𝙱𝚊𝚌𝚔 𝚃𝚘 𝚃𝚑𝚎 𝙾𝚛𝚒𝚐𝚒𝚗𝚜 [En pause]

𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟺

Ma guitare m'accompagne partout depuis maintenant 10 ans. Je ne me suis jamais déplacée sans elle. Elle a toujours été là pour moi, que ce soit dans les bons moments, comme dans les mauvais. Elle était là quand je n'avais personne, elle m'écoutait quand je n'avais personne, elle me réconfortait quand je n'avais personne. C'est un des objets auquel je tiens le plus. Pour certaines personnes, ce n'est qu'une simple guitare, un simple instrument musique, pour moi, c'est beaucoup plus que ça. J'ai joué et chanté tellement de chansons que je ne pourrais pas les compter. Seulement, il y en une que j'ai joué plus que les autres, que j'ai chanté plus que les autres : 11:11 de Taeyeon. Pourquoi? Je me pose la même question. C'est une de mes chansons préférées, elle est agréable à jouer, j'aime énormément la chanter et puis...les paroles...Je m'y identifie totalement. J'ai l'impression qu'elle a été écrite pour moi. Quand je l'ai découverte, je ne connaissais pas encore Arthur. Je l'adorais déjà mais elle n'avait pas de signification particulière. Elle a prit tout son sens quand il m'a larguée comme une vieille chaussette.

Comme à mon habitude, je m'assois en tailleur sur mon lit, ma guitare posée sur ma cuisse. Je vérifie qu'elle soit bien accordée et, avec mon médiator, commence à gratter les cordes au hasard. Une fois, deux fois...Mes doigts se placent pour former les accords puis je commence. Je ferme les yeux tandis que les paroles me reviennent en tête. Je m'enferme dans ma bulle, j'oublie tout autour de moi. La musique me transporte dans un autre monde, un monde où il n'y a qu'elle et moi, un monde que je ne voudrais jamais quitter. Hélas...c'est impossible. Aussitôt que j'ai terminé la chanson, on frappe à ma porte et ma bulle éclate. Grand-mère entre avant que je ne lui en donne l'autorisation.

-C'est moi ma chérie. Oh, excuse moi, tu jouais.

-Non c'est bon grand-mère, j'avais terminé.

-Chouette. Je voulais juste te dire que grand-père et moi avions décidé de t'emmener manger dans le restaurant de ton choix ce soir, pour fêter ton arrivée. Donc exceptionnellement,on n'ouvrira pas.

-C'est vrai? Trop cool! On y va à quelle heure?

-Soit prête pour 19h30. Et choisit l'endroit où tu veux aller.

Elle referme la porte, puis redescend. C'est trop génial! C'est la première fois que je vais manger au restaurant depuis que je suis arrivée il y a 3 semaines. Ne reste plus qu'à savoir où est-ce qu'on va aller. Je pose ma guitare sur mon lit puis tend le bras pour attraper mon téléphone sur ma table de chevet. Je cherche les restaurants aux alentours, sauf qu'il y en a beaucoup trop pour que je puisse faire un choix. Aller, fais un effort Hana, c'est pas la mer à boire. Papa me parlait souvent d'un restaurant où il allait avec ses amis quand il était à la fac. C'était quoi son nom déjà...? J'ai envie de l'appeler pour lui demander. Je cherche son numéro dans mon répertoire puis porte mon téléphone à mon oreille. J'ai envie qu'il décroche, je veux qu'il décroche. Je veux qu'il décroche et que tout ça ne soit qu'un mauvais rêve. Je veux entendre son habituel «oui mon canard», quand il répondait à mes appels. Je veux entendre sa voix, tout simplement. Je veux pouvoir lui dire qu'il me manque parce qu'il travaille beaucoup, je veux pouvoir l'entendre dire que je lui manque aussi, mais qu'on se verra bientôt. Je veux qu'il soit là, de l'autre côté du téléphone. Une sonnerie...deux sonneries...trois sonneries...Répond, je t'en supplie... «Bonjour, vous êtes bien sur le répondeur...». Je raccroche, une larme coulant sur ma joue, suivie d'une autre. Ce n'est pas un rêve...il est bien parti...avec maman...Ils sont partis tous les deux, ils m'ont laissé...Il m'arrive encore d'avoir du mal à réaliser...enfin...je pense que je ne réaliserais vraiment jamais. Je ne sais pas si vous connaissez cette douleur, quand vous avez un trou béant dans le cœur, avec l'impression qu'il ne se refermera pas. Qu'il faudrait le recoudre et même que malgré ça, la douleur ne s'en aille pas. Ou alors...la sensation qu'on vous l'a arraché puis qu'on l'a piétiné comme un vulgaire paillasson.