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Les paupières d'Aaron commençaient à se fermer lourdement. La fatigue le gagnait, mais il tint bon. Là, près de lui, le médecin examinait la petite fille. Aaron se sentait en partie coupable du drame... Il aurait dû la surveiller. Il pensa à Angélie. Allait-elle bien ? À l'heure qu'il est, Ally aurait dû la rejoindre. Aaron soupira de soulagement, sur qu'ils étaient maintenant tous les deux avec le reste du clan. Mais il n'était pas tout à fait tranquille. Il savait très bien qu'ils ne pourraient jamais faire confiance à ce clan de fuyards, de traîtres, de tueurs et de kidnappeurs. Pourtant, nous l'avons rejoins, pensa-t-il. Pourquoi ? C'était une bonne question. Soudain, il se rendit compte que le médecin s'adressait à lui. Aaron leva la tête et dit :

- Pardon, je n'est pas entendu. Pouvez-vous répéter ?

- La petite s'est évanouie dû à un choc grave. Elle va bien, mais...

Aaron le regarda, paniqué.

- Quoi ?

***

Ally était enfermé dans une petite pièce. Il s'était réveillé quelques heures plus tôt, comprenant ce qu'il lui arrivait : il avait été kidnappé. Pourquoi ? Il ne le savait pas. Pleins de choses se bousculaient dans sa tête. Il ne cessait de penser à Niel, à son rêve étrange, à maudire cette prison où il se trouvait, toutes ces aventures... Il n'en pouvait. Soudain, une irrésistible envie de s'écrouler au sol et dormir le prit. Il eu l'impression que la pièce augmenta de 10c°. Il toussa, et se mit à s'agiter dans tous les sens. Il fallait partir d'ici. Ses poumons le brûlaient. Quelqu'un entra. Ally ne le vit pas bien, agonisant presque. La personne déclara :

- Le gaz que tu as annihilé commence à faire effet.

- Sa... salaud !!!

L'homme ricana :

- Ne t'en fais pas. Tu ne mourras pas. Enfin... pas maintenant. Ce gaz te rendra dans cet état  pendant 24h, empêchant toute évasion, d'ici ton exécution et celle des autres prisonniers.

L'homme ricana. Ally, à qui les poumons étaient en feu, articula malgré sa difficulté à parler :

- Qu... qui êtes-vous ? Pourquoi... voulez-vous... me tuer ?

- Nous sommes le clan Baroon. Et si tu veux savoir... chez nous, les intrus méritent la peine de mort. Tu as pénétré dans notre forêt.

- Gghhh...

L'homme sourit d'un air méchant, et sortit de la pièce. Ally hurla, et se recroquevilla, impuissant. Il n'avait jamais ressenti de telle douleur. Soudain, il se rendit compte de quelque chose : il avait oublié... il avait oublié sa tante ! C'était elle, qu'il avait vu par terre ! Était-elle morte ? Où agonisait-elle en ce moment même ?! Une nouvelle douleur puissante le fit hurler. Il ne pourrait jamais fuir dans cet état. Il lui fallait de l'aide. Ou il allait finir exécuté. Scrutant les alentours, Ally réfléchit à toute vitesse. Il se trouvait dans une tente. Beaucoup d'hommes devaient se trouver aux alentours... C'est alors qu'une idée lui vint. Si l'homme lui avait fait inhaler ce gaz, c'était forcément parce que l'endroit n'était pas sécurisé ! Il avait juste a prendre sur lui... et courir. Mais ce serait trop compliqué. Ally rampa tant bien que mal vers l'entrée de sa tente. Il ne se sentait pas bien du tout, courir dans cet état serait de la folie.. Il passa sa main dans l'ouverture et regarda dehors : deux hommes étaient postés sous ses yeux, et le "campement" était rempli de personnes. Se rendant compte qu'Ally observait l'endroit, les deux personnes en charge de le garder lui donnèrent un coup de pied assez violent dans le visage pour l'expédier tout droit dans le mur du fond de sa tente. Une douleur atroce arracha un cri de douleur à Ally. Son nez saignait. Il ne pouvait pas marcher. Etait-il fichu ?

