Live Die Love - TOME 2

24 Les autres

Emily s'interrompt lorsque j'entre dans le salon.

- Wahou, Kate ! Cela fait du bien de te voir comme ça.

- Quoi, je grommelle, j'ai juste mis le tee-shirt que tu m'avais préparé, y'a pas de quoi en faire un plat...

Visiblement, le nouveau venu n'est pas du même avis.
La façon dont Harvey est en train de me dévisager, l'air béat, fait pouffer de rire Emily.

- C'est bon, là ? Si vous continuez comme ça, je pars manger toute seule sur le balcon...

- Ne le prends pas mal, intervient David. Ce qu'Emily veut dire, c'est que toi aussi tu as le droit d'avoir un peu de répit. Comme ce soir par exemple.
Tu es toujours sur le qui-vive, à veiller sur nous. Profite de ce moment avec nous, s'il te plaît.

Je fais mine de réfléchir. Sans le savoir, il vient de m'offrir une belle occasion pour évoquer les travaux que j'envisage.

- Ok, ce soir, on décompresse...
Mais demain, on commence à renforcer la sécurité de NOTRE maison, dis-je en insistant sur la fin de ma phrase.
J'aimerais que nous construisions une clôture, de la route à l'orée de la forêt. Il y a tout un tas de planches au garage qui n'attendent que nous...

Il y a quelques années, mon père avait rapporté plusieurs palettes de bois en prévision de sa construction, ce que nous n'avions jamais entrepris. Nous aimons tellement le hameau tel qu'il était que nous n'avions eu pas le cœur de cercler la maison. Mais c'était bien avant l'arrivée des morts-vivants...

Malgré sa blessure, Harvey s'agite, excité à cette idée. Je n'ai pas le temps de poursuivre, qu'il prend la parole :

- Je peux vous aider. J'étais ingénieur. Mon job, c'était de construire toutes sortes d'ouvrages.

- C'est une bonne idée, j'avoue que cela me rassurerait surtout lorsque Sarah joue dehors, ajoute Emily.
J'ai beau la surveiller, on n'est pas à l'abri qu'un de ces morts-vivants se pointe par ici.

- Ah merci, Emily, contente de te l'entendre dire, je fais en fixant David dans un sourire...
La sécurité avant tout, SE-CU-RI-TE !

- Sé-cu-ri-té ! Répète Sarah de sa petite voix en mimant mon expression.

Nous éclatons tous de rire. Je n'aurais jamais cru pourvoir revivre un tel moment de bonheur. C'est bon d'être ensemble.

- Et si nous portions un toast, propose David. J'ai vu pas mal de bonnes bouteilles au cellier.

Je prends un air indifférent qui n'échappe pas à Emily. Boire me rappelle ma longue descente aux enfers après la mort de Schelley. Mais ce soir, pas question de casser l'ambiance...

- J'y vais, David, lui dis-je en me levant.

Lorsque j'arrive à l'arrière de la cuisine, mes larmes coulent silencieusement le long de mes joues.
Je sors de ma poche la photo de Schelley et contemple pendant quelques minutes son beau regard bleuté.

Lorsque je reviens, mon visage ne laisse aucun indice de la peine qui enivre mon cœur.

Quelques secondes plus tard, le vin coule à flot dans nos verres.

- Parle nous d'Alexandria, Harvey, lui demandé-je.

Le vin aidant, il se lance dans un long monologue, nous racontant la vie qu'il a connu là-bas.

Il évoque à plusieurs reprises l'existence d'autres groupes, comme celui de la colline ou de la prison d'Atlanta.

Je ne sais pas si c'est l'alcool ou la mention de tous ces survivants qui me grise le plus.

Nous restons longtemps à l'écouter. Ce sont les légers ronflements de Sarah qui nous rappellent qu'il est temps d'aller se coucher.