35 Secours

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Lorsque je m'approche du hameau, je découvre avec joie que les gars ont bien bossé : la clôture ainsi que le portail sont terminés, comme je l'avais souhaité.

C'est déjà ça. Avec les munitions que je leur rapporte, ils devraient pouvoir faire face en cas de menace et surtout tenir jusqu'à mon retour.

Une fois à l'intérieur, une délicieuse odeur émane de la cuisine. Les enfants sont installés à table, Sam montrant à Sarah comment dessiner les étoiles.

Dans le salon, Harvey écoute avec attention ce que lui raconte Henry.

On pourrait croire à une réunion de famille, comme avant. Seule ombre au tableau : la maison est remplie d'armes en tout genre, placées suffisamment hors de portée des enfants mais accessibles dès le moindre danger... David est à côté des enfants, dos à moi. Lorsque je m'approche de lui, je m'aperçois qu'il est en train de nettoyer son arme avec soin. Comme si c'était normal.

Oui ça l'est devenu. C'est "survis ou meurs". Mon père, par son métier de flic, a toujours connu cela. Et je dois dire que ce qu'il m'a enseigné est son héritage. Et nous, qu'allons nous offrir à nos enfants ? L'humanité était-elle préparée à finir ainsi, malgré toute la technologie que nous avions réussie à développer ?

- J'ai réparé les pneus du 4x4. 3 véhicules, ce sera pas de trop quand on partira, m'annonce David.

- Mais c'est qu'il a de la ressource, ce p'tit gars ! Lui lancé-je en lui tapotant l'épaule.

- Alors, qu'est-ce que tu m'as ramené, Maman ? Me taquine David à son tour.

- Tu veux mon poing dans la figure ? Je préfère encore grande sœur ! J'ai 10 ans de plus que toi, ok !
Au fait, merci pour la clôture. C'est parfait !

David me gratifie d'un immense sourire.

Finalement, peu importe le monde dans lequel on évolue. Le plus important est ce que nous sommes. Et ce qui nous relie les uns aux autres. Tant que nous resterons en vie, il y aura toujours de l'espoir.

- Viens, on va décharger tes futurs joujoux.

Une fois dehors, David me demande, l'air soucieux :
- Tu es sûre de vouloir aller déposer ces médicaments, Kate ? Il faudrait peut-être partir tous ensemble ?

- David, j'irai plus vite seule. Tu le sais. Si je ne les apporte pas au médecin de la colline, je ne pourrai plus me regarder dans un miroir. Cela voudrait dire que je ne suis pas venue en aide à des enfants. Ça, c'est impossible...

- Ça a un rapport avec la tombe derrière la maison, hein ?

Mon visage se ferme en une fraction de seconde.

- Je t'en parlerai un jour, mais pas maintenant. Au boulot !

Emily nous rejoint peu après. Suivie par Henry.

- Je t'ai préparé un sac avec de quoi boire et manger en plus des médicaments, Kate.

- Merci, Emily. C'est moi qui devrais t'appeler Maman, lui dis-je dans un sourire.

Henry s'installe dans la Camry.
Je me penche vers lui, de l'autre côté du véhicule. Mon regard froid en dit long. Sans s'émouvoir, il me répond simplement :
- Je sais que vous vouliez y aller seule. Mais je connais le chemin. Nous serons plus vite de retour si je vous accompagne.

Il a sûrement raison. Mais il risque aussi d'attirer les marcheurs. Et moi non.

David enchaîne aussitôt :
- Kate, je vais surveiller les enfants, Emily et ... Harvey. Il pourra m'aider en cas de besoin. Ok ?

Je suis en colère malgré moi. Je ne veux pas qu'il leur arrive quoi que ce soit, qu'ils soient avec moi ou qu'ils restent au hameau.

- Je reviens dans quelques secondes, leur lancé-je le dos tourné.

Je n'ai pas le temps d'aller dans la forêt pour me calmer en lançant mes lames. Je pars donc en direction de la maison pour accomplir mon rituel espérant ainsi conjurer le mauvais sort.

Peu de temps après, sans un mot, ils me regardent revenir vers la Nissan, le regard revêtu de noir, telle une arme. Nous sommes en guerre. C'est ma façon à moi de durcir mes yeux rouges dorés en les revêtant du masque de la mort...

- Je suis prête. Henry, montrez-moi la route. Et vous, restez en vie ! On sera de retour avant le lever du soleil !

- Compte sur nous, Kate ! A ... demain. David et Emily me font un petit signe de la main.

- C'est un ordre ! Leur crié-je de la voiture.

Je refuse de les regarder lorsque je démarre la Nissan en trombe.
- Punaise ! On devrait toujours dire à quel point les autres comptent pour nous lorsque nous partons...
Mes larmes coulent malgré moi sur mes joues. Je refuse de faire machine arrière à cause d'un mauvais pressentiment.

- Vous faites ce qu'il faut, Kate, me réconforte Henry. Il ne va rien leur arriver. Les enfants de la colline ont besoin de vous.

Live Die Love - TOME 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant