Chapitre 18

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Ryan

22.12.1696

Le nez pointé vers les étoiles, je réfléchissais à tout ce qui s'était produit aujourd'hui. Peurs, révélations, découvertes, j'avais appris beaucoup de choses d'un coup et certaines me restaient coincées en travers de la gorge.

Je n'arrivais pas à accepter que Sacha porte l'enfant de Kai. Que lui avait-elle dit ou montré pour qu'il se laisse aller pareillement ? Je ne saurais probablement jamais.

— Ryan ?

— Que veux-tu ? soupirai-je.

Sacha s'assit dans l'herbe à côté de moi et je me redressai. La jeune fille portait l'une des chemises et l'un des pantalons courts de Kai, des habits que le grand maître ne mettait plus.

Regardant avec moi les étoiles, Sacha ne parlait pas, moi non plus d'ailleurs. Le silence était palpable, mais il ne me dérangeait pas, au contraire, j'en avais besoin pour me ressourcer et faire tomber l'adrénaline qui était encore présente dans mes veines.

— Tu sais, je comprends parfaitement ce que tu ressens, dit-elle.

— Qu'est-ce que tu peux comprendre ? Tu n'es qu'une fille de joie.

— Eh !

Je ricanai. J'étais toujours aussi détestable avec elle, impossible de changer sa nature après tout. Me rallongeant sur l'herbe, je laissai les rayons de lune baigner mon visage.

— Tu as peur que Kai t'oublie, tu crains que je te vole ta seule famille.

Je me raidis et fermai les yeux, elle avait raison. Cette fille de joie était plus maligne que ce que je pensais. Me redressant une nouvelle fois, je détaillai son visage, il était calme, apaisé. Ses yeux brillaient en me regardant en retour.

— On m'a aussi arraché ma famille, je comprends parfaitement que tu puisses avoir peur de ça, mais ne crains rien de moi.

— Qui t'a arraché ta famille ? demandai-je par simplement curiosité.

— Le Dieu des assassins...

Sacha tourna ses yeux vers Alec et j'y vis une sorte de mépris. Ainsi donc le jeune prince était responsable d'un deuil familial. Était-ce pour ça que Sacha avait besoin de moi ?

— C'est pour ça que tu avais besoin de moi ? Tu cherchais à te venger d'Alec n'est-ce pas ?

— Pas uniquement parce qu'il a assassiné ma mère, mais en partie oui.

Je me rendais compte que je ne savais rien d'elle, à part que c'était une fille de joie. Qu'avait-elle donc vécu pour en arriver à se prostituer ? La vie de sa mère avait été arrachée par Alec, mais je savais que ce n'était pas ça qui l'avait poussée dans ce bordel. Ma curiosité mal placée allait me porter préjudice mais tant pis.

— Pourquoi as-tu tellement besoin de moi ? Est-ce Alec que tu veux assassiner ? Si c'est le cas, tu l'as sous la main.

— Sais-tu qui est réellement cet homme ?

Cette question eut l'effet d'un coup de poing dans le diaphragme. Sacha savait donc la véritable identité d'Alec.

— Oui, je sais qui il est réellement...murmurai-je.

— C'est à cause de lui si j'ai fini à la rue.

Elle me raconta alors tout. Ce qu'Alec avait vu, et ce qu'il avait laissé faire, ce viol qui l'avait détruite. Alec lui avait tout pris, sa mère, sa vie et son innocence, sans le moindre scrupule.

Frères du Croissant d'orOù les histoires vivent. Découvrez maintenant