Chapitre 21

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Chapitre 21

 «Je m'agite dans ce dilemme : être moral ; être sincère. »- André Gide

Lucy Heartfilia

Lorsque je rentrais à la maison, le majordome de mon père vint m’aborder, me donner un message, un mot que mon paternel semblait être bien trop occupé, ou qu’il considérait comme trop anodin, pour venir me le remettre lui-même. Petit, discret et abordant une touffe de cheveux noirs bouclés, le jeune homme sourit, ou plutôt tenta de sourire, avant qu’il ne lance, mal à l’aise :

-Mademoiselle Lucy, votre père m’a chargé de vous annoncer qu’il vous avait finalement inscrite dans le lycée privé Jean-de-Brébeuf. Vous allez commencer les cours ce lundi.

J’ouvris la bouche, hésitant entre l’incrédulité et la surprise, le choc faisant sursauter mon cœur et donnant une certaine teinte rougeâtre à mes joues, me faisant détourner le regard et froncer les sourcils. Je pinçais les lèvres et plissais les yeux, soufflais légèrement, soupirais, fermais mes paupières et me résignais à répondre, en remarquant l’air intrigué qu’abordait le serviteur.

-Eh bien…, commençais-je avant de m’arrêter, ne sachant réellement quoi dire, quoi rétorquer, quoi faire exactement.

Comment étais-je sensée réagir ? Devais-je paraître reconnaissante envers mon si charmant paternel qui n’a même pas prit la peine de voir son unique fille ? Devrais-je faire semblant d’être heureuse de me retrouver là, d’approuver cette décision et de me résigner, alors que tout mon être, tout mon esprit hurlait l’incrédulité, le choc, la surprise et surtout, surtout l’indignation ? Mais pourquoi être aussi révoltée, pourquoi lui en vouloir tant, pourquoi être si surprise alors que j’aurais du m’y attendre ? Après tout, j’étais Lucy Heartfilia, la riche fille héritière de Jude Heartfilia, la chanceuse, celle qu’on envie le plus, celle qui peut tout avoir d’un simple claquement de doigts…mon père ne m’aurait jamais laissée ainsi, n’aurait jamais interrompu mes études de la sorte. Et bien évidement, puisque je n’allais plus à Fairy Hills, j’étais inscrite dans un nouveau Lycée, meilleur, plus grand et plus beau, sans doute. Plus distingué. Digne de la fille du Jude Heartfilia.

J’aurais du m’y attendre. C’était mon père tout craché, ça; tout pour sauver les apparences.

J’aurais du m’y attendre. Alors pourquoi ressentais-je ce subit regret, tout à coup ?

Ce n’est pas comme si Fairy Hills allait me manquer. Ce n’est pas comme si ces deux années avaient été suffisantes pour s’encrer dans mes membres et dans mon esprit, ce n’est pas comme si j’avais toujours été heureuse, pas comme si je suis toujours allée là avec le sourire aux lèvres. Pas comme s’il me manquait.

Alors pourquoi ce sentiment de regret ?

-Mademoiselle Lucy ?

-Comment mon père a-t-il fait pour m’inscrire dans une école privée à ce moment de l’année ?

-Il a fait jouer ses relations, mademoiselle, répondit rapidement le serviteur, un peu sèchement et froidement.

Sans doute était-t-il pressé de s’enfuir, de partir, de se cacher, ayant des choses beaucoup plus importantes à faire plus urgentes à régler, et qu’il me trouvait ridicule de lui faire perdre autant de temps pour une telle futilité.

-Merci de m’en avoir informé, tu peux partir maintenant.

Il ne se fit pas prier et tourna rapidement les talons, me laissant seule dans le grand vestibule, entourée par quelques meubles et une statue géante de ma mère, froide et immobile, observant tout à travers ses yeux blancs, écoutant toutes les conversations mais ne participant jamais. Un vague sourire éclairait ses lèvres, comme si l’artiste qui l’avait crée avait voulu la rendre plus chaleureuse, plus humaine, mais pour moi elle était effrayante, insupportable, étrange et magnifique…et pourtant ceci n’enlevait pas la peine que je ressentais lorsque je restais ainsi et la regardais.

Le jour où nos chemins se sont croisés Où les histoires vivent. Découvrez maintenant