Chapitre 25

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Alec

25.12.1696

— Alec ?

Je me retournai brusquement et aperçus Ryan, débraillé et décoiffé, debout à côté d'une colonne. Figé, il me dévisageait avant de dire d'une voix incertaine :

— Est-ce que tu...pleures ?

D'un rapide mouvement, j'essuyai mes joues et enlevai les larmes que je n'avais pu retenir. Mon pouvoir était de plus en plus bancal, j'avais des pertes de mémoire et Kai m'accusait d'avoir violemment frappé Ryan. Était-ce vrai ?

De l'hémoglobine gouttait sur ma main. C'était étrange...M'étais-je blessé ? Non. La réponse s'imposa d'elle-même, je n'avais aucune blessure, je pleurais du sang. Oh mon dieu ça commençait.

— Alec ! Est-ce que tu es blessé ?

Ryan finit par parler et s'avança. Je le stoppai, la paume levée devant moi. Il ne fallait pas qu'il m'approche, je risquerais de lui faire du mal.

— Arrête-toi ! criai-je.

— Je n'obéis qu'à Kai, répondit-il en balayant mon ordre d'un geste de la main.

Je connaissais bien l'allure qu'il adoptait maintenant. C'était celle de la confiance, de la détermination, celle qu'il avait lorsqu'il tuait. J'avais vu plusieurs fois le Vampire d'argent en action et j'étais passablement impressionné.

Kai savait très bien choisir l'assassin parfait pour une mission. La manière de tuer était l'un des premiers critères. Venait ensuite une question économique, combien coûterait le tueur pour une mission et quelle somme le client était-il prêt à mettre ? Le dernier paramètre était la rapidité du meurtrier, plus il était rapide, plus il avait de chance d'obtenir une mission importante.

Le Croissant d'or était le meilleur ordre de la capitale et avait les quartiers de la zone noble, raison pour laquelle j'avais privilégié cet congrégation. Et en effet, le travail ne manquait pas, de nombreux clients rencontraient Kai, à l'extérieur du QG évidemment, pour lui demander un assassin afin d'éliminer quelqu'un sous X prétexte.

J'étais, tout comme Ryan, très demandé.
Les ordres d'assassins n'engageaient pas de tueurs à gages, car ceux-ci avaient trop d'attaches au monde mondain. Les tueurs d'ordre en soi n'étaient pas rémunéré. L'argent de la mission revenait au Croissant d'or, donc à Kai qui l'utilisait pour couvrir les moindres frais de ses hommes.

Bientôt, je ne pourrai plus travailler au Croissant d'or. Si mon père avait perdu une bataille qui avait permis à l'ennemi de prendre la capitale, il était probablement mort. Une fois que j'aurais bu l'eau de la source mère, je pourrais repousser les assaillants et le trône me reviendrait de droit, j'étais le seul héritier.

— Ne m'approche pas, je vais te faire mal ! dis-je tout en reculant.

— Tu m'as déjà frappé, je crois que tu ne peux pas faire pire.

— Arrête-toi ! répétai-je.

— Non.

J'étais au bord du bassin, si je reculais, ne serait-ce que de quelques millimètres, j'allais tomber. Ryan se posta juste devant moi, nos deux nez se touchaient presque, et je sentais son souffle quasi saccadé.

— Si tu dois sombrer, je ne te laisserai pas seul, dit-il simplement.

— Ryan...

— Je sais tout Alec.

C'était impossible, je n'avais jamais expliqué quel était mon pouvoir, pas même à Kai, sauf peut-être à Enzo. Mais l'avais-je vraiment fait ? Ma mémoire s'effaçait ! Certains détails m'échappaient, je ne savais plus ce que j'avais dit à Enzo. Savait-il pour mon pouvoir, pour le rubis, pour ma seconde identité ?

Frères du Croissant d'orOù les histoires vivent. Découvrez maintenant