Chapitre 10 : La salle des mystères

38 14 48
                                    

Ma sœur et moi avons les yeux ainsi que la bouche grande ouverte. Il y a plein de livres aussi vieux et poussiéreux les uns que les autres. Il y a peu de lumière, exceptée celle d'une fenêtre toute noircie et couverte de toiles d'araignées. J'ai horreur des araignées. Si j'en croise une, je vais hurler si fort que les personnes dans la bibliothèque vont toutes savoir que nous sommes dans ce lieu interdit.

Nous voulons commencer les recherches, mais tous les livres sont empilés un sur l'autre. Il y a des piles de plus de cent livres de hauteur. C'est vraiment surchargé, c'est étouffant. Je regarde ma sœur et lui adresse la parole :

-Jeann, tu commenceras à chercher dans la section de gauche et moi dans celle de droite. Nous nous dirons nos trouvailles au fur et à mesure. Cela te convient?

-Je suis en accord avec ce que tu viens de me dire. Plus vite nous commençons, plus vite nous terminons.

Ma sœur part de son côté et moi du mien. Je regarde l'amplitude de la chose et m'enfonce dans le labyrinthe constitué de livres. Je vais mourir étouffé, je vais manquer d'air, d'un moment à l'autre. Je commence à regarder grossièrement et puis je commence à lire les titres. Il n'y en a aucun qui m'inspire confiance. S'ils sont là, c'est pour une bonne raison, personne ne veut les lire. Mais bon, il faut travailler fort pour réaliser nos rêves et cela commence toujours quelque part. Dans mon cas, cela débute ici, dans cette bibliothèque, dans cette pièce secrète. Il va surement y avoir un manuscrit utile pour ma circonstance.

Je commence à chercher pour vrai. Je prends des piles de cinq à six livres. Les titres de livres qui m'ont le plus marqué sont : Le prince et la princesse, le poisson voulant devenir homme, l'amour par le cœur, les champs de nos ancêtres, la vie à la campagne, rien de plus que l'amour. Aucun de ceux-ci ne m'interpelle. Je trouve que nous cherchons dans le vide. Je commence à désespérer. Je suis sur le point de dire à Jeann de partir au moment où je tombe sur un livre. Un livre qui me révélera la vérité au sujet de ma vie, mon futur. J'interpelle Jeann comme suis :

-Jeann! Jeann! J'ai trouvé quelque chose de très intéressant.

-Viens me rejoindre, je veux voir cela. Je suis contente de nous.

Je me retourne brusquement. Sans faire gaffe par malheur, je fais tomber une pile de livres sur le sol. Cela fait un énorme bruit, comme une explosion. Ça y est, nous allons nous faire trouver et nous allons partir vers la prison, j'en suis plus que sûr. J'attends quelques secondes, personne ne vient. J'ai eu extrêmement peur. J'ai cru que nous étions cuits. Je reprends ma marche, par contre cette fois-ci, avec précautions.

J'arrive enfin à destination. Je montre le livre à ma sœur. Je peux remarquer grâce à son visage qu'elle est heureuse de ma trouvaille. Elle prend la parole :

-C'est le Saint-Graal. Toutes ces recherches pour tomber par hasard sur ce fabuleux livre. « Les créatures et légendes retirées de la Sainte-Bible ». Je n'en crois pas mes yeux. C'est fabuleux! Garde-le prêt de toi, celui-ci peut être très utile.

Je respecte son conseil. Je fais juste me retourner et elle m'interrompt à son tour. J'espère que c'est important ce qu'elle veut me dire. Nous n'avons point toute la journée pour chercher ici, il faut se dépêcher. D'un air enjoué, elle me dit :

-J'en ai trouvé un. Il se nomme « L'histoire de l'ensorcellement » . Cela va être utile, garde-le aussi.

Elle me donne le bouquin. Celui-ci pèse une tonne ou même deux. Jeann prend vraiment ce projet trop à cœur. Elle va en devenir folle. Cela me donne une preuve d'affection, c'est ce qu'il me fallait pour être heureux. Je suis comblé de joie. C'est la première fois de mon existence que je reçois de la compassion, je suis comblé.

