Chapitre 5

1.5K 97 2
                                    

Être intégré dans la mystérieuse réunion de Styles ne fût pas une tâche aussi ardue qu'il ne le croyait.

En seulement deux jours il y était parvenu, ayant eu vent du recrutement d'un certain Dr. Borland. Il n'avait eu donc plus qu'à prétendre face à lui d'avoir vécu une enfance horrible et en avoir des pensées suicidaires, le jour où sa requête de voir le docteur seul à seul avait été approuvée. Il avait été ébahi de voir que l'homme avait gobé tout ses mensonges. Ou peut-être qu'il était très bon acteur ? Toutefois, il était triste de constater que clairement, le niveau de compétences du personnels étaient au plus bas dans la prison. Qu'il n'avait -lui- pas besoin de soin psychiatrique était un fait. Mais que des personnes comme Styles soient carrément livrées à elles-mêmes, sans suivi psychologique, était vraiment révoltant.

Car oui, parler avec le Dr. Borland ne l'avait totalement rien apporté. D'ailleurs c'était à peine si l'homme avait écouté ses déblatérations. Il aurait pu au moins faire mine de s'intéresser à ce qu'il lui racontait, quand bien même il s'agissait d'un ramassis de mensonges. Il ressentit un pincement au cœur en pensant à ce que Styles devait endurer deux fois par semaines. Un soutien psychiatrique aussi vide qu'inexistant. Le système entier était pourri, écartant Styles de toutes possibilités de rétablissement. Plus généralement, lorsque l'on finissait en prison, plus personne ne se fichait de nous, de notre vie, de notre santé. On entrait dans la sphère des déchus de la société.
Le Dr. Borland lui suggéra donc, à la fin de leur rencontre, de rejoindre le groupe qu'il menait tout les mardis et jeudis. Louis acquiesça poliment, le remercia en sortant le plus rapidement qu'il le pouvait, craintif à l'idée d'un changement d'avis soudain.

                                                                                            ***      
                                                                                                                                                                     
Il n'y eût aucun changement dans le comportement de Styles lorsque Louis le suivi le mardi suivant à sa réunion.

Ce genre de non-réaction de sa part, assez fréquentes, lui faisait se questionner sur sa capacité mentale à prendre conscience des choses qui l'entouraient. Rien ne semblaient le toucher, c'était comme s'il n'était qu'un simple spectateur de sa vie. Bien sûr, son éternel regard continuait à suivre Louis, mais il ne pouvait clairement affirmer qu'il le voyait réellement. Et sa manière de circuler de place en place avec son masque de sérénité scotché à son visage lui donnait l'impression de ne jamais être présent -ironiquement- nul part. Cependant il y avait quelque chose dans son comportement, le jour de la mort de Bianchi, qui avait totalement inquiéter Louis. Styles avait cet air.. -putain, il n'avait même pas les mots pour convenablement l'exprimer. Il avait semblé possédé. Louis avait ressenti une présence différente à travers le couloir -une situation parfaitement maîtrisée pour ce qu'il en était. Des yeux brillants de fascination. Un demi-sourire, comme pour refléter de la fierté. Il frémit à cette pensée.

"Bien, que tout le monde s'installe. Nous allons attendre quelques minutes de plus. Je vois qu'il nous reste encore deux trois chaises vides." annonça le Dr. Borland d'une voix claire.

Louis établi un bref contact visuel avec le docteur, hochant la tête de reconnaissance avant de détourner le regard. Il était clair que sa présence ici devait connoter une participation qu'il devait être capable de fournir. C'était plus simple à penser qu'à faire. Il jeta un coup d'œil à tout ses codétenus rassemblés en demi-cercle dans la pièce. Il reconnu quelques têtes familières, et compta environ douze prisonniers.

Le docteur se leva et se présenta. "Je suis le Docteur Borland. Je remplace le Docteur Samuels depuis peu. J'ai 47 ans, une femme et deux beaux enfants. Une fille et un garçon. Je vais donc mener ces réunions fixées à deux fois par semaine avec vous et pour vous. Pour commencer, j'aimerais faire l'appel pour m'assurer que tout le monde est bien présent, car pour certains d'entre vous ces réunions sont facultatives."

Prison Universe Où les histoires vivent. Découvrez maintenant