Chapitre 33

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Ryan

01.06.1697

D'un pas furieux, je remontai le couloir de l'ordre jusqu'au bureau de Kai, enfin son ancien bureau. Je tremblais de rage, je n'arrivais plus à me contrôler, l'acte du Comte me répugnait ! Comment pouvait-on faire cela à un membre de sa famille ?

Je me stoppai net devant la porte, je savais que sous le coup de la colère, j'allais dire des bêtises. Je soufflai fortement et toquai à la porte avant d'entrer.

— Ryan, enfin !

— Monsieur le Comte, dis-je en m'inclinant.

Je me mordais la lèvre pour ne pas l'insulter. L'oncle de Kai s'assit contre le bureau et croisa les bras sur sa poitrine. Le silence s'installa tandis que je sentais mes yeux passer au cobalt. La colère m'étreignait, j'avais à nouveau des pulsions meurtrières, et cette fois-ci plus contre ma mère ou Scott, mais bien contre le Comte.

— Eh bien, Ryan, tu n'as rien à me dire ?

— Non.

Je ne m'excusai même pas, il n'y avait aucun respect dans ma voix, je n'admirais pas du tout cet homme pour avoir une quelconque forme de déférence à son égard. Le Comte fit claquer la langue contre son palais d'une manière désapprobatrice.

— Quel caractère ! je n'ai jamais eu un employé aussi...

— Têtu ? suggérai-je.

— Isolent plutôt.

— J'en suis honoré.

S'il n'essayait pas de se contrôler, j'aurais déjà reçu une gifle. Se levant, il passa derrière son bureau, ou devrais-je dire le bureau de Kai, et saisit quelque chose tout en disant :

— Il faudrait peut-être t'éduquer un de ces jours. De plus, tu mérites une sanction pour avoir déserté.

— Parce que je vous ai contredit et que je vous ai tiré dessus plutôt, intervins-je.

Le Comte stoppa son geste et me regarda d'un air qui ne me disait rien qui vaille.

— Quelle vivacité d'esprit. Je comprends mieux pourquoi mon idiot de neveu t'appréciait autant.

— Kai est loin d'être stupide ! Et arrêtez de parler de lui au passé !

— Avec les blessures que je lui ai infligées, il ne va pas rester en vie bien longtemps.

Il lui avait presque arraché les veines du poignet en enlevant le tatouage, heureusement il avait été trop maladroit pour que ce soit le cas. Mais je craignais que Kai ne perde beaucoup de sang.

Mes yeux étaient d'un noir d'encre, jamais je n'avais eu une envie meurtrière aussi forte. Mon souffle était saccadé, comme si une pierre bloquait son accès à ma gorge. Mon coeur, lourd de vengeance, pesait son poids dans ma poitrine, il menaçait de se décrocher.

Le Comte fit tomber un objet sur le bureau et j'eus un mouvement de recul en le reconnaissant. Kai avait-il vraiment eu cet instrument dans son bureau ? Malgré la perspective d'une sévère correction, je ne laissai pas la peur m'envahir.

— À ton avis, que vaut ta désertion ? demanda-t-il.

— Je ne pense pas qu'elle vaille vraiment quelque chose face à l'usurpation d'un titre que l'on ne mérite pas...

Furieux, le Comte s'écria :

— Six coups devraient te remettre dans le droit chemin ! Enlève ta chemise.

L'ordre fut implacable, il ne méritait aucune contestation. J'enrageais de devoir me soumettre aussi facilement, sans me rebeller. Le Comte saisit l'objet et vint se placer derrière moi, tandis que je pivotais pour ne pas le perdre du regard.

Frères du Croissant d'orOù les histoires vivent. Découvrez maintenant