Chapitre 40

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Ryan

04.06.1697

Assis à table, je me sentais mal à l'aise vis à vis de ma mère. Elle avait absolument voulu que je reste manger pour reprendre des force, c'était surtout pour savoir ce que j'étais devenu ces dix-sept dernières années. Je n'avais rien expliqué de ce qui m'était arrivé après qu'elle m'ait vendu auprès de Scott, je m'étais contenté de deux ou trois détails. J'omis bien évidemment mon métier de tueur. Louis ne me lâchait pas d'une semelle, ravi de savoir que j'étais son grand frère, il l'avait tant espéré.

Je regardai l'horloge qui indiquait 20h08, le temps filait vite et Kai avait besoin de moi. Je me levai et d'un geste digne de la noblesse, remerciai mes hôtes.

— Tu pars déjà ? demanda ma mère contrariée.

— Oui, j'ai du travail.

— Du travail ? À cette heure ?

— Bien sûr.

J'embrassai ma mère sur le front, serrai la main de mon beau-père et passai une main dans les cheveux de mon petit frère. Je me rendis compte, que je n'avais plus d'armes. Il allait falloir se débrouiller sans. Je me dirigeai vers la porte du salon et avant de dire :

— J'étais heureux de vous avoir revu.

— Vas-tu revenir ?

— Probablement pas.

***

Ce moment de calme chez ma mère m'avait au moins remis les idées en place. Si Kai avait réussi à échapper à son exécution publique, il ne pouvait se réfugier qu'à un seul endroit : auprès de Thalia.

Je m'aventurai dans la forêt et évitai les ronces qui menaçaient de me retenir prisonnier. Après un temps indéterminé à retrouver mon chemin, je parvins enfin à la maison de Thalia. Je pris mes jambes à mon cou et courus jusqu'au chambranle. J'ouvris la porte à la volée, le souffle court. J'écarquillai les yeux en apercevant Jack assis à côté de Thalia. Je ne voyais aucune trace de Sacha ou de Kai.

— Ryan ! Enfin !

— Où est... ?

Je n'eus même pas besoin de prononcer le prénom de notre grand maître qu'il sortit d'une pièce attenante. Il paraissait fatigué, si ce n'était exténué, les dernières heures avaient dû être rudes. Se figeant sur le pas de la porte, il m'observa et finit par s'approcher avant de me serrer dans ses bras. Je ne savais pas ce qui valait ce soudain élan d'affection, mais je ne détendis alors qu'il chuchotait :

— Bon sang où étais-tu ? J'étais inquiet.

— Tu as failli y passer, il ne fallait pas penser à moi, marmonnai-je.

Kai posa les mains sur mes épaules et me regarda droit dans les yeux. Je voyais qu'il essayait de lire dans mon regard ce qui avait pu provoquer ma disparition. Je stoppai immédiatement mes pensées et émotions, j'avais honte. Je sentis à nouveau cette sensation bizarre sur ma peau, surtout au niveau de la taille. Elle semblait brûler, comme si j'avais une griffure ou une plaie. Je n'y prêtai pas attention et reportai mon attention sur le visage de Kai.

— Où est Sacha ?

— Elle se repose, il y a eu une petite complication, si tu vois ce que je veux dire.

Elle avait donc accouché ! Je me sentis tout à coup vidé de toute énergie. Kai et Sacha allaient être constamment occupé par leur enfant, ils n'auraient plus le temps pour autre chose... J'avais l'impression d'être esseulé.

Frères du Croissant d'orOù les histoires vivent. Découvrez maintenant