Chapitre 4

1.7K 100 0
                                    

Louis ne savait plus où donner de la tête, étant bousculé de part et d'autres du couloir menant aux cellules des prisonniers.

Ça criait de partout, lançait des objets, de la nourriture de tout les côtés, la cible étant tantôt les gardes et tantôt les codétenus. C'était la première fois en deux mois que Louis était témoin d'un tel débordement. Il essaya tant bien que mal de faire son chemin en travers la masse de codétenus qui s'agitaient avec force, esquivant les coups de poings et les coups de coudes, trébuchant plus d'une fois en marchant sur les pieds des uns et en se faisant écraser dessus par les autres. Il repéra Styles plus loin devant, en face du boudoir, calmement posé contre le mur. Même au milieu de la cohue son codétenu arrivait toujours à conserver cet air de sérénité.

Soudain, Styles leva tout droit le regard vers lui, plantant ses yeux verts dans le bleu des siens. Ça aussi c'était une chose étonnante : il parvenait toujours à trouver Louis, même s'il était à l'autre bout d'un couloir noir de monde; comme si ils étaient tout deux reliés par un champ magnétique.
Il y avait quelque chose de différent chez lui aujourd'hui. Ses yeux, à la place d'être froid et vide comme d'habitude, avait retrouvés de la brillance. Louis remarqua avec encore plus d'insistance que son codétenu arborait même un sourire en coin. Dérouté, le jeune homme haussa un sourcil d'interrogation vers lui, qui n'eût évidemment aucune réponse. Il se détourna alors de lui, haussant les épaules. Il ne voulait de toute façon pas savoir ce qui faisait la cause de sa soudaine et singulière bonne humeur.

Il fut criblé de coups de coudes en faisant marche arrière, sur les côtes et sur la tête. Putain il l'avait senti celui-là. Quatre gardes se précipitèrent dans le couloir, poussant tout les prisonniers qu'ils pouvaient attraper contre le mur. La foule se divisa alors en plusieurs blocs et Louis pût enfin apercevoir devant que deux gardiens plaquaient un codétenu face contre terre.
C'est là qu'il prit conscience du sang. Le sang autour de lui, le sang sur le mur, sur le sol, sur tout les prisonniers, sur les gardiens et même sur ses vêtements. Il ravala la nausée qui le submergea, et, piqué par une curiosité un peu malsaine, il entreprit de s'avancer de plus près pour pouvoir voir qui se vidait autant de son sang. C'était sans compter sur les quatre gardes qui continuaient à pousser tout le monde contre le mur, ou du moins hors de la vision horrifique du détenu plaqué au sol. Un des quatre s'avança et ordonna d'une voix puissante à tout les détenus de retourner dans leur cellules. C'était à ce moment que Louis comprit de qui il s'agissait. Le nom était répété de plus en plus en fort dans les conversations de la foule de codétenus qui s'avançaient vers leurs cellules.

Bianchi.
Un frisson lui parcourut l'échine quand il entendit le nom. Il se retourna directement vers l'endroit où Styles se tenait deux secondes plus tôt. À ce moment précis celui-ci était en train de traverser calmement la foule, les mains calés derrière son dos. Louis examina son uniforme de haut en bas, à la recherche de la moindre trace de sang. Il n'y en avait pas.

Juste à l'instant où Styles arriva à sa hauteur -se positionnant automatiquement derrière son dos, posant le menton dans le creux de son cou d'un geste protecteur- Louis vit du coin de l'œil l'un des gardiens positionné près du prisonnier avachi sur le sol lever un objet à l'air. Son sang se glaça immédiatement après. Le prisonnier n'était pas simplement avachi. Il était mort.
Et l'arme du crime, entre les mains du gardien, reflétait son visage aux yeux écarquillés. Un long morceau de miroir brisé.
"Je pense qu'ils veulent que nous retournons dans nos cellules. Enfermés." lui murmura doucement Styles à l'oreille.

Louis frémit au son de sa voix. Il était sûr d'avoir aperçu ce morceau de glace une fois dans les toilettes de leur cellule.
Il avança d'un pas raide hors de la scène sous ses yeux pour rejoindre sa cellule. Il essaya d'éviter son codétenu tant bien que mal mais il était totalement cramponner à lui. Un million de pensées émergèrent dans son esprit. Comment Styles avait t-il pu savoir ? Ce n'était pas possible.
Il ne pouvait ignorer les coïncidences. Le fragment, le comportement de Styles quand il l'avait aperçu dans les couloirs, ses yeux brillants trop chaudement à la vue de Louis et du corps de Bianchi. Putain d'étendu sur le sol, mort. Louis dû de nouveau ravaler sa bile.

Bianchi et son gang lui étaient tombés dessus trois jours avant, pendant sa corvée de lessive. Il détestait cette corvée. Il lui arrivait toujours quelque chose, considérant que la salle d'eau était aménagé à plus de six mètres du boudoir. C'était un coin isolé, un coin où il était facile de se retrouver poussé à genoux, une bite enfoncé droit dans la gorge et pas une âme aux alentours pour aider. Bien sûr, suivant ce scénario, Louis avait été propulsé droit devant le sexe sale de Bianchi.
Louis s'était étouffé avec pendant moins d'une minute avant de recracher la totalité de son estomac sur le sol. Aussi loin qu'il s'en rappelait, la sensation était insupportable. Le gang était reparti tout juste après comme si de rien était, saluant même les gardiens entrant à leur suite. Pour Louis, en revanche, il avait été difficile de faire abstraction de la mauvaise odeur dans sa bouche, même après une journée entière. Bien entendu, il avait pris soin de le dire à personne. Il ne voulait encourager personne à venir l'agresser à nouveau.

