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Les doigts de la jeune femme effleurèrent les objets, un à un. Son regard bleu glacé allait de ci et de là, sans jamais ciller. Elle marchait d'un pas assuré dans la boutique, sans prêter attention aux personnes qui contemplaient les bijoux autour d'elle. Enfin, elle s'arrêta. Elle posa son regard sur un pendentif, accroché à une magnifique chaîne d'argent. Le pendentif était juste magnifique, car sa couleur évoquait un levé de soleil ; il avait une forme ronde, et en son centre se trouvait  de minuscules trous que personne n'aurait pu remarquer. La femme l'observa longtemps, sans bouger. Elle finit par le saisir dans ses mains avec une grande délicatesse et s'approcha du vendeur. Il ne l'entendit pas arriver, car quand elle posa le bijoux devant lui, -pour l'acheter- il sursauta et fit tomber sa tasse de café sur le carrelage. Le bruit strident de l'objet qui se cassait en milles morceaux retentit dans tout le magasin. Une petite flaque noire foncée se propagea alors sur le sol à la vitesse "lumière". Tout le monde, -enfin, le peu de personnes présentes- se tournèrent vers l'inconnue se demandant ce qui s'était passé. Mais la femme, n'y prêtant pas attention, enleva sa capuche, découvrant un magnifique visage. Sa peau était très pale et parsemée de minuscules tâches de rousseur sur son petit nez. Ses cheveux étaient coiffés en une longue tresse de cheveux bruns foncé. Mais surtout, un détail qui n'échappa à personne, elle avait une boucle d'oreille  dorée à son oreille gauche : c'était un lion. L'emblème de la famille la plus redoutée du peuple. Après avoir secoué sa tête pour dégager de petites mèches rebelles, "la femme" posa son regard glacé sur le vendeur et lança d'une voix froide et menaçante :

- Qu'attendez-vous ? Donnez-moi le prix de ce collier. Je suis pressée.

Le vendeur la fixa, tétanisé. Il ne regardait même pas la tasse à ses pieds, et la flaque qui mouillait ses chaussures. Puis, il répondit d'un petite voix tremblotante :

- Euh... Pour le collier, ça fera... 3 599,99 euros.

La femme plissa les yeux :

- Si cher ? Pour un simple collier ?

L'homme déglutit. La femme se pencha vers lui, se faisant menaçante.

- Tu ne crois pas que tu vas m'avoir ? C'est de l'arnaque. Votre collier a beau être magnifique, il ne mérite pas un tel prix...

Quelques personnes ne bougèrent pas, figés, d'autres se cachèrent, et les plus trouillards s'enfuirent sans même payer. Le vendeur, sentant l'agitation monter, se redressa alors, prenant un peu plus d'assurance même si sa voix tremblait un peu.

- Ce collier est rare. Vous ne pourrez que l'acheter au prix convenu, ou alors il ne sera pas pour vous. Que voulez-vous que je dise d'autre ?

Elle soupira, puis tourna la tête vers les autres colliers. Ils n'avaient rien de spécial, et la femme n'était intéressée que par celui-ci. Elle se retourna alors vers l'homme et planta son regard dans le sien en déclarant :

- Faites-moi un prix. J'achète le collier pour 2000 euros.

C'était flagrant : l'homme hésitait beaucoup. Cela devait être un vrai dilemme de devoir choisir entre faire un prix de plus de 1000 euros, ou peut-être ne jamais vendre un de ses bijoux les plus rares. Puis enfin, hésitant toujours, l'homme déclara :

- D'accord.

Le vendeur prit l'argent et le collier que lui tendait la femme pour ranger le bijou délicatement dans une belle boîte en velours rouge. La femme saisit, et remettant sa capuche sur sa tête, sortit du magasin sans même dire "merci", ou "au revoir". En sortant de la bijouterie, elle se rendit compte que la petite clef en or accrochée à une chaînette autour de son cou sortait de son vêtement et était visible. Alors la femme la glissa dans son décolté, puis disparu dans l'obscurité de la petite ruelle menant à sa demeure.

RaphOù les histoires vivent. Découvrez maintenant