Chapitre 39

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Ryan

03.06.1697

Une odeur étrange régnait autour de moi. Était-ce de l'alcool ? Ou plutôt du vinaigre ? Mes sens étaient atténués, je ne ressentais rien, ou plutôt je me sentais en paix avec moi-même.

La crainte revint d'un seul coup. Scott m'avait-il vraiment enlevé ? J'essayai de me relever mais des chaines bloquèrent mon mouvement et je constatai que j'étais acculé au mur. Mes chevilles étaient bloquées ainsi que mes poignets, je ne pouvais rien faire. Tenter de me libérer ne faisait qu'aggraver mes blessures.

Que s'était-il passé depuis que je m'étais évanoui dans cette rue ? Je n'en savais strictement rien, il fallait pourtant que je sorte d'ici. Mais comment ? Et où étaient passées mes armes ? Je cogitais toujours lorsque la porte s'ouvrit dans un sinistre grincement.

— Tiens donc, tu es réveillé.

La voix nasillarde de Scott me transperça les tympans. Sept ans que je n'avais pas entendu ce mépris, sept ans que je voulais sa mort, sept ans que je ressassais sempiternellement mon passé. Cet homme m'avait volé ma jeunesse et il allait m'arracher ma vie.

La porte se referma et je vis Enzo appuyé contre le mur, le regard fuyant. Ainsi donc il était impliqué dans toutes les magouilles de son père. Je ne pus m'empêcher de rire en imaginant ce jeune homme comme l'amant d'Alec. Amant que le prince n'avait pas hésité à quitter pour mon compte. Il fallait croire qu'Enzo ne valait pas le coup.

— Cesse de rire, m'ordonna Scott.

Je n'avais plus l'habitude de ce ton froid et méprisant et je n'obéis pas. Après tout, la servitude n'était pas un caractère inné, il était acquis. Je me l'étais inoculé durant mes années chez lui, je n'en avais pas eu conscience, mais maintenant, je savais qu'il s'était dissout dans mon sang. Si Scott ne m'avait pas frappé violemment au visage, je lui aurais craché mon venin.

— Toujours aussi indiscipliné, me sermonna-t-il.

— Comme si vous aviez réussi...

Un coup de poing fit craquer mon nez et je sentis des perles de sang couler. Cet enfoiré m'avait probablement cassé le nez. Je serrai les dents alors qu'il s'exclamait :

— Je ne m'étonne plus que ta mère ait voulu te vendre.

— Quoi ?

Ma mère m'avait abandonné. Jamais elle ne m'aurait vendu ! Scott délirait. Ou alors était-ce la vérité ? Que devais-je croire ? Je détestais ma mère, pour tout ce qu'elle m'avait fait, mais m'avait-elle vraiment fait subir quelque chose ?

Scott continuait à rire idiotement tandis que son fils gardait obstinément la tête baissée. Je fis un mouvement pour me dégager de mes chaines, mais ça ne servit à rien.

— Tout doux jeune homme.

— Je ne suis pas votre chien ! Vous n'êtes qu'un salopard !

Un nouveau coup au visage me fit taire. Cet homme avait décidément toujours de l'emprise sur moi. C'était insupportable. Je tentai de me relever et demandai d'une voix rauque :

— Pourquoi dites-vous que ma mère m'a vendu ? Vous ne savez rien de ce qui m'est arrivé !

— Au contraire Ryan, je sais de nombreuses choses à ton sujet.

Entendre mon prénom dans la bouche de cette ordure me fit frissonner. Qu'avais-je raté ? Scott finit par s'asseoir dans un fauteuil que je n'avais pas remarqué. Il appuya sa tête sur sa main tout en posant son coude sur l'accoudoir.

Frères du Croissant d'orOù les histoires vivent. Découvrez maintenant