Raph

6

Niel ouvrit les yeux. Elle était dans une pièce baignée de lumière. Il cligna des yeux, sans comprendre ce qui se passait. 

- Où suis-je ? murmura-t-elle.

Elle se redressa et se frotta les yeux. Niel était allongée sur un lit blanc et assez bizarre. Elle n'en avait jamais vu un tel. Elle ne reconnaissait pas non plus la pièce blanche. Bizarrement, elle ne se souvenait de rien. Soudain, elle se mit à regarder autour d'elle, affolée. Elle était seule ?! Où étaient Ally ?! Mais l'affolement de Niel ne dura qu'un court instant, car elle aperçut son cousin. Il la fixait, l'air très heureux. Il lui sauta au cou et cria :

- Niel ! Niel ! Je suis tellement heureux ! Je... j'avais peur que tu n'ailles pas bien... Tu as mal quelque part ? Tu te souviens bien de tout ? Je suis tellement content que tu sois réveillée !

La fillette fut déroutée par toutes ces questions. Elle se réveillait à peine et avait l'esprit encore confus. Elle ne comprenait rien de se qui se passait. Où était-elle ? Pas chez elle, en tout cas. Et que lui était-il arrivé ? Elle beggaya :

- Ally... Je ne comprends pas ce qui se passe. Où sommes-nous ? Pourquoi es-tu dans cet état ?

Ally, qui jusque là ne cachait pas son immense bonheur, se calma et dit d'une voix douce à Niel :

- Désolé. Je t'ai embrouillé avec toutes ces questions. Mais je suis tellement content que tu nous sois revenue !

Niel le fixa. Horrifié, elle lui demanda d'une petite voix qui trahissait son angoisse :

- Si je comprends bien... je dormais depuis un certain moment ? Combien de temps ?! Pourquoi ?!

- Niel... l'interrompit-il, voyant sa panique. Ne t'en fais pas. Ce qui compte, c'est que tu sois là. Ecoute. Tu es endormie depuis deux mois. Je sais que c'est long. Tu te souviens quand nous nous sommes enfuis ?

La jeune fille se creusa la tête. Au bout d'un long moment de réflexion, elle sursauta. Tout un flot de souvenirs la submergea. Le mot de sa mère, sa fuite, le mystérieux allié, puis... plus rien.

- Je... je me souviens de tout. Jusqu'au moment ou l'allié est venu. Que s'est-il passé, Ally ? Où est ma mère ?

- Tu t'es cognée la tête en tombant du haut mur.

Le cousin de Niel se tut. Il pensait à quelque chose d'important. La fillette plissa les yeux. Il y avait quelque chose qu'il ne disait pas.

- Et... ? l'encouragea-t-elle.

Il sursauta.

- Heu... Aaron et moi t'avons emmené chez le médecin. Tu n'avais rien de grave, mais tu as mis beaucoup de temps à te réveiller.

- Qui est Aaron ? 

- C'est notre allié.

Apparemment, le garçon refusait d'en dire plus. Niel n'insista pas, même si elle brûlait d'impatiente de savoir ce qu'il ne disait pas. Elle demanda tout de même :

- Et ma mère ? Où est-elle ? Elle va bien ?! Pourquoi n'est-elle pas avec toi ?!

- Elle ne va pas bien. Quand Aaron est allé la chercher, il l'a trouvé avec de graves blessures. Elle peut marcher, mais boite énormément et ne se sent pas bien. En ce moment, elle se repose à côté. Ne t'en fais pas, Aaron veille sur elle. Le médecin est très gentil et a accepté de la prendre en charge -ainsi que toi-, sans argent en échange.

