Chapitre 36

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Kai

02.06.1697

La grille grinça et je relevai la tête. Celle-ci me tournait et je n'avais plus aucune notion de l'espace. Combien de temps s'était-il écoulé depuis la venue de Ryan ? Une heure ? Deux heures ? Je n'en savais rien.

Il fallait que j'agisse, je ne pouvais pas rester éternellement sous le joug de mon oncle. Je devais sortir d'ici, ma claustrophobie menaçait de me faire succomber.

— Kai ? Es-tu conscient ?

— Oui.

La voix de mon second me rassura et je me permis un moment de faiblesse. Alors même que mes chaînes ne lâchent, je tombai à nouveau à genoux, ceux-ci étaient déjà écorchés par le sol rugueux et je sentis le sang couler jusqu'au sol.

Une haine incommensurable pour mon oncle m'étreignit et je me sentis suffoquer. J'essayais d'inspirer mais mon souffle était comme bloqué, l'oxygène n'arrivait plus à atteindre mes poumons et je vis ma vision se brouiller. Mon esprit commençait à se détacher de mon corps et je sus immédiatement ce qui m'arrivait, le transfert d'esprit était en train de prendre le contrôle, j'utilisais mon pouvoir sans le vouloir.

— Kai calme-toi !

— Je n'y arrive pas, marmonnai-je.

Une vive douleur traversa mon poignet gauche et je sentis un éclair de lucidité me ramener à la raison. Je ne devais pas m'énerver, sinon tout risquait de déraper.

— Sais-tu ce que mon oncle à prévu ? demandai-je la voix rauque.

— Il veut t'interroger à nouveau.

— Quand ?

— Dans quelques minutes.

Je sentis le peu de sang qui me restait quitter mon corps. Le destin m'offrait une occasion unique de m'enfuir, je devais la saisir avant de voir la Faucheuse arracher ma vie. Je me relevai et tout en dévisageant Rowe, interrogeai :

— Es-tu fidèle à ma cause ?

— Bien sûr Kai. Le Comte n'a pas les épaules pour être grand maître. À ce rythme, le Croissant d'or va faire naufrage.

J'entourai mon menton de l'index et du pouce de ma main droite et réfléchis. Je devais trouver un plan et vite. Je pouvais compter sur Rowe et Ryan, mais je ne savais pas si les autres membres de l'ordre étaient prêts à m'aider.

— Ryan est-il là ?

— Non, je ne l'ai pas revu depuis qu'il est venu te soigner.

— Il fallait s'en douter.

— Qu'as-tu prévu ?

***

Je fus surpris de constater que tous mes anciens collègues étaient réunis dans le réfectoire du QG. C'était rare et cela ne me rassurait pas. Encadré par deux hommes de haute carrure, je ne pouvais pas bouger et les lourdes chaînes qui bloquaient mes poignets ne me permettaient aucun mouvement.

Mon oncle surgit du couloir et je sentis une rage irrépressible m'étreindre. J'inspirai un grand coup et le sourire faux que m'adressa le Comte ne fit qu'aggraver mon envie de meurtre.

— Eh bien Kai. Ces quelques heures t'ont-elles permis de réfléchir à ma proposition ?

Je ne répondis rien. Avait-il vraiment besoin d'entendre la réponse de ma bouche ? S'avançant d'un pas, il me gifla durement du revers de la main. Ma tête tourna sous le choc et je sentis une brûlure sur ma joue, c'était devenu une habitude de me frapper devant mes employés, enfin anciens employés.

Frères du Croissant d'orOù les histoires vivent. Découvrez maintenant