Je retourne voir s'il n'y a pas d'autres livres à mon sujet. Je fais extrêmement attention pour ne pas refaire tomber des livres. Je ne voudrais pas me faire prendre et retourner en tôle. J'y ai assez vécu d'horreurs pour ne pas vouloir y retourner. Je vois, sur le sol, une page de journal. Celle-ci est très piétinée, les gens l'ont tous oubliée. Je la prends tout doucement pour ne pas la déchirer. J'y enlève quelques millimètres de poussière. Quand le texte devient lisible, je me mets à le comprendre. Il y est écrit : « Un enfant a transformé sa mère en monstre, tout comme lui. » Ce journal parle de moi, car je me trouve à être sur la photo. Cela veut tout dire, je suis un criminel à travers le pays en entier. Je comprends maintenant pourquoi les habitants me regardaient étrangement à mon arrivée. Je regarde si ma sœur me jette un petit coup d'œil, ce n'est pas le cas. Dans cette circonstance, je le plie en deux et j'entre le journal délicatement dans la poche intérieure de mon costard.

En y repensant, cela doit faire presque vingt longues et pénibles minutes que moi et Jeann n'avions rien trouvé de palpitant. Je cherche précisément, livre par livre, dans les piles. Je suis sur le point de prévenir ma sœur que nous allons partir très prochainement quand tout à coup, je tombe sur un nouveau livre. Celui-ci s'intitule « Mafiaren Hiria, là où tout a commencé ». Je m'empresse de dire à ma sœur ma nouvelle trouvaille, mais pas de chance, nous pouvons percevoir des bruits de pas de l'autre côté de la porte. Je me mets en mode panique. Je ne sais pas quoi faire ni comment réagir. Si nous nous faisons prendre, que dois-je dire ? Je n'ai pas préparé de texte. Je décide donc de me cacher derrière une large étagère de chêne. Je ne vois plus ma sœur, je souhaite qu'elle se soit très bien caché où qu'elle ne peut pas être perçue. Je peux entendre des voix, il y en a deux. Je me concentre pour comprendre ce qu'ils disent. J'entends la préposée qui dit :

-C'est ici que j'ai entendu les bruits de pas et des chuchotements. Pouvez-vous aller voir, monsieur l'agent, dit la bibliothécaire en sanglots.

-Bien sûr, mademoiselle. Je suis toujours à la rescousse de mes citoyens, surtout quand il s'agit d'une belle femme de votre genre.

-Que vous êtes si courageux! Je voudrais que mon mari soit comme vous.

-Tout est encore possible avec moi. Je vous dirai s'il y a quelque chose à ma sortie, d'accord ma jeune dame?

Je suis sûr que ces deux-là, leur histoire va se terminer en lune de miel romantique. J'entends la porte ouvrir avec un énorme grincement lugubre. Je ne peux pas voir qui est cet homme à la voix exagérément grave. Il doit être assez costaud, peut-être même un poil obèse. Sa voix peut se faire entendre :

-Bonjour, il y a quelqu'un. Je ne veux pas vous faire de mal. Je suis venu ici au nom de la justice répondez. Je n'ai pas toute la journée.

Aucune parole ni son se fait entendre. Je l'entends faire plusieurs pas, il est surement en pleine recherche. Des piles de livres renversés, des étagères renversées. L'homme retourne sur le bord de la porte et parle plus strictement, puis referme la porte :

-Je vais être de l'autre côté de la porte jusqu'au moment où vous allez sortir de cette pièce sombre et lugubre.

La porte refermée, je sors de ma cachette. Je fais des tout petits sons pour savoir où est rendue ma sœur. Elle ne bouge point. Pense-t-elle que je suis l'homme? Je redis son nom :

-Jeann, es-tu là? Réponds-moi s'il te plaît. C'est moi, Abraham ton frère.

Je la vois sortie de sa cachette. Elle était sous un tas de romans. Nous avons une grande décision à prendre, soit nous sortons et allons en prison ou bien nous restons enfermés jusqu'à notre mort. Je dis toutes les propositions à ma grande sœur. Elle me dit sa réponse. Celle-ci est la plus intelligente et la plus simple. Je mets ma main sur la poignée de porte, appuie sur la clenche et ouvre tout doucement la porte. À première vue, il n'y a personne, mais est-ce vraiment le cas?

Venu Des Ténèbres (En Écriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant