Chapitre 13

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        Kiara fixait la blessure grouillante d'Alix, sa peau qui se noircissait davantage à chaque minute. Puis son amie se transforma en une femme hideuse, aussi laide que l'était Elisa à présent, Kiara poussa un cri d'effroi. Alix l'injuriait pour lui avoir volé ce qu'elle avait de plus cher, Maël. Elle portait le médaillon trouvé à l'asile par ce dernier, l'initial gravé n'était plus un R, mais un M comme Maël, d'ailleurs le jeune homme se tenait à ses côtés, toujours aussi sublime pour sa part. Il embrassait avec démence la bouche ensanglantée de la chose qu'était devenue Alix, un ventre proéminent se dessinait sur sa silhouette, et il bougeait... Oui il bougeait frénétiquement, comme un rat qui, après avoir ingéré du poison, ce débat une dernière fois dans un élan vain de survie. Le regard d'Alix posé sur Kiara n'avait plus son éclat saphir d'antan, il était maintenant aussi froid que la glace, aussi perçant que la flèche d'un arc prête à être décochée, une main posée sur son ventre, elle s'adressait à Kiara dans un dialecte ancien qu'elle reconnut néanmoins, le latin. « Natus est peccatum mihi fructus ventris tui, et fructus coniungar amor noster, pueri puer est malum et bonum et fiet unum. Et quia sanguis tuus erit in illa influunt, non solum mortis, libera eum ». 

Les mots cinglaient le visage de Kiara telle que la marque d'un fouet s'abattant sur des chaires tendres ; la jeune fille rassemblait ses connaissances en la matière afin de déchiffrer ces paroles douloureuses, « De moi naîtra le fruit de ton péché, couplé au fruit de notre amour, l'enfant du mal et l'enfant du bien ne feront plus qu'un. Et puisque ton sang coulera en son sein, la mort seule le délivrera. ». À cet instant même, une créature démoniaque arrachait un cri de douleur intense à Alix possédée, Maël restait calme, regardant avec émerveillement la chose disgracieuse qui se frayait un chemin par le vagin en décomposition de la damnée. Convulsée qu'elle était, elle hurlait et riait à la fois, un rire à glacer le sang. Là un enfant gisait sur le sol, dans une marre de sang et de liquide amniotique aussi sombre que le pétrole, Kiara ne pu se retenir de vomir ses tripes face à ce spectacle des plus repoussant. 

En s'approchant de l'enfant Kiara découvrit qu'une moitié de lui, ressemblait trait pour trait à Alix, et l'autre moitié, aussi bizarre que cela puisse paraître, à elle... Mais Alix ne lui laissa pas prendre l'enfant dans les bras, elle s'empara d'une hache et trancha d'un coup sec le bébé en deux parties totalement symétriques, le visage d'Alix et celui de Kiara reposait sur le carrelage glacé de l'asile, sans vie. Sans comprendre pourquoi, Kiara ressentit une tristesse immense face à cet enfant qu'Alix avait dit être le leur, à elle et Maël. D'ailleurs celui-ci fout de rage que Kiara ait causé la mort de sa « fille », courait à présent dans sa direction, ramassant la hache tachée du sang du nourrisson, il lui trancha la tête à son tour. 

C'est à ce moment-ci que Kiara se réveilla en sursaut, trempée de sueur, son visage maculé de larmes, le lit glacé, elle remarqua bien vite que la responsable n'était pas totalement la transpiration, elle s'était littéralement pissé dessus. Chamboulée par son cauchemar mais encore plus honteuse de son pipi au lit à 16 ans, elle s'empara des draps qu'elle alla directement mettre dans la machine à laver à la vitesse la plus rapide, pas question que ses parents les trouvent le lendemain, elle ne voulait que personne ne soit au courant de cet incident. Alors pendant que le linge de maison tourbillonnait dans le tambour de la machine, elle s'affaira à frotter le matelas et à le sécher au sèche-cheveux, cela pris du temps mais grâce à cela, elle pu mettre le linge à présent propre dans le sèche linge. Elle ne dormit pas, attendant que le tout soit sec, puis refit son lit, ni vu ni connu.

N'ayant pas fermé l'œil de la nuit, Kiara avait abusé du maquillage avant de partir en cours, la mine un peu plus fraîche bien que totalement artificielle, elle espérait qu'on ne découvrirait jamais son secret, même si elle le savait pertinemment, sur un visage fatigué personne n'irait lire que la cause était un pipi au lit.

Le terrible secret de LassererOù les histoires vivent. Découvrez maintenant