La scène sanglante dans le couloir revint dans son esprit et il déglutit difficilement. C'était définitivement terminé. Il en avait fini avec Bianchi.
Ils pénétrèrent dans leur cellule et le bruit désagréable de toutes les portes du bloc qui se fermaient à l'unisson se fit entendre derrière eux. Styles le força à s'asseoir sur son matelas rigide et il pencha sa tête vers lui automatiquement, sachant que c'était ce qu'il attendait de sa part. Les gardiens firent la ronde, s'arrêtant devant chaque cellule et les appelant tous par leur numéros pour les identifier, s'assurant qu'aucun d'eux ne manquaient. Louis s'abandonna entre les mains de Styles, sentant ses longues mains à travers ses cheveux qui le caressait encore et encore, ses yeux verts le tenant de nouveau captif.

***

Styles faisait parti d'une mystérieuse réunion fixée à deux fois par semaines. Louis n'était pas vraiment sûr du but de ces rencontres. Il avait eu vent en revanche de l'existence de la réunion entre codétenus qui avaient un passé avec la drogue, menée par la Sœur Donovan; dont Styles ne faisait aucunement parti. Il supposait alors que les réunions secrètes de son codétenu devaient se dérouler avec soit un thérapeute soit un psychiatre, ou peu importait.

Le recrutement de personnels était le sujet qui revenait fréquemment dans la bouche de tout le monde ici. Ce ne devrait pas être tant intriguant que ça, mais le fait que les détenus s'évertuaient à harceler n'importe quel nouvel employé -allant jusqu'à le menacer de mort- pour le faire déguerpir; amenait l'emploi de nouvelle personnes à attiser leur curiosité. Ceci étant, lorsqu'un nouveau apparaissait il provoquait tant l'excitation de tout les prisonniers qu'on aurait pu l'associer à un morceau de chair fraîche. C'était d'autant plus le cas quand il s'agissait d'une femme -évidemment moins coincée que ne l'était la bonne Sœur Donovan.

Ainsi Louis entendit parler du cas de Dr. Samuels, un membre du personnel de psychiatrie ayant été recruté seulement il y a de cela trois semaines et ayant déjà déposé sa lettre de démission. Dès lors les réunions de Styles avaient été annulées et reportées au recrutement d'une nouvelle personne disponible pour assurer ces-dits rencontres. Louis se promit de tenter le tout pour être inclus au groupe, quitte à se faire passer pour un psychopathe -lui aussi. S'il s'agissait bien sûr de ce qu'il fallait pour y être intégré.

Il parvenait peu à peu à cerner Styles, et s'il y avait une chose qu'il avait apprise ces deux derniers mois, c'était que parfois le savoir pouvait avoir autant de pouvoir que de taille. Autrement dit, il était bon qu'il en sache le plus que possible sur son compagnon de cellule. Et il était sûr et certain de connaître le genre de merdes qu'il aimait. Depuis la première fois qu'il l'avait touché, Styles s'était assuré toutes les autres fois soit d'étrangler Louis avec ses longs doigts soit de le bâilloner avant de pouvoir se vider en lui. Ces actes de domination -ou de folies- amenait Louis avec écœurement à se demander ce que coûtait à Styles de venir en lui sans tout ces procédés. C'était comme s'il avait le besoin d'agir comme ça.

Louis n'avait pas complètement tort. D'une manière étrange, même si Styles ressentait le besoin de l'asphyxier, il ne s'était jamais senti en total danger entre ses mains. Son codétenu s'arrêtait toujours lorsqu'il était à la limite d'être dangereux. Il détendait alors ses doigts autour du cou de Louis ou relâchait la pression sur le coussin qu'il avait plaqué contre son visage. Dans les rares moments où il le prenait en face à face, Louis pouvait décerner dans ses yeux une lueur de fascination presque machiavélique.

Le pire dans tout ça n'était pas le fait que Styles lui faisaient subir ça à chaque fois qu'il le possédait. C'était plutôt que plus souvent qu'il ne le fallait Louis devenait tellement dur qu'il en voyait des putain d'étoiles quand il se vidait de sa semence. Et il détestait ce retournement de situation. Quand bien même il avait eu dans son passé des amis qui attestaient voir des étoiles quand ils faisaient l'amour, il n'avait jamais crû à leurs propos qui semblaient cliché, factice. Pourtant maintenant qu'il le vivait il se devait de le reconnaître : il n' y avait pas d'autres mots pour décrire cette sensation. Les putain d'étoiles étaient réelles. Il les sentaient flamboyer derrière ses paupières et embraser chaque parcelles de son corps, de leurs corps quand ils ne formaient plus qu'un. Louis avait du mal à s'avouer que Styles était capable de lui faire ressentir tout ça.

Il n'était toutefois pas ravi à l'idée de remettre ça tout les soirs, peu importe le fait qu'il prenait constamment son pied.

Prison Universe Où les histoires vivent. Découvrez maintenant