui me donnait envie de pleurer et de rire, qui me pinçait le cœur et qui me blessait horriblement, mais la douleur que je ressentais au creux de ma poitrine était vite remplacée par la boule de feu qui s'était formée dans mon ventre. Ce sentiment n'était ni plaisant, ni déplaisant. Il paraissait tout fragile, mais je savais qu'il était, en même temps très fort. Capable de traverser toutes les tempêtes imaginables tant que je suis avec lui.
-Lucy, est-ce que tu...ressens la même chose que moi?
Il me le demanda avec une pointe d'inquiétude dans le regard.
Je le fixais. J'étais pétrifiée. J'avais peur. Et en même temps, je n'avais pas peur. Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait. J'étais terrorisée à l'idée de faire des fautes. Et j'étais terrorisée à l'idée de miser trop, et d'au final trop perdre. Ma raison me disait de ne pas me laisser emporter par mes émotions. Ce sentiment était destructeur. Il était comme une tornade qui ravageait tout sur son passage. Et j'avais peur de m'approcher de cette tornade de laisser ses vents me scier en deux, me briser, me faire du mal. Oui j'avais peur, peur, peur. Mais je ne voulais pas qu'Il pense que je ne ressentais rien. Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait, certes, mais l'idée de le perdre, car je sais que c'est à ce moment-là que je serais anéantie, brisée.
-Natsu, je...ne comprends pas ce qui m'arrive..., chuchotais-je.
Il ne me lâchait pas du regard, ne cillait pas.
Des larmes brûlantes montèrent dans mes yeux, je les sentais couler rapidement sur mes joues, allant se mélanger aux goûtes de pluie.
-Tu...ne m'aimes pas?, demanda-t-il d'une voix hésitante.
-Non, ce n'est pas ça, je...
-Lucy, pourquoi faire compliqué? Tu m'aimes, oui ou non?
Pourquoi semblait-il aussi impatient, tout d'un coup?
-Je...
-Oui ou non?
Je ne comprenais plus rien.
-Pourquoi tu sembles si pressé, tout d'un coup?
Quelque chose clochait.
-Réponds simplement à la question.
Je reculais. Essuyais mes larmes pour mieux le voir. Ses yeux évitaient les miens. Oui, quelque chose clochait définitivement.
-Non. Je ne...t'aime pas.
Ces mots...ce mensonge...me firent l'effet d'une claque.
Je ne pouvais pas répondre à cette question, même si elle était assez simple en apparence, tant que je n'étais pas sûre de savoir ce qui clochait dans cette histoire.
Natsu me fixa sans rien dire, puis esquissa un sourire triste.
-Je suppose que c'est mieux ainsi.
Sur ces mots, il me tourna le dos et je le vis s'éloigner, partir loin de moi, me laissant derrière lui avec un sentiment profond de...vide. J'avais l'impression que tous mes sentiments avaient disparu, que toutes mes sensations m'avaient désertée. J'étais seule. Un point c'est tout.
-Je suppose que c'est mieux ainsi.
Murmurais-je en faisant volte-face.
J'étais désormais...neutre.
Levy-chan et moi avons loué un appartement il y a deux années de cela. Avec deux chambres, deux salles de bains, cet appartement était parfait pour deux adolescentes. Pas très grand, il offrait une vue sur le fameux parc de Magnolia, et cela avait valu le grand plus dans nos critères de l'appartement idéal.
Je montais les quelques marches qui me séparaient du hall d'entrée et je me figeais.
Devant moi se tenaient Levy-chan ainsi qu'une espèce de punk aux longs cheveux noirs. Ils s'embrassaient. Devant moi.
-Levy...chan?
Effrayés, ils se séparèrent et me fixèrent, étonnés de me retrouver là. Ma meilleure amie s'approcha de moi en sautillant et me prit dans ses bras, m'enlaçant de toutes ses forces.
-Lucy, je sais ce qu'il s'est passé! Je suis tellement, tellement désolée pour toi! On dirait que tu as beaucoup pleuré..., murmura-t-elle en inspectant mon visage.
-Euh...ouais...
-Ce bâtard payera pour ce qu'il a fait, crois-moi, Lucy!
-Ouais. Comment tu sais ce qu'il s'est passé?
Levy fit semblant de réfléchir avant de me faire un clin d'œil.
-Tu te rappelle de l'oiseau qui m'a dit pour ton rendez-vous? C'était Rin!
-Ah...ah bon?
Rin nous espionnait, alors? Cette fille n'avait vraiment rien à faire de sa vie...
-Oui, et elle a décidé de faire un complot contre Valérie!
Le petit chien se rebellait contre son maître? Ça promet d'être intéressant...!
-Mais pourquoi...
-Parce que cette petite garce croit pouvoir faire comme chez elle ici. Et crois-moi, son règne sur le lycée promet d'être fort intéressant...
Levy-chan me fit un clin d'œil et pour la première fois depuis le début de cette soirée très étrange, je me sentis sourire. Oui, le règne de Valérie sur Fairy Hills promet d'être fort intéressant!
Du coin de l'œil, je vis le punk qui embrassait ma meilleure amie il y a quelques instants, se diriger vers nous d'un air agacé.
-Levy, je rentre chez moi.
-D'accord, Gadjil, on se voit demain! Merci de m'avoir raccompagnée. Cette soirée fut vraiment très belle.
La bleue lui fit un petit signe avant de m'entraîner vers les ascenseurs.
-C'est un de tes petites amis?, demandais-je.
-Oui, Il s'appelle Gadjil.
-Comment tu fais pour te trouver des amoureux pareils?
-Oh, tu sais, c'est une personne très attentionnée. Il a réglé son compte à mon ex.
-Celui qui t'a frappée?
-Oui.
Levy me fit face et me fixa, les yeux brillants. C'était la première fois que je la voyais aussi...heureuse. Elle
irradiait de bonheur.
-Je crois, Lucy, qu'Il me plait beaucoup.
-Dans ce cas, je suis contente pour toi.
Nous nous sourîmes et entrâmes dans notre appartement, en découvrant, non sans surprise, ma sœur allongée contre le canapé, un bol de chips à la main, en train de regarder la télé. Elle me fixa, de ce regard moqueur dont elle seule en avait le don.
Ton règne ne durera plus très longtemps, Val, songeais-je en allant dans ma chambre.
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Le jour où nos chemins se sont croisés
FanficPour faire simple, je ne vais dire qu'un mot: Pluie. Une pluie chaude, le genre d'averse qui arrive à la fin de l'été et qui annonce l'automne. Le genre de pluie qui commence sans prévenir, spontanément, avant de se terminer presque aussitôt. Et tou...