Chapitre 15

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Il se remit partiellement de ses blessures pendant la nuit. Au petit matin, la marque sombre de la cicatrice autour de ses côtes le tiraillait toujours un peu, rendant sa respiration difficile, mais il en était arrivé à être totalement habitué à la sensation de douleur, ce qui réduisait l'impression de recevoir cinq coups de couteaux en inspirant.

Des flash-backs de la nuit d'hier traversèrent son esprit. Il se sentait un peu mal à l'aise, du fait qu'il avait balancé Sellick à Harry. Il savait que rien ne lui arriverait de bon et qu'il le mériterait, mais..il ne pouvait pas ne pas tenir compte du sentiment de culpabilité et de satisfaction qui troublaient ses pensées. Il était partagé entre les deux, et même s'il voulait en faire taire un, l'autre allait vite faire de revenir obstruer son esprit. Il lâcha un lourd soupir.

Il était dans la délicate position de défense -où du soumis appelant à être défendu, peu importe comment cela était appelé dans cette prison. Et il détestait ça. Il détestait avoir recourt à une tierce personne pour sa défense. C'était dur pour lui de sentir qu'il en était arrivé à là, à perdre toute once de masculinité au profit d'Harry.

Et ce qui était d'autant plus dur à s'avouer était le fait de savoir qu'au fond de lui, il n'avait pas pût s'empêcher de dévoiler le nom à Harry. Pas parce qu'il n'aurait pas pût le refuser. Mais surtout parce qu'il avait ressentit qu'il en avait le besoin. Oui, il avait besoin de la protection de quelqu'un ici. Et si les événements de la semaine passée n'aurait pas aidé à ce que son putain de dominant revienne -rien ne l'aurait fait. Alors quelque part, c'était peut-être une bonne chose d'être blessé.
En être conscient et l'accepter n'eût pas l'effet auquel il s'attendait. Il était vrai que des mois plus tôt, il aurait eût l'envie de vomir toutes ses tripes, dégoûté d'avoir autant besoin qu'on le protège; mais à ce moment précis, il ressentait l'exacte opposé. À sa propre surprise il avait ressentit un sentiment de puissance en trahissant le nom de Sellick à Harry -son dominant. Il avait été exalté de voir qu'il ne suffisait que de murmurer un seul nom pour que ses assaillants en pâtissent. C'était ça, la vraie arme d'un soumis.
La satisfaction qu'il sentait pointer dans ses veines lui fit esquisser un sourire en coin. D'une certaine manière, il était content qu'Harry fasse payer ce salopard.
Peut-être que la situation d'hier y avait largement contribué. Harry, si ça se trouvait, avait également besoin de trouver ce que pourrait lui faire gagner le deal en retour. L'aide qu'il lui avait procuré hier dans les couloirs, le ramenant in extremis hors de sa transe lui avait sûrement permis de reconsidérer la demande de protection de Louis. Auquel cas il ne l'aurait jamais fait. Non ?

Mais rien ne résolvait tout les problèmes que subissait Louis dans la prison. Par exemple, il se trouvait actuellement dans le boudoir; et un étrange mec était en train de l'observer tout en léchant ses lippes d'une manière provocante. Louis soupira. Il n'aurait pas dû quitter sa cellule aujourd'hui. Sauf qu'au fond de lui, il savait qu'il l'avait quitter pour entendre en avant-première ce qui allait se dire de Sellick.

Il y avait une masse conséquente de ces codétenus dans la pièce, au point que Louis devait se serrer à l'extrémité du canapé pour pouvoir regarder la télévision. Elle diffusait actuellement une chaîne de cuisine -bien évidemment une chaîne gratuite- considérant que Warden ne payerait pas un sou pour leurs détenus.

Louis fût emporté dans les bavardages de la femme à la télé, qui faisait une sorte de tarte au picodon, et il participa même à rire à certaines des remarques ou plaintes de ses codétenus sur la bouffe qu'ils devaient endurer en prison. Ce qu'il lui fit penser à ce qu'il aimerait manger une fois dehors. Ou, généralement, à penser à sa vie hors prison.

