Ça fait une semaine qu'Athénä est arrivée dans la famille. Ça fait aussi une semaine que les cours ont recommencé, et ça me fait vraiment vraiment vraiment chier. Je déteste les cours. Je n'en suis pas moins une bonne élève, et ma moyenne est correcte, mais l'école n'a pour moi aucun intérêt. Je m'ennuie, je rêvasse plus que ce que je travaille, je griffonne des textes, des dessins sur les bords de mes cahiers.
Nous sommes donc en plein cours d'histoire géo, et je regarde l'horloge au moins trois fois par minutes, agacée. Pourquoi le temps passe si lentement ?
C'est ma dernière heure de la journée, et ensuite je file aux écuries monter Athénä. Ce soir c'est mon premier cours de saut avec elle depuis l'essai, en juin dernier. J'ai hâte, trop hâte, et je trépigne, maudissant ces minutes qu'il reste avant 17h.
Les dernières séances de dressage ont été très enrichissantes je suis déjà amoureuse de ma jolie baie, et je suis impatiente de travailler pour progresser.La sonnerie retentit enfin. Libérée ! Je range mes affaires en 4ème vitesse et me rue vers la grande porte de sortie, qui s'ouvre à peine. Quel bonheur d'être au lycée et de pouvoir sortir sans devoir faire vérifier quelques carnets de correspondances aux surveillants !
Je sors et emprunte directement un RER, avant de finir le trajet à pied. Je m'allume une cigarette que je consume bien vite, et lorsque j'arrive enfin aux écuries, je me dirige immédiatement vers le pré dans laquelle vit ma ponette. Il est assez grand, de nombreux arbres y poussent, et par conséquent je ne vois pas Athénä au premier coup d'oeil.Je décide de l'appeler, même si je suis presque sûre qu'elle ne viendra pas. Et ça ne manque pas, je vais devoir aller la chercher. Avec un soupir, j'ouvre la barrière de bois et me glisse dans le pré. Il a plut hier et le terrain est boueux. Je m'enfonce dans la gadoue en pourrissant mes converses par la même occasion. Elles ont déjà vu pire, mais je crois que cette boue est en train de les achever. Je m'avance dans le pré tout en cherchant Athénä du regard.
De nombreux autres poneys me regardent d'un œil passif, se demandant sûrement pourquoi je suis là. Il est vrai que le lundi, il y a très peu de personnes au club et par conséquent, les poneys sont au repos. Je distingue enfin ma ponette, mangeant tranquillement au coin d'un arbre en compagnie d'un petit gris. Je la rejoins rapidement, la caresse, lui enfile un licol et reviens sur mes pas. Je l'attache dans les écuries, sort mes affaires et la regarde d'un œil désespéré. Elle est dégueulasse. Vraiment. Par endroit, la boue a séché et s'est incrustée dans sa robe, qui est recouverte aussi de poussière et de bouts de mousse. Elle a du se rouler il y a pas longtemps. Sa queue et sa crinière sont toutes emmêlées, et sa tache blanche au milieu de la croupe est devenue plus jaune qu'autre chose.
J'ai du travail devant moi. Je commence par un bout coup d'étrille, qui enlève le gros de la saleté. Je passe ensuite le bouchon, faisant voler la poussière dans l'écurie. Il fait bon, et c'est agréable, avec le soleil. J'essaie d'enlever la crasse qui recouvre sa tache blanche, mais peine perdue. Elle n'est pas très grande mais est inhabituelle, ce qui ne rend que plus belle ma ponette. Pas objective, vous dites ? Oui, très certainement. Je finis le gros du travail en démêlant ses crins, me promettant de couper sa crinière un de ses quatre, avant de lui curer les pieds. Ayant de très bons aplombs et des sabots solides, elle n'est pas ferrée. Je ne vois pas l'intérêt de ces bouts de fer, et pour moi, ils sont plus nocifs qu'autre chose. Alors, elle reste pied nus. Je fini par passer un coup de brosse douce sur sa tête fine au profil d'arabe, et un dernier coup de brosse sur son toupet.
Athénä du Risseau est une connemara avec du sang arabe, ce qui a donné une ponette... atypique. Sa tête paraît trop fine pour le reste de son corps, son encolure n'est pas encore très musclé, et elle a une croupe puissante, mais grosse. En conclusion, elle n'a pas le physique des plus beaux poneys de sport.
Après ce bon pansage, je commence à la seller doucement. Le cours est dans 15 minutes, et on va en profiter pour chercher un mors qui lui convienne mieux. Elle a en ce moment un mors simple, mais il ne lui va pas très bien, elle s'appuie beaucoup. Elle a un équilibre naturel, mais une bouche très délicate, et n'arrive pas à se poser avec cette embouchure.
J'aimerai la travailler sans mors aussi, et même tester en parcours, mais je ne suis pas sûre que ça soit autorisé sur tous les concours. En attendant, je vais chercher le mors qui nous conviendra le plus, mais en restant dans des embouchures simples. J'accroche mes guêtres, la selle et lui mets son filet.
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Repousser ses limites
Teen FictionAlexia ne s'attendait sûrement pas à vivre tout cela lorsqu'elle a posé pour la première fois les yeux sur cette atypique ponette baie. Non, elle ne s'attendait sûrement pas à rencontrer toutes ces personnes, à les aimer autant, à gagner toutes ces...