Chapitre 1

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Ce type toujours silencieux, Styles. Louis le détestait. Son regard était perçant et intense, décontenançant, toujours rivé sur lui. Il ne l'avait pas remarqué à première vue mais c'était pour ça que tout les codétenus rôdaient autour de lui, sans tenter quoi que ce soit. Ils se tenaient tous à une distance raisonnable.

La prison. Comment avait t-il pu finir dans ce putain de trou?
Il était juste un petit voleur. D'accord, il était plus que ça, il avait volé dans plusieurs maisons et plusieurs bâtiments sans se faire attraper par un seul des occupants. Pourtant il avait bien fini par se faire attrapé et jeté au trou, non ? Malgré ça il aimait penser qu'il était une sorte de Robin des bois de sa génération (à part pour la charité, car il incarnait déjà la pauvreté à lui seul). Il n'avait jamais blessé une seule personne de sa vie, il était donc quasiment sûr de ne pas mériter une telle peine.

L'enfance de Louis avait été rude, elle l'avait forgé et préparé à devenir ce qu'il était aujourd'hui, ce que son beau-père aurait appelé une jeune brute. Ouais, ouais. Il ne cherchait pas la pitié des gens, seulement la reconnaissance qu'il était un jeune homme de vingt-six ans qui avait volé pratiquement toute sa vie entière dans le but de subvenir aux besoins de sa famille, il n'avait donc aucun regrets à cette pensée. Est-ce qu'il aurait voulu faire ça toute sa vie ? Peut-être bien. Mais c'était fini, maintenant. Il était en prison. Et putain, il n'aurait jamais imaginé y être un jour.

Depuis que le juge avait déclaré sa peine et qu'il fût emmené dans sa cellule, il sentait les regards chargés de sens des codétenus sur lui. Louis était loin d'être bête. Bien-sûr qu'il savait ce qu'ils voulaient. Certains étaient là depuis un quart de siècle et ne pensaient qu'à se soulager, peu importe le sexe ou la sexualité. Il savait que dans ce genre de prison, c'était la loi du plus fort. Soit l'on dominait et se faisait respecter, soit l'on se faisait dominer par quelqu'un, ou par tout le monde. Et il savait pertinemment qu'il n'était pas assez masculin ou fort pour asseoir son autorité, avec sa longue frange et ses doux yeux bleus soulignés par de cils épais.
La première semaine était la pire qu'il ait pu connaître de toute sa vie.
Il avait constamment la boule au ventre, était constamment tendu. Il les sentaient rôder comme des vautours et il restait impuissant, ne pouvant qu'attendre. C'était tellement la merde. Avait t-il réellement le choix ? Croyait t-il que les gardes en avaient quelque chose à foutre ? Non, évidemment, pensa t-il amèrement. Il pouvait même parier que les gardes, entre eux, s'amusaient de sa situation en pariant sur le prochain détenu qui arrivera enfin à mettre joli cul sur ses genoux. Il voyait leurs regards et l'étincelle sournoise derrière. Il voyait leurs sourires en coin quand un détenu s'approchait dangereusement de lui.
Pourtant personne ne l'avait trop embêté de la semaine, et quand elle se termina, il se sentit en même temps confus et soulagé. Toutefois, le soulagement ne dura pas longtemps quand il devina la raison derrière tout ça. Le fait était qu'à chaque fois qu'un des détenus s'approchait trop près de son espace vitale, il allait immédiatement être repéré et fusillé du regard par Styles, le détenu qui partageait sa cellule. Ça l'énervait d'un côté, mais de l'autre ça pouvait presque le faire trembler de gratitude. Gratitude qu'il s'efforçait de ne pas montrer à Styles, de peur de lui devoir quelque chose par la suite. Qui était ce putain de type ?

Il ne savait pas à quoi s'attendre avec lui.
Styles se suffisait à lui-même; n'adressant aucunement la parole à quiconque, restant poli devant les gardes. Louis ressentait une étrange sensation quand il le regardait. Il y avait quelque chose qui ne collait pas dans sa personnalité. Il y avait une sorte de lueur folle dans son regard, et un calme bien trop grand qui ne conviendrait à personne. Louis remarqua d'ailleurs très rapidement que son partenaire de cellule ne semblait pas faire partie du jeu vicieux de la loi du plus fort. Dans certaines circonstances, Louis aurait pu pensé que Styles ferait la proie de quelqu'un ici dans la prison, avec ses longues et fine jambes, ces grandes boucles, féminines, retombant droit dans son cou et ses hanches minces. La moitié des hommes ici faisaient deux fois son poids. Styles aurait pu finir comme Louis, de l'autre côté de la balance; mais pour une mystérieuse raison il semblait survivre en solitaire. Encore plus déstabilisant, il avait remarqué le comportement changeant des prisonniers quand Styles marchait devant eux : ils chuchotaient entre eux, rentraient presque la tête dans le cou. Il y avait quelque chose chez Styles, un air hautain, une sorte d'emprise sur eux. Louis pouvait même sentir à quel point sa nuque brûlait quand le regard de Styles s'échouait sur lui, tout le temps, d'une façon presque maniaque. Ce fait avait dû faire frissonner Louis de peur plus d'une fois. Styles était juste différent.

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