Chapitre 35

203 23 115
                                    

Ryan

02.06.1697

J'avais le coeur lourd lorsque je quittai Kai. Mais que pouvais-je faire de plus ? Il fallait le faire sortir de cet endroit. Le voir enchaîné tel un prisonnier de guerre ne m'enchantait absolument pas. Mon esprit s'était tranquillisé, les plaies de Kai avaient été nettoyées. Je revoyais son poignet, dont la peau avait été saccagée, toujours imprimé de l'encre colorée à moitié arrachée.

Rowe n'était plus dans la chambre lorsque j'y entrai. Je ne pris pas la peine de le chercher et me laissai tomber sur le lit, prenant soin de dormir sur le ventre. Alors que des bribes de sommeil m'assénaient, mon inconscient échafaudait un plan pour faire sortir Kai.

***

Je me réveillai en sursaut. Bon sang combien de temps avais-je dormi ? Je repoussai les draps, agrippai mes armes et sortis de la chambre en courant. La journée s'annonçait chargée et je n'avais pas une minute à perdre, il fallait que j'aille voir Alec.

Sortant du QG aussi discrètement que je le pouvais, je pris la direction du château. Seul Alec pouvait m'aider à sortir Kai du traquenard dans lequel il était.

Les rues de la ville me paraissaient bien vides depuis l'attaque du royaume voisin. Des traces d'hémoglobine persistaient sur les murs et l'odeur métallique du sang imprégna rapidement mes habits. Le soleil semblait avoir disparu, le brouillard recouvrait le dallage irrégulier de pavés, rajoutant un effet surréaliste au lieu.

Tel un félin, je me laissai glisser dans les jardins royaux. Cet endroit m'était désormais étranger. C'était pourtant ici que j'avais trouvé l'une des pièces maîtresses de l'agression d'Alec. Cette agression restait un mystère d'ailleurs, je n'arrivais toujours pas à la résoudre et je ne pensais pas y arriver un jour. Je n'avais pas respecter ma part du marché alors qu'Alec m'avait amené à la source mère.

Un aboiement me tira de mes pensées et je grimpai le long d'une colonne, me tirant ensuite sur le balcon. Je m'étirais, même si les plaies dans mon dos protestèrent. Je ne pris pas la peine de toquer à la vitre et entrai, le visage caché par mon capuchon.

Près d'un fauteuil, Alec venait de se retourner brusquement. Ses cheveux étaient détachés et avaient été soigneusement brossés. Dans son regard, je lis une certaine incompréhension et je sentis mon cœur se serrer.

— Plait-il ? demanda-t-il.

Je restai silencieux. Le faisait-il exprès ? Ce prince me prenait vraiment pour un idiot. D'un geste qui se fit rageur, j'enlevai mon capuchon, révélant mes cheveux argentés et mes yeux bleu nuit.

— Tu ne me reconnais pas ?

— Ryan ? Mais qu'est-ce que tu fais ici ?

Écarquillant les yeux, il croisa les bras sur sa poitrine et j'eus l'impression qu'il me prenait de haut. Je n'aimais pas ça.

— Je suis venu te demander de l'aide, déclarai-je.

— Et de quoi as-tu besoin ?

— C'est pour Kai.

Alec éclata de rire. Je me figeai tellement sa réaction me surprenait. La colère monta et je fis un effort pour me contrôler, il ne fallait pas le brusquer. Le Dieu des assassins finit par se calmer et s'assit dans l'un des fauteuils en croisant les jambes.

— Crois-tu vraiment être en position de me demander de l'aide ?

— Alec...

— Je ne sais toujours pas qui m'a agressé. Pourtant, j'ai honoré ma part du marché.

Frères du Croissant d'orOù les histoires vivent. Découvrez maintenant