La fille du Roux

7- Manoeuvre.

Alice se glissa dans le passage souterrain avec souplesse. Elle remonta en pestant contre son oubli et attrapa une lampe et un briquet sur la table du bureau et sauta de nouveau dans le passage. Celui-ci servait à la fois de cache d'arme, de moyen de retraite et de passage vers la jungle et la mer. Elle alluma la mèche et poursuivit son chemin dans le tunnel. Arrivée en bas et après de multiples glissades sur la pierre humide, elle se retrouva dans une petite grotte creusée au ras de l'eau. Le passage vers le lagon dissimulé derrière quelques arbres permettait de faire passer les deux pirogues cachées dans la cavité. Alice sauta sur le premier navire dont la coque était gravée, représentant des raies, des rois des mers et des tortues. Elle caressa le bois avec tendresse puis monta sur le bateau pour en regarder l'état général. Satisfaite, elle poussa le navire dans l'eau et dégagea la voie vers le lagon, obstruée par des branches accumulées. Elle sortit le navire en pestant contre les feuilles sur lesquelles elle s'était entaillée la main. Une fois dans le lagon, elle rama en direction de la sortie. Elle croisa deux marins qui sortaient du lagon en se criant des indications.

- Je peux aider ?

- T'as déjà fait rentrer un bâtiment de haute mer sans abimer la barrière de corail ? Demanda l'un des hommes.

- Ouais, il y a deux ans. 

- Toute façon on n'est pas assez nombreux, mais t'as pas intérêt à merder. Répondit le marin.

Pour toute réponse Alice monta sa voile dans le vent d'un geste expert, dépassant l'homme de quelques mètres. Celui-ci approcha son bateau pour pouvoir discuter plus facilement.

- On doit faire rentrer le navire de Shanks le Roux ! Tu t'en sens capable ?

- Dites-moi ce que je dois faire.

- Tu vas guider leur navire en l'accrochant à ta pirogue, elle est assez résistante pour ça.

- Très bien. Tu as des cordages ?

- Ils en ont. Mais il faut passer la barrière et leur expliquer de toucher à rien et de rentrer la voilure pendant que mon fils et moi nous positionnons à bâbord et tribord. Dit le marin.

- Très bien. Je vais les voir.

- Dis, on se connait ? Demanda le gars en la toisant.

- J'ai grandis ici. Répondit Alice.

- A ouais, t'es la petite du manoir.

- Ouais. Dit elle en posant son doigt sur sa bouche, demandant la discrétion du pécheur.  

Elle était connue sur l'ile, non pas en tant que colonel de la marine mais en tant que « l'orpheline élevée au manoir par le vice-amiral ». Elle prit de la vitesse et s'éloigna en direction du Red Force. Elle fut montée à bord grâce à une échelle de corde et se planta directement face aux hommes. Son comportement nullement effrayé par le nombre d'homme l'entourant interpella certains hommes. Leur réactions fut remarquée et Alice corrigea son comportement, elle ne devait surtout pas être repérée. Elle baissa la tête et demanda à parler au navigateur.

- Le navigateur ce sera moi.

Cette voix. Elle la reconnaîtrait entre mille. Elle leva la tête pour voir un homme aux cheveux rouges vifs, une longue cape noire rabattue sur son bras gauche. Elle le toisa un instant avant de lui expliquer ce pourquoi elle était là.

- On ne se connaîtrait pas ? Demanda brusquement Ben qui l'observait depuis plusieurs minutes.

Elle pesta intérieurement.

- Etes-vous déjà venus ?

- Il y a bien quatorze ans. Répondit-il.

- Vous avez dû me croiser sur l'ile à l'époque. J'avais huit ans mais peut être que vous êtes physionomiste.

Alice avait volontairement menti sur son âge pour brouiller les pistes. Ben fronça les sourcils, elle ne faisait pas vingt-deux ans. Le Red-Force se trouvait sur la côte au vent et les vagues ballotaient les pirogues et le navire. Alice fronça les sourcils en voyant le bateau dériver du mince passage qui permettait aux navires de cette taille de pénétrer dans le lagon. Elle attrapa la corde et la passa habilement autour de la figure de proue.

Alice était athlétique, souple et agile à force d'entraînement. Elle fit rapidement le nœud et se laissa glisser jusqu'à l'eau. Son bateau avait été amarré grâce à des grappins à la proue ce qui lui permettait de se retrouver presque immédiatement à bord. Une fois sur son bateau, elle attacha le bout qui les reliaient au Red force et leva la voile. Ses deux coéquipiers se rapprochèrent pour attraper les bouts qui pendaient sur les côtés du navire pirate et les attachèrent avant de les tendre pour stabiliser le navire. Alice perchée sur la poupe de sa pirogue bougeait sa rame gouvernail avec habitude. Elle sentait la voile se gonfler et le bateau avancer péniblement, freiné par son fardeau.

Une fois passé la barrière de corail, le navire se stabilisa et la jeune fille pût détacher le bout de corde. Elle salua d'un signe de la main ses coéquipiers d'un jour avant de prendre la poudre d'escampette. Elle prit la direction du port et accosta sur la plage à côté et assister à l'amarrage du navire du Roux. Elle sortit son Den-den Mushi et contacta Tsuru.

- Grand-mère ? Il est là.

- Très bien, poursuis ta mission.

- Sois prudente.

- Sois-le davantage.

Elle hocha la tête et raccrocha. Elle sourit et rejoint les quais avec son objectif en tête. Sa mission ne lui avait jamais paru aussi importante. Se faire connaître de Shanks le Roux en échappant au contrôle exercé par Akainu. La suite de la mission serait encore plus périlleuse non seulement pour elle mais également pour tous ceux qui soutenaient ce projet démentiel.