Niel le fixa. Elle comprenait, mais n'arrivait pas a y croire. Elle comprenait, mais... tout était tellement confus ! Elle ne vivait désormais plus chez elle. Que se passerait-il à l'avenir ? Et si sa mère ne se remettait pas ?! Elle avait l'impression de virure un cauchemar éveillée. Soudain, elle eut envie de tout pulvériser dans la pièce. Une énorme colère monta en elle, et elle cria. Quand elle se fut calmée, Ally posa sa main sur l'épaule de Niel et murmura d'un ton réconfortant :

- Tout va bien, Niel. Je suis là. Et jamais je ne te laisserai seule.

Les larmes montèrent aux yeux de la fillette et elle tourna la tête vers son cousin.

- J'ai peur, Ally ! sanglota-t-elle. J'ai peur de ce qui va arriver. J'ai l'impression que ma vie vient de s'écrouler. Si maman ne se remet jamais, que je ne revois plus les membres de la famille, alors... Alors...

Niel éclata en sanglot. Pour la réconforter, Ally la prit dans ses bras. Lui aussi, était triste. Mais il ne pouvait pas montrer ses faiblesses devant Niel. Il devait rester fort. Il ferma les yeux et inspira. Niel avait raison : rien ne sera plus pareil.

***

Aaron regarda autour de lui, pour vérifier que personne n'était là. Puis, il chuchota à l'intention d'Angélie :

- Angélie... J'aimerais te poser une question.

Le garçon semblait soucieux. Face à lui, Angélie était assise dans un lit de malade. Elle avait des bandages, recouvrant plusieurs blessures. La femme lui répondit :

- Je t'écoute, Aaron.

- Quand tu as décidé de proposer à la petite de nous rejoindre, tu savais tous les risques qu'elle craindrait. En fait, je ne connais que quelques brides de ton douloureux passé et je sais qu'il y a un motif qui te pousse à agir . Et pourquoi le jour pile de ses 12 ans ? En fait, j'aimerais que tu te confies plus à moi. Je t'aime et tu le sais. Alors, s'il te plait...

Angélie l'interrompit, avec une voix douce :

- Aaron. Je suis vraiment désolée, mais je ne peut rien te dire. Je sais que tu ne supportes pas d'ignorer cela, mais tu dois me comprendre. Pardon. Mais saches qu'elle compte énormément pour moi.

Aaron baissa les yeux, triste. Angélie refusait de s'ouvrir à lui. 

- D'ailleurs... Où est-elle ? Personne ne veille sur elle ?

- Oh... Angélie, tu t'es à peine levée de ton lit de malade et tu ne l'as pas encore vue. Et je ne t'ai rien raconté. En fait, ce n'est pas la seule que j'ai sauvée. Il y a aussi son cousin, Ally, je crois... C'est lui qui veille sur elle en ce moment. Ils se sont enfuis ensemble. Et comme Niel s'est blessée, on...

Le garçon s'interrompit. Angélie le fixait, ahurie. Ses yeux écarquillés montraient panique et affolement.

- Angélie ? Que se passe-t-il ?

Comme la femme ne répondait pas, il paniqua :

- Tu ne te sens pas bien ?!

Angélie leva vers lui ses grands yeux magnifiques et demanda :

- Tu dis... tu dis qu'un garçon nommé Ally s'est évadé avec elle ?

Aaron hocha la tête, sans comprendre pourquoi cela avait tant affolé Angélie.

- J'aimerais être un peu seule. Ça ne te dérange pas ?

- Non, ne t'inquiète pas.

Le garçon prit congé et sortit de la pièce en tentant de cacher sa curiosité grandissante. Angélie était une femme mystérieuse. Ses réactions étaient parfois... troublantes. L'homme repensa à Malye. Sa complice de toujours. Avec elle, il n'y avait aucun secret. Une énorme tristesse l'écrasa, incontrôlable. Il avait toujours aimé Malye. Jusqu'à ce qu'elle l'abandonne, sans jamais lui redonner de nouvelles. Maintenant, il avait quelqu'un d'autre à ses côtés. Aaron secoua la tête,  comme pour chasser ces idées de son esprit et se dirigea vers la pièce ou reposait Niel, décider à prendre de ses nouvelles.