Chapitre 14

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Apparemment le marché ne fonctionnait pas.

Il n'avait pas vraiment eu de confirmation de la part d'Harry depuis qu'ils avaient planifié le deal dans la cour. Entre temps, une semaine était passée et les choses semblaient demeurer comme elles l'étaient avant. C'est à dire vide, sans discussions, sans regards; tout bonnement séparés.

Louis grinça les dents à la vue de trois prisonniers arrivant droit devant lui. Ça sentait pas bon pour lui. Il était tout seul dans le couloir de l'aile B. Un des prisonniers qui avançaient lui était familier; il s'appelait Sellick, et les deux autres étaient probablement ses sbires. Louis s'immobilisa -il ne pouvait rien faire d'autre- et attendit qu'ils atteignirent sa hauteur. Il se mordit l'intérieur de ses joues à l'instant même ou l'un des sbires empoigna sa frange à pleine main pour pouvoir le jeter droit sur le sol. Il sentit tout juste après l'arrière goût du sang dans sa bouche.

L'autre sbire le releva pour l'immobiliser contre le mur, tandis que Sellick pressa ses hanches contre les siennes. Louis ne pût s'empêcher de lâcher un rire provocant. Il n'avait étrangement plus peur des répercussions -maintenant qu'ils y étaient, il fallait en finir au plus vite.

"T'aurais au moins pût me menacer avec la gaule. Tu crois que je vais avoir peur d'une bite qui pends comme un chiffon ?" siffla Louis avec mépris.

Son souffle se coupa net dans sa poitrine quand il reçu le point de Sellick en pleine figure. Respirer par son nez après ça devint impossible. Il était à genoux, presque assommé, la vision obscurcit par le sang. Qu'il aille se faire foutre, pensa t-il en inspirant autant d'air qu'il le pouvait à travers la douleur.

"Donc j'ai entendu que Simon était ton soumis ? Bah putain alors, ça doit être super facile pour lui. Tu te demande pas toi aussi ce que ça pourrait faire de sucer un chiffon ?" ricana t-il avant d'être à nouveau assaillit par les coups. Il se sentit au bord de l'évanouissement alors que sa tête rebondit contre le mur. Il avait l'impression de ne plus rien ressentir si ce n'était les prises fermes de ses assaillants autour de lui.

"T'as de la chance que des gardiens arrivent. Parce qu'on en a pas fini avec toi Tomlinson."

Est-ce que quelque chose pouvait être finie, de toute façon, dans cet endroit ? Il se sentit glisser sur le sol, passant ses bras tremblants autour de ses genoux. Une pointe d'hystérie chatouilla sa gorge et il éclata de rire à travers les larmes. Voilà ce dont à quoi était réduit sa vie.

***

Harry vaquait à sa toilette intime lorsque Louis pénétra dans leur cellule pour l'appel. Louis l'observa se laver les mains et passer une main dans ses cheveux juste après que leurs regards se croisèrent.

"Qu'est-ce qu'il t'es arrivé ?" s'enquit Harry, la surprise transperçant sa voix grave.

Donc aujourd'hui était définitivement une journée marrante. Harry qui ne lui adressait plus la parole depuis un long moment venait d'initier le dialogue. Louis renifla et détourna le regard, s'avançant vers le lavabo pour tenter de nettoyer le sang sur son visage tout en répondant. "OK. Premièrement." Il leva son index. "Mêle toi de tes putain d'affaires. Et deuxièmement." Il leva un autre de ses doigts. "Dégage de ma vue. Surtout des toilettes là tout de suite parce que j'ai très envie de pisser."

"Laisse-moi regarder cette blessure à ton arcade."

Louis leva les gros yeux vers lui, les sortant presque de leurs orbites. "Merci mais non merci. Je vais très bien." Il surligna.
"Je m'y connaît sur les ouvertures à l'arcade." insista Harry d'une voix presque douce, son regard rivé sur ses blessures.
Louis sentait à quel point il voulait toucher. Le toucher. Mais il chassa vite la pensée sympathique d'accepter sa requête, se rappelant que si tout ceci avait commencé, c'était en majeure partie de la faute d'Harry, qui l'avait snobé sur sa demande de marché et l'avais laissé assumer pleinement le fait d'être un soumis sans dominant dans la prison de Warden. D'ailleurs, Harry avait bien eu l'air de s'en ficher, les autres jours, de ce qui pourrait advenir de lui. Pourquoi montrait t-il soudainement de l'intérêt à la vue de ces blessures ?

"Je vais bien." fit t-il en arquant un sourcil et s'avançant vers les toilettes.
Harry fût forcer de se décaler sur le côté, silencieux.

***

Avoir des blessures était un signe de faiblesse.

C'était quelque chose qu'il venait tout juste de découvrir, une nouvelle chose qui s'ajoutait à ce qu'il connaissait de la prison Warden. À cause de ses blessures, il avait été attaqué plus de trois fois par des putain d'idiots qui pensaient que si il était blessé, ça voulait signifier qu'il était libre d'accès pour une autre raclée. Et Sellick, par-dessus tout, était bien revenu compléter sa revanche comme il le lui avait promis.
À présent, toutes les fois où il prenait une inspiration, la moindre parcelle de son corps allait le brûler. Par chance aucun de ses membres n'étaient cassés, mais à cause de la douleur il se doutait qu'ils n'en étaient pas tant loin.
Ce jour-là, il suivait la masse de ses codétenus qui se dirigeaient vers le réfectoire pour la bouffe de midi, lorsqu'il remarqua dans le coin de ses yeux une forme adossée contre le mur du couloir, étrangement debout et immobile entre la vague de détenus. Il s'agissait d'Harry.

Louis s'arrêta un peu après, observant autour de lui ce qui aurait bien pût faire immobiliser son compagnon de cellule. Tout le monde avançaient vers le réfectoire, personne ne prêtait attention à Harry..si ce n'était Maroneck. Monsieur Muscle qui venait tout juste de s'éloigner d'Harry, le pas lourd. Louis plissa les yeux. Qu'est-ce qui lui avait échappé ? Et surtout, qu'est-ce que Maroneck avait t-il bien pu dire à Harry pour le rendre si inexpressif ? Il y avait quelque chose de dérangeant dans la posture de son compagnon de cellule qui lui envoya directement un signal d'alerte dans son esprit. Il ne le connaissait que trop bien pour se douter que quelque chose n'allait pas.

Il reporta son regard sur les prisonniers qui avançaient devant lui, hésitant. Il avait envie de faire comme s'il ne l'avait pas vu, de ne pas se préoccuper de lui. Pourquoi devrait t-il l'être, alors que lorsqu'il était constamment battu par ses ennemis, Harry semblait s'en foutre royalement ? Ou du moins, il le laissait patauger dans ses affaires de revanche sans se mêler de rien. Qu'est-ce qui l'empêchait donc de lui faire la pareille ?

Louis se remit à marcher, un inconfortable sentiment lui écrasant la poitrine. Il s'arrêta deux trois pas plus loin, causant un de ses détenus à s'arrêter lui aussi derrière lui. Le codétenu lui intima de se bouger de la route en ponctuant sa phrase d'un coup de coude, et Louis se mit directement sur le côté, voulant à tout prix évité d'être à nouveau cogner de tout part. Ses yeux revinrent s'échouer sur Harry, toujours immobile contre le mur. Avait t-il eu dans sa vie ne serait-ce qu'une personne qui tenait à lui ou à ce qui pourrait lui arriver ?

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