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- Vous rigolez ?

Le vieil homme la fixa.

- Pourquoi ? Vous avez quelque chose à redire ?

Angélie serra les dents et lança à Jean un regard meurtrier. Mais au lieu de lui crier dessus et de lui dire combien ceci était ridicule, elle se tut, et se résigna.

- Bien. Nous avons trouvé terrain d'entente... Vous pouvez disposer. Ce soir se tiendra la "fête" que nous organisons pour le retour d'Aaron. D'ailleurs, je ne comprends toujours pas pourquoi il est revenu avec ces parasites... ajouta-t-il, en fixant Angélie avec un air moqueur. Ouste !


Angélie et Ally marchaient sur le chemin menant à leur "tente". Ils ne parlaient pas. Ils ne paraissaient pas entendre les bruits extérieurs, comme les enfants qui jouaient, les parents qui rouspétaient, les oiseaux qui chantaient, ect. Franchement, ils ne pouvaient pas supporter ce Jean : sa façon de prendre les gens de haut, de les faire exécuter tous ses désirs... Du grand n'importe quoi ! Ally donnerait tout pour pouvoir retrouver Niel. Le fait d'être séparé d'elle le rendait malade. Le garçon allait en parler à Angélie, quand soudain, quelqu'un attrapa sa main ainsi que celle de la femme et les tira dans une tente. 

- Qu'est-ce que... ?! pesta la femme en se libérant.

Ally se débattit, mais ce ne fut pas nécessaire. Aussitôt, l'étreinte se relâcha -car la personne les maintenait maintenant au sol- et Angélie et Ally se rendirent compte que la personne était en fait Aaron ! 

- Aaron ? Pourquoi nous as-tu... ? 

- Désolé, répondit l'homme, gêné. Les femmes du villages ne voulaient pas me laisser tranquille... et... Je voulais un peu vous parler. Que pensez-vous de mon village natal ? 

- D'après toi ? répondit Angélie en le fusillant du regard. 

- Euh... Que veux-tu dire par là ?

- Non ! Je ne peux pas vivre ici ! C'est tout bonnement impossible ! On a déjà eu cette discussion, et je ne veux pas rester ici !!!

Angélie avait crié ces derniers mots. Mais elle était loin d'impressionner Aaron, même de le faire changer d'avis.

- Comment peux-tu dire cela ?! s'indigna-t-il. Tu n'as même pas essayé de vivre avec eux ! Tu veux que je te dise ? Le problème ne vient pas d'eux, loin de là... Il vient de toi ! Et je commence à sérieusement en avoir marre ! Je regrette vraiment Malye. Elle, au moins, savait être compréhensive et pensait aux autres !

- Arrête ! Arrête de me comparer à ma soeur ! 

- Et pourquoi donc ? Je te signale que tu n'as rien fait pour l'empêcher de mourir ! Tout ça, c'est de ta faute !

La femme, qui avait les larmes aux yeux et la figure toute rouge, ne répondit pas et baissa la tête.

- Tu as raison. C'est de ma faute. Alors pourquoi continuer ainsi ? Hein ? Tu peux me le dire ?

Angélie avait maintenant une voix imprégnée de tristesse, de remords et d'émotion. Ally, quand à lui, ne comprenait pas. Malye était sa mère ! Alors... Elle serait morte par la faute d'Angélie ? Pourquoi ? Et comment se fait-il qu'Aaron soit au courant, la connaisse, alors qu'Angélie ne parlait jamais de ces choses-là ?

- Aaron ? demanda Ally.

L'homme tourna la tête vers Ally et il sembla se calmer.

- Pardon. Tu n'aurais pas du voir ça.

- Là n'est pas la question ; répliqua le garçon. J'aimerais que tu m'expliques. J'aimerais savoir tout ce que tu sais sur ma ma famille. Moi, je ne comprends rien. Mais ça ne va pas durer, car je ne veux plus être ignorant, ne rien comprendre. Je vous ai posé cette question des dizaines de fois, mais vous n'avez jamais répondu. Cette fois-ci, c'est différent, car tu vas m'expliquer. Pas vrai ?

Aaron le scruta de ses yeux profonds. 

- Pourquoi cela t'intéresse autant ? Je ne sais presque rien. 

- Ce n'est pas grave. 

- Si tu y tiens autant, c'est d'accord... Mais ce que je vais te dire est très confidentiel et je ne veux que tu le répète à personne.

- Promis.

Angélie regarda l'homme, surprise. Elle ne bougea pas, prête à entendre l'histoire. Elle jeta à Aaron in regard à glacer le sang, qui voulait dire : que compte-tu dévoiler, au juste ?


Aaron s'assit confortablement. Tous trois étaient allés dans la tente d'Angélie et d'Ally discrètement, histoire que les femmes ne repèrent pas Aaron. Elles le cherchaient partout, se demandant où il avait bien put partir se cacher. Aaron toussota pour attirer leur attention et commença son récit.


Comme vous pouvez les savoir, commença-t-il,  je suis né ici. Mes parents s'appelaient Jean et Coralie. Mon père était le chef du village, et tous les chefs avaient le nom de Jean. Ma petite soeur, Angélina, était tout ce qui comptait pour moi. Un jour, je voulus sortir. Je ne supportais pas les coutumes de ce village. Je n'avais jamais vu l'extérieur. Et quand je suis sorti, j'étais très curieux. J'avais sans doute 16 ans, à cette époque. Je me suis promené ci et là, en m'éloignant du village sans même m'en rendre compte. C'est là que je me suis fait kidnappé. Je ne me souviens pas très bien, à part que mes kidnappeurs m'ont abandonné devant la demeure des Raph. Ils étaient poursuivis et s'étaient débarrassés de moi car je les encombrait. C'est là que j'ai rencontré Malye, la soeur d'Angélie. Elle était magnifique, toujours souriant et avait un très bon cœur. Je ne savais pas d'où elle venait, mais elle a prit l'habitude de venir me voir tous les jours. Je ne savait pas où j'étais et comment retourner chez moi, alors je vivais dans la cabane dans la forêt et passait les jours en mangeant le pain  que Malye m'amenait et chaque jour, elle m'apportait des choses nouvelles : un couverture bien chaude, un oreiller, un tapis pour étaler sur sol de ma cabane, des habits, de l'eau, un plan, des biens pour revendre, ect. Je ne m'étais jamais demander pourquoi elle faisait tout ça pour moi, ni qui elle était et où elle trouvait toutes ces choses. Le temps passa et ma famille me manquait beaucoup, je voulais revenir au village et reprendre un mode de vie normal. Mais j'aimais Malye, et elle aussi. Et je ne voulais pas la quitter. Un jour, elle n'est pas venue. Le lendemain aussi. Alors je me suis inquiété. Je suis allé dans le village et j'ai demandé à chaque personne : "Bonjour, est-ce que vous connaissez une fillette d'environ 16 ans, avec des cheveux blonds, des yeux bleus et qui porte une boucle d'oreille avec un lion dessus ?" Mais dès que je leur posais la question, ils s'éloignaient aussitôt de moi en criant : "Non ! Ne t'approche pas de moi, sale gosse !" Je n'ai rien compris. Mais j'allais découvrir quelque chose de vraiment horrible.

RaphOù les histoires vivent. Découvrez maintenant