Le soleil disparait pour laisser place à la lune. La noirceur trône sur la ville humidifiée par l'orage précédemment tombé. Les rues sont vides, l'atmosphère est morte, au même niveau que mon cœur. Les quelques personnes qui passent ne font pas attention à moi. Je suis mal aimé, invisible pour eux. Je ne compte pas à leurs yeux, je ne suis qu'un déchet, une pourriture pour la société. Même pas un petit ''bonjour'', rien. Je suis complètement rejeté du monde des vivants. Depuis le moment fatidique, je suis resté en petite boule contre le mur. J'ai toujours les larmes aux yeux, cela ne cesse de couler. Je suis en colère contre moi-même, je n'ai pas pu reprendre le contrôle à temps. Je commence à me frapper au niveau du bras. Je donne un coup, puis deux et trois... Je les fais de plus en plus fort. Une plaque rouge se forme sur celui-ci. J'ai mal, mais je peux m'empêcher de continuer. Je me griffe et me tapes, un à la suite de l'autre. Mes couches de peau tombent une après l'autre. Je me gratte jusqu'au sang. Je me fends une veine. Le sang commence à me gicler dessus. Je suce ce qui en coule. Suis-je un vampire? J'aime le goût de sang, je ne veux plus m'en passer. L'hématose coule de chaque côté de mes lèvres pulpeuses. Une voix jaillie dans ma tête, celle-ci me dit très clairement :
-Tu as fait de la peine à ta sœur. Tu l'as même fait fuir, de peur d'être tué par une créature. Tu es fière de toi?
-Non, je le regrette, je ne veux plus que tu restes dans ma vie, Arimak. Je te déteste. Ce n'est pas moi le monstre entre nous deux, c'est bien toi.
Sa voix devient timide et à perde de la confiance. Il cherche ses mots et veut avoir raison. La chose n'a plus l'influence habituelle. Ces répliques ne fonctionnent plus dans des cas comme cela, le naturel y règne :
-Tu peux continuer à m'appeler Edgar, si tu veux. Pour ma part, je préférais ainsi. Comme pendant ton enfance. Tu t'en rappelles, des belles années vécues en ma compagnie? Tu peux en être fière.
-Je m'en souviens très clairement. L'enfance que tu m'as gâchée, rejeter des autres. Tu as même fait bruler ma mère et ça, c'est irréparable. J'aurais honte à ta place. J'avais presque oublié, tu n'as pas d'affection pour personne et l'amitié est un ennemi pour toi. La seule et unique chose que tu es capable de faire correctement, c'est le mal et rien d'autre. La vie n'aime pas les bêtes de ce genre.
-C'était le résultat espéré. J'ai été créé pour cela. Ton but est de vivre, le mien est de t'en empêcher. C'est le cycle éternel, rien ne peut l'empêcher. Je te rappelle que nous sommes des créatures, nous vivons dans le même corps et avons des âmes jumelles.
-Tu ne feras point partie de ma chair éternellement, je vais t'y faire sortir assez prochainement.
-Je n'en suis pas si sûr. Pour ma part, je crois être avec toi jusqu'à ta mort et te faire souffrir jusqu'au moment fatidique. Termina Arimak d'un ton confiant.
Je n'en crois guère mes oreilles. Son but est de me détruire. Je supposais que c'était sa quête de vivre, mais il me le dit directement. Selon moi, il a pris de la puissance. Je ne sais pas comment réagir. Je dois le faire disparaitre au plus vite de ma vie, sinon je vais devenir fou.
Un instant plus tard, j'ai un pressentiment étrange qui me dit d'aller dans un lieu lugubre, inconnu des locaux. Je ne sais pas d'où cela vient, cependant, je dois y aller. Je me mets sur mes pieds, debout avec difficulté. J'ai les genoux et les chevilles qui craquent en symbiose. Du brouillard s'installe sur la ville. La visibilité est nulle.
Après quelques minutes, je peux commencer à marcher. J'ai plus de facilité à visionner où je vais. Mon instinct me guide jusqu'à la destination. Je ne comprends point comment je fais pour aller quelque part sans savoir où ce lieu se trouve. Toutes les lampes à huile sont éteintes, la cité est dans le noir complet. Je pourrais me faire kidnapper et personne ne pourrait le voir faire. De toute façon, aucune personne de ce monde ne viendrait à mon secours. Je suis oublié du monde des vivants, une cause perdue aux yeux de la haute société. Le vent souffle et sifflote entre les arbres étroitement positionnés les uns au prêt des autres. L'air est désormais glacial, je vais mourir d'hypothermie. Je ne sens plus mes lèvres, cependant ce n'est pas une raison valable pour terminer ma route à si bon chemin.
Au loin, je peux ouïr des sons inconnus de mes oreilles. Est-ce des animaux en chaleurs soit des bruits d'enfant, par contre cela est trop crave et fort pour sortir de la bouche d'un enfant. Pour mieux comprendre, je décide donc de continuer ma route par se fait, découvrir la provenance de ces grognements similaires à un charabia. Je ne comprends guère leur langage, cela doit être un jargon incompréhensible ou le langage d'un peuple ancien venu en ville pour quelconque raison. Ces cris me donnent des frissons de la nuque au tibia.
Je deviens curieux à l'idée de découvrir ce qui s'y cache. Je me dépêche pour que l'excitation interne disparaisse. Je ne me soucis plus de se qui se déroule autour de moi. Mes souliers de cuir crissant sous mes pas humidifiés par la pluie. Je peux percevoir une lueur, celle d'un feu de camp. Je souhaiterais faire demi-tour, par contre mon anxiété me l'empêche. Je suis à quelques mètres de ma destination mystère. Accélérant le pas, je me couvris instinctivement le nez. Je reconnais cette odeur, celle de la chaire moisie. Je passe à travers d'un petit boisé rempli de conifère. Sans regarder devant moi, j'entre dans une énorme toile d'araignée. Je la retire tant bien que mal. Par la faute de mon inattention, je ne remarquai guère que l'araignée était toujours au-dessus de mon pouce. J'essayai de la retirer, mais elle ne bouche point. Celle-ci finit par me mordre. Est-elle venimeuse? Je finis par la frapper et elle se percute contre un arbre. En sortant de cette horreur, je remarque quelque chose qui capte complètement mon attention. C'est la première fois de ma vie que je vois cela dans le ciel. La lune, cette nuit, la lune est pleine, ce qui change de l'habitude, c'est qu'elle est d'un rouge sang.

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Venu Des Ténèbres (En Écriture)
HorrorAbraham Baker n'a jamais eu une vie comme les autres. Il a un don surnaturel, que seul un humain différent peut possédé. Il parle à un être qui est son ami, enfin selon lui. Il a une seule destinée, se venger. Cependant, il a toujours un être dans s...