Nous avançons à une vitesse phénoménale. Madame Rosinski veut régler ce malaise au plus vite et passer à autre chose. À l'intérieur de la pièce, je reste bouche bée. C'est d'une splendeur indescriptible, des plafonds hauts en arche, des colonnes de marbre blanc, des livres à perte de vue, des terrasses ornées d'or, des sofas rosâtres, c'est si merveilleux pour l'œil. La gouvernante entre dans une rangée de livre et nous perd au même moment. Il y en a beaucoup plus que l'impression me donnait. Après quelques minutes à se perdent dans les étagères, la dame se retourne, sursaute et finit par me crier dessus :
-Vous auriez pu me prévenir que vous me suiviez! J'aurais pu mourir par la détresse de votre venue.
Je lui réponds timidement :
-Vous m'avez dit de vous suivre.
Comme à chaque fois que je lui réponds, elle s'empresse de m'interrompre :
-Arrêtez de toujours me répliquer, Abraham. Cela devient lourd à la longue. Compter vous bien chanceux que je vous réside. J'aurais pu vous dire non à notre rencontre. Mais cela vous est bien égal. Quand on est logé et nourri gratuitement, on peut se permettre dit dire et de faire ce que l'on souhaite, au détriment des autres. Aller vous asseoir à une table, cela va m'aider à baisser la pression. Je vais vous rejoindre lorsque j'aurai tout trouvé.
Je me retourne d'un air battu. Je commence à en avoir assez de ces mépris. Si ce n'avait pas été de cette nouvelle, je serais partie depuis des lustres. Elle fait tout pour me rabaisser. Je plein toutes les personnes qui résident avec cette folle. Je ne comprendrai jamais pourquoi ils restent dans cette demeure. Est-ce parce qu'ils n'ont pas les moyens d'avoir une résidence. Mais tout cela n'a pas de sens, pourquoi n'ont-ils pas de langues? Est-ce simplement cet homme qui n'en a pas?
Après quelques minutes passées à atteindre la schizophrène, je lâche un soupir de soulagement en la voyant. J'ai hâte que ce moment infinissable se termine. Elle avance avec un énorme livre rempli de poussière. Celle-ci a de la difficulté à avancer, mais je ne suis pas assez galant pour aller l'aider. Madame Rosinski finit tant bien que mal à arriver à destination. La gouvernante finit par s'asseoir et laisse partir un regard de mort dans ma direction. Elle regarde le livre, puis revient vers moi. Quelques mots sortis d'entre ces lèvres:
-Voilà ce que je cherchais. J'avais presque oublié l'existence de ce manuscrit. Il va répondre à toutes nos questions.
Sa voix est extrêmement douce, j'en conclus donc que je peux parler à mon tour:
-D'où provient cet artéfact?
-Tous mes ancêtres masculins de mon côté paternel étaient des chercheurs, des scientifiques ou des historiens. Ils se sont transmis ce manuscrit de génération en génération. Je dis tous, mais cela débute en 1498. C'est très ancien! C'est pour cela que je généralise à ce point.
J'ai les yeux qui s'écarquillent. J'ai tout de même une hésitation sur les propos qu'elle vient d'émettre. La dame finit par ouvrir le livre. Il doit compter au minimum trois mille pages et je n'exagère pas. Madame Rosinski continu son discourt en tournant les pages avec une délicatesse que seule une femme peut posséder:
- J'ai lu plusieurs fois ce manuscrit. Il est extrêmement fascinant. Certains textes qui s'y trouvent sont méconnus du grand public.
Elle arrête de parler brusquement, puis me regarde les yeux grands ouverts, comme si elle avait trouvé une pépite d'or et c'est le cas de le dire. La voix remplie d'espoir:
-Nous y voilà, la page tant convoitée. J'ai étudié ce passage durant toute ma vie. Je ne suis pas si vieille, mais c'est la recherche d'une vie.
-Pourquoi avez-vous cherché des informations à ce sujet et non un autre? Il doit y en avoir de plus intéressent?
-Certes il y en a plein de fascinants, mais laisse-moi t'expliquer tout depuis le début. Tout commença en 1553, lorsqu'un garçon prénommé Edgar Taylor vit le jour. Il vivait dans une famille de quinze enfants, mais peu dépassaient les quatre ans. Étrange est cette histoire. La famille Taylor avait une mauvaise réputation à l'époque et encore aujourd'hui, cette famille a toujours été niée par la population. Les personnes qui les entouraient prétendaient que cette famille torturait des gens et pratiquaient la magie noire. C'est pourquoi aujourd'hui, ils résident tous à l'écart des autres, dans d'énormes maisons pour montrer leur richesse et leur pouvoir.
Ce qu'elle vient de dire m'interpelle. Faisait-elle partie de cette famille? Cette question me trotte dans la tête, mais je n'ose pas lui demander. La gouvernante continue son histoire:
-À l'époque de Edgar, ils vivaient encore parmi la civilisation. Le voisinage ne voyait pas ce qui arrivait au pauvre petit Edgar. Je pense même que personne ne connaissait son existence. Le jeune garçon vivait la misère. Il était battu par ses parents. Cela était le sort destiné à leur descendance. Voilà pourquoi les enfants ne dépassaient pas les quatre ans, ils étaient trop faibles pour survivre. Edgar avait quelque chose que ces frères et sœurs n'avaient pas, le don de supporter la douleur et de la transmettre à la personne désirez. C'est cela qui finit par tuer ses parents et lui par la même occasion.
Cette histoire est fascinante. Je m'empresse de lui poser cette question avant que l'occasion ne disparaisse :
-Pourquoi est-il mort en même temps que ces parents? Avait-il un sort qui le destinait à vivre cette fin de vie?
-Effectivement, c'était le cas. Ces parents savaient l'existence de ce pouvoir et ils ont pris les précautions nécessaires pour ne pas que le monde tel que nous le connaissons, n'ait jamais été créé.
-Savez-vous pourquoi il se nomme Arimak aujourd'hui?
-La réponse est fort simple, Edgar n'est pas un nom à sa juste valeur. Amiral veut dire langue ancienne, enfer. Cela lui va comme un gant. Il peut détruire ce qu'il veut, quand il veut.
-Et savez-vous pourquoi il a décidé d'être en moi et non quelqu'un d'autre?
Le ton de madame Rosinski changea. Elle est désormais colérique :
-Il n'est pas en vous, Abraham, vous et lui êtes la même personne. Il n'est pas en vous, mais il vous constitue.
Je souhaite lui poser une autre question. J'ouvre ma bouche et au même moment-là gouvernante changea d'expression faciale, comme si cela lui dérange. Elle s'empressa de prendre le livre et me frappe de plein fouet avec celui-ci. Je ne peux même pas me défendre, elle a presque fendu mon crâne. Tout est vague, la dernière chose que mon cerveau put enregistrer, le livre désormais, un tas de poussière.
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Venu Des Ténèbres (En Écriture)
TerrorAbraham Baker n'a jamais eu une vie comme les autres. Il a un don surnaturel, que seul un humain différent peut possédé. Il parle à un être qui est son ami, enfin selon lui. Il a une seule destinée, se venger. Cependant, il a toujours un être dans s...