Chapitre 4 [1/2]

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Ryan

14.09.1696

J'avais trop chaud. L'impression d'être écrasé par un poids m'était permanente. Je voulus saisir le couteau qui se trouvait contre mon mollet, mais je m'aperçus avec une angoisse grandissante qu'il ne s'y trouvait plus.

Ne pas paniquer, c'était la pire chose à faire lors d'une situation désespérée. Je sentis alors quelque chose de soyeux sur mon torse et je remarquai alors ce qui se passait. Sacha s'était déplacée durant la nuit et avait dormi sur moi. Je soupirai, sa crise de hier soir me revint à l'esprit. Au moment où cela c'était produit, je n'avais pas vraiment capté ce qu'il s'était passé. Mais après réflexion, il me semblait avoir compris qu'elle avait fait une crise d'angoisse.

J'observais son visage paisiblement endormi. J'essayais tant bien que mal de trouver une raison qui aurait poussé cette jeune fille à devenir une catin. Elle était belle, avec un caractère prononcé, elle aurait trouvé sans souci un mari, alors pourquoi commencer une carrière dans la prostitution ?

— Ça fait longtemps que tu me regardes dormir ?

Pris en flagrant délit, je détournai le regard. Sacha me laissa enfin respirer et s'enleva de mon buste. Je pus enfin me redresser, je ne trainai pas plus longtemps dans le lit.

Sacha se rallongea et couvrit sa poitrine avec le drap. Sûrement une habitude qu'elle avait prise en travaillant dans une maison close. J'avoue que j'étais angoissé, j'allais devoir demander à Kai pour introduire Sacha dans l'ordre, et honnêtement je n'avais aucune idée de comment le grand maître allait réagir.

— Lève-toi, ordonnai-je. On a du taf aujourd'hui.

— Tu ne vas pas encore tuer ?

— C'est mon métier je te rappelle ! Mais non, il faut que le grand maitre t'introduise dans l'ordre.

— Comment ça va se passer ?

Bonne question. Je ne devais pas avoir plus de dix ans lorsque j'étais arrivé ici, alors je ne me souvenais pas vraiment comment cela c'était déroulé. La seule chose dont je me rappelais distinctement, c'était le moment où l'on m'avait gravé le tatouage au niveau de la clavicule gauche. Ça m'avait fait mal mais je l'avais supporté, et maintenant, je ressentais de la fierté en voyant cet emblème.

Sacha se leva, toujours entourée de mon drap. Franchement je ne comprenais pas ! Tous les soirs, elle se faisait caresser et déshabiller par des hommes qui avaient payé et devant un mec qui ne cherchait absolument pas à la baiser, elle ne voulait pas. Il faudrait sérieusement m'expliquer.

— Qu'est-ce qui va m'arriver si le grand maitre ne veut pas que je fasse partie de l'ordre ? demanda Sacha.

— Tu dépendras de mon bon vouloir, si je veux te tuer, j'en ai le droit.

— Mais tu as dit qu'il ne m'arriverait rien !

— Je t'avais avertie, il ne fallait pas t'aventurer sur le chemin sanglant de l'ordre.

C'était fou, mais j'avais l'impression de vraiment me répéter tout le temps avec elle. Je soupirai fortement et lui lançai des vêtements.

— Allez on se dépêche ! Je veux m'occuper de cette affaire avant d'aller déjeuner.

— Ça t'arrive de manger ? demanda Sacha étonnée.

Je me tendis d'un coup. Je détestais vraiment aborder ce sujet. Oui je mangeais, mais je ne prenais pas de poids, en quoi cela dérangeait ? Je faisais beaucoup de sport et mangeais peu, il était normal que je ne sois pas très épais. Mais ce n'était pas pour autant que j'étais anorexique, même si mes collègues l'affirmaient ! En parler avec eux était devenu un sujet de plaisanteries, je n'aimais cependant pas en parler avec des étrangers.

Frères du Croissant d'orOù les histoires vivent. Découvrez maintenant