La réalité était aussi claire que de l'eau de roche pour lui. Le système de justice avait complètement accompli son putain de travail. Parce que lorsqu'il sortira d'ici, il n'y avait pas moyen qu'il revienne au trou. Il devra alors apprendre à vivre sans cambrioler et se trouver un vrai job pour quelqu'un de son âge.

Tout en observant l'écran, il laissa ses pensées se diriger vers sa famille, ses petites sœurs et son petit frère, se demander comment ils s'en sortaient sans lui. Même quand il n'était pas en prison, il ne les voyaient pas souvent; préférant les observer de part le grillage de leurs écoles, collège ou lycée, prenant soin d'eux par distance, ne voulant aucunement les inclure dans ses problèmes. Non, il préférait seulement remplir des enveloppes d'argent et les déposer sur le perron de chez sa maman.

Celle-ci était consciente de la provenance de l'argent, consciente de ce qu'il faisait pour en arriver là. C'était son fils: elle avait su tristement avant tout le monde que ses mains étaient faites pour dérober. Quant à lui, il était conscient qu'elle n'approuvait pas, mais qu'elle ne cracherait pas sur une somme d'argent alors qu'elle avait six bouches à nourrir à la maison.
Pour lui, le fait d'avoir pût aidé avait beaucoup compté. Il était parti de chez lui à seize ans, ne voulant pas se plier aux règles de son beau-père et étant trop submergé par les couches et les biberons autour de lui. Il savait qu'il avait été immature de quitter son foyer aussi tôt et alors que sa mère avait le plus besoin de lui, mais plus les années passaient plus il s'était senti trop fière pour revenir en arrière et s'excuser. Alors tout ce qu'il avait pût faire, c'était de grossir des enveloppes et d'aider sa famille dans le secret.

Il fût sorti de ses pensées lorsqu'une explosion de cris énervés retentirent autour de lui en direction d'une personne qui s'était directement placée devant la télévision. Louis n'avait pas une once idée de qui ce personnage pouvait s'agir, mais comme par habitude ses yeux étaient braqués sur sa personne. Pour changer. Putain, il ne pouvait pas aller quelque part sans finir par attirer l'attention de quelqu'un.

"Tomlinson, on a un petit tête à tête à se faire à propos de Sellick." gronda la personne en le plombant de toute sa hauteur, la voix clairement menaçante.

Le cœur de Louis se mit à battre frénétiquement, et il se leva lentement dans un faible geste de courage.

"Pourquoi tu penses que j'aurais envie de savoir quoi que ce soit sur lui ?" lâcha t-il en contrôlant les deux autres personnes qui venaient de s'approcher d'eux. Encore des sbires. Bien sûr. Ces mecs là ne se déplaçaient jamais seul. Ils se mouvaient tous doucement autour de Louis, permettant à tout les autres prisonniers de la pièce d'avoir pleinement accès à ce qui se déroulait. D'ailleurs, des murmures d'excitations se faisaient entendre en travers de la salle, ravis d'avoir à participer à un énième spectacle.

"Il est à l'infirmerie avec deux bras cassés et une luxation de la rotule. Je pense pas qu'il aille si bien que ça moi, et toi ?"
Louis cligna plusieurs fois des yeux, le visage toujours inexpressif mais la douce chaleur de la gratitude envahissant ses veines. La peur qu'il ressentait se distillait lentement hors de ses veines, et à la place il avait l'excitation de savoir quand, comment, et tout les détails sur comment Harry en était arrivé à là.

Le gars devant lui renifla et fit tourner sa nuque pour la craquer. Ses muscles roulèrent. "J'ai entendu qu'il t'avais fait de jolis petites marques sur tes côtes. Je pense que les gars et moi, on a envie de voir ça de plus près."

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