Chapitre 17

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«Nous sous-estimons souvent le pouvoir d'un contact, d'un sourire, d'un mot gentil, d'une oreille attentive, d'un compliment sincère ou de la moindre attention; ils ont tous le pouvoir de changer une vie»

– Leo Buscaglia

Cela faisait désormais deux semaines que Levy était à l'hôpital.

 Deux semaines de tristesse, de peine, de colère. De honte.

 Deux semaines pendant lesquelles je n'ai fait que me cacher, me cacher du monde extérieur, me cacher dans mon armure, me cacher derrière ma coquille. Deux semaines pendant lesquelles j'ai refusé de sortir de chez moi, j'ai refusé de parler à quiconque, j'ai refusé de sortir et d'aller affronter les regards inquiets et inquisiteurs de mes amis. Je ne voulais pas les entendre me demander les ''pourquoi'' qui brûlaient dans leurs yeux, je ne voulais pas répondre au ''comment?'' qui fusaient dans mon dos. Je ne voulais pas aller à l'hôpital et parler à ma meilleure amie, parler à cette personne qui a trahi ma confiance, parler à cette fille qui n'attendait qu'un pardon que je ne pourrais pas lui donner. Et pourtant, je voulais la voir. Je voulais savoir si elle allait bien. Voulais savoir quand elle sortira de l'hôpital. Voulais m'excuser.

  Mais je n'ai rien fait. J'ai tout simplement ignoré les appels de Gadjil, ignoré ma sœur, ignoré mes amies, ignoré le monde qui m'entourait parce que j'ai préféré me noyer dans ma culpabilité, dans ma peur, dans ma tristesse, dans ma colère. Je me suis noyée dans cette eau noire qui représentait si bien ma vie, je me suis noyée dans l'alcool que Loki m'apportait de temps en temps, me suis noyée dans mes larmes et dans les films tristes, me suis noyée et je n'ai pas cherché à remonter.

   Parce que j'avais enfin touché le fond.

   Parce que j'avais marre d'essayer de faire quelque chose de bien alors que tout finissait quand même par s'écrouler.

   Parce que c'était beaucoup plus facile de faire semblant que plus personne n'existe et qu'on est seuls au monde plutôt que de chercher à regarder autour de soi et d'essayer de remonter à la surface.

   Parce que c'était comme ça. J'avais fini de toujours essayer de me battre alors que la bataille était gagnée d'avance.

Valérie Heartfilia

 

  Brusquement, j'ouvre la porte de la chambre de Lucy.

   Je plisse le nez en tentant d'ignorer les effluves amères de l'alcool qui empestent dans la chambre, en tentant de ne pas voir les nombreuses bouteilles de bière qui jonchent le sol; sans grand succès. Trébuchant sur l'une d'entre elles, je me relève en pestant et fusille ma petite sœur du regard avant de lancer, l'agacement se faisant entendre dans ma voix vibrant dans la chambre qui semblait si désolée :

   -Tu n'es pas encore allée au lycée.

   Ce n'était pas une question, mais plutôt une remarque. Un reproche. Une phrase que j'avais essayé de jeter négligemment à la figure de cette fille aux cheveux blonds emmêlés et aux longues traînées de mascara qui décoraient ses joues, à cette sœur qui refusait de sortir de son monde et de cesser de toujours se morfondre, qui ne voulait même pas savoir comment allait sa meilleure amie. À cette fille qui était désormais totalement pathétique. Tout ça pour un cœur brisé et une amie qui devra sortir de l'hôpital en quelques jours!

   Lucy haussa les épaules. Elle refusa de me regarder et se pencha pour prendre une bouteille de whisky qui était cachée sous son lit.

    -Quoi, maintenant tu t'inquiètes...pour moi?, demanda-t-elle en buvant une gorgée de cet alcool qu'elle détestait, cet alcool qui la fit grimacer et retomber sur son matelas, fixant avec lassitude le plafond blanc de sa chambre alors que le sommeil commençait à l'emporter.

Le jour où nos chemins se sont croisés Où les histoires vivent. Découvrez maintenant