Entre deux mondes...

Chapitre 19 : Prise de pouvoir

Point de vue de Théodora

Je suis profondément troublée par la venue d'Abygaëlle, notre empreint semble s'être encrée davantage encore qu'elle ne l'était, se rappelant douloureusement a moi comme une preuve de cette vie qui n'est plus mienne...

Instinctivement, je regarde mon avant-bras, mais mon nouveau statut de chef s'accompagne de la tenue de circonstance et si mes bras sont nus, mes avant-bras son couvert de brassards en cuire marron.

Les choses ont changés à une telle vitesse que j'en ai le tournis, à commencer par mon nom, désormais, je suis « Sha-a-vi Crahaci ». Sha-a-vi est mon titre de chef, il pourrait être traduit par, celle qui a vaincu. Crahaci est mon nom, les Soricos ont énormément de légendes et parmi elles, celle d'une femme qui vaincra et changera le court des choses, il semblerait que ce soit moi.

Ma présence divise ce peuple déjà fragile, il y a ceux qui n'accepte pas qu'un chef Sorico soit une femme, une humaine de surcroit, mais je compte surtout sur le respect de ceux qui croient que je suis celle qui incarne cette femme de la prophétie.

Je parviens à faire changer les choses peu à peu, je gagne le respect de quelques membres important de cette civilisation, mais ceux qui me sont réellement hostile le sont de plus en plus, et la haine qu'ils me vouent grandit avec les mesures que je prends pour rendre la vie de ce peuple moins pénible, sans combats inutiles, sans terrifier les peuples alentours.

Un mois que je dirige du mieux que je peux... J'ai appris à m'entourer de personnes respectables, parmi elles, Vélycia. Elle est sans aucun doute mon meilleur atout, fille du chef Sorico ayant tenu le plus long règne à ce jour. « Gha-a-vi Estupio », que l'on traduirait par « celui qui murmure à vaincu », est resté plus de quinze ans en tête de ce peuple qui change de chef presque tous les ans depuis, ce qui n'annonce rien de bon pour moi... Quoi qu'il en soit, Vélicya est admirée de tous, pour son charme, son intransigeance et sa clairvoyance.

Après un énième débordement, impliquant la mort d'un Sorico suite a une bagarre, les tensions montent d'un cran, je me sens prise au piège, sans solution pour apaiser ce feu que j'ai allumé.

— Vous devriez mettre en place des combats...

Je n'ai pas entendu Vélycia entrer et sursaute en me retournant sur ses traits déterminés et soucieux.

— Veuillez excuser mes propos Sha-a-vi, je viens d'outre passer mes droits... ajoute-t-elle en baissant les yeux.

— Non ! Ce conseil me paraît judicieux. De tels combats ont-ils déjà été mis en place ?

— Oui, durant les trois années de quarantaine.

— Une quarantaine ?

— Oui, il y a six ans, la princesse Adélaïde a enlevé mon frère, imposant à mon père une mise à l'écart, nous ne devions pas dépasser le périmètre géographique qui était convenu.

— Je ne comprends pas... Pourquoi a-t-elle fait ça ?

— Pour nous contrôler, pour... asseoir sa supériorité sur notre peuple...

Elle grimace sous ces mots et je comprends à quel point j'ai été stupide... Six ans... le plan d'Adélaïde est décidément très bien ficelé.

— Comment cette quarantaine a-t-elle prit fin ?

— Mon père est mort. Un autre a pris sa place et depuis, mon peuple a non seulement renoué avec ses habitudes barbares, mais aussi avec de nouvelles traditions, des... offrandes pour un dieu qui est mystérieusement sorti d'un livre ancien retrouvé comme par magie...