***

L'endroit était calme. En lisant le panneau, Ally se rendit compte qu'ils se trouvait devant chez le médecin. Après s'être prit un coup dans la figure, le garçon s'était rendu compte d'une ouverture dans le fond de sa tente. Il avait rampé en dessous, puis avait rampé sous un grillage. En faisant cela il s'était pris les bouts aiguisés de la clôture et en avait gardé de longues traces dans son dos meurtri... C'est comme ça qu'il avait réussi à s'échapper. Après avoir passé la clôture, Ally avait marché recroquevillé jusqu'à un buisson de ronces où il avait passé la nuit. Rempli d'épines, il avait pris cher mais se dit que c'était mieux que rien, c'était ça où il risquait d'être retrouvé... Et le lendemain, il était sorti de l'endroit le corps endolori : l'effet du gaz s'était estompé mais il avait mal partout et n'avait pas bougé de la nuit pour ne pas faire de bruit : les hommes du clan Baroon le cherchait... Ally ne savait pas du tout à ce moment où il était et avait décidé de courir toujours dans la même direction. C'est au bout d'un très long moment de marche et de crainte d'être retrouvé qu'il était parvenu ici.

- Niel ! cria-t-il.

Il attendit, haletant. Enfin, un homme habillé en blanc sortit de l'endroit. Il le regarda, étonné et à la fois énervé :

- Que fais-tu ici, petit ? Le cabinet est fermé !

- Où est Niel ?!

- Hein ?

Aaron sorti à son tour du bâtiment.

- Petit ! Tu es là ! Où est Angélie ?

Ally l'ignora et fonça dans la pièce d'où étaient sortis les adultes. Il trouva Niel, allongée sur un lit.

- Apparemment, elle a été touchée par un sort.

Ally se retourna. C'était Aaron.

- Comment ? Un sort ?

- Oui. C'est la sorcellerie, quoi. Elle n'a rien de grave. Mais elle a été touchée par un sort non identifié. Je ne sais absolument pas quels seront les effets secondaires.

Ally le regarda, choqué. Et si le sort la tuai ? Où la rendait infirme ? Il allait poser une autre question, quand Aaron le coupa, visiblement impatient de connaître le périple d'Ally.

- Raconte-moi ce qui s'est passé.

Ally inspira. Il raconta comment il avait vu le corps de sa tante gisant sur le sol, avait été capturé. Il décida aussi de ne pas parler de son rêve étrange, et raconta comment il s'était évadé. Qui était donc ses vrais parents ? Et ceux de Niel ? Les questions se bousculaient dans sa tête. Soudain, Aaron interrompit le cours de ses pensées :

- Il faut aller chercher Angélie !

Dans son regard, Ally distinguait la peur et l'affolement. Ally regarda Niel. Que faire ? Il dit à Aaron :

- Dis-moi... Ça ne te dérange pas si je reste avec Niel ? Et toi, tu vas chercher Angélie.

Aaron aquiesça. Il allait partir, mais Ally lui dit encore :

- Attends ! Comment tu t'appelles ? Je... je ne sais même pas qui tu es !

- Aaron. Je t'expliquerais tout quand je serai revenu.

Sur ces mots, il fila. Ally se demanda qui était Aaron pour sa tante. Ils avaient sûrement une relation assez intime. Le docteur s'approcha d'Ally :

 - Je ne peux pas rester ici toute la nuit. Je vais devoir partir, mais tu peux rester ici avec la fillette. Je vais laisser ouvert, d'accord ? Mais attention. On ne peut ouvrir que de l'intérieur. Ne reste pas coincé dehors si tu sors !

- D'accord. Merci beaucoup, monsieur.

L'homme sourit, puis sortit à son tour. Ally se retrouva alors seul, avec Niel qui dormait encore. Sa respiration était lente et régulière, montrant qu'elle était endormie et qu'elle allait bien. Mais le garçon ne cessait de se questionner : et si le sort jeté sur Niel était grave ?

RaphOù les histoires vivent. Découvrez maintenant