Live Die Love - TOME 2

37 Le dépôt

C'est Henry qui interrompt notre trêve silencieuse.

- Vous supportez mal de tuer ces êtres, même s'ils sont déjà morts, n'est-ce pas, Kate ? D'où ces papiers que vous laissez, comme une sorte de rituel ou de purification...

Je ne réponds pas. Je ne peux pas laisser mes émotions sortir. Je dois rester forte pour ceux que je défends. Henry l'a bien compris et n'attend pas ma réponse.

- Vous vous êtes fait mordre ? Me demande-t-il.

A nouveau, mon silence en dit long.

- Une jeune fille de la colline du nom d'Emma l'a été également, reprend-il.

- Est-elle toujours là-bas ?

- Elle est morte...

Je l'interroge du regard.

- Tuée par l'un des nôtres. Lors d'une attaque, son fils s'est fait dévorer par les morts et elle non. Il n'a pas supporté qu'elle s'en sorte. Alors il l'a abattue. Il est en prison depuis. Enfin je le suppose...

L'humanité est en train de disparaître et nous trouvons encore le moyen de nous entretuer, pensé-je durement.
Comment allons-nous réussir à survivre si nous ne nous serrons pas les coudes ? Je suis persuadée que le seul moyen est d'affronter ensemble tout ce qu'il se passe...

- Oh non.....

- Que se passe-t-il, Kate ?

- Regardez sur votre gauche !

Plusieurs feux sont visibles. A différents endroits. Certains semblent provenir en direction d'Alexandria.

- Il faut que l'on se dépêche, Henry. Dès que nous aurons déposé le sac à votre amie médecin, nous retournerons aussitôt à Chester !

- Je comprends que vous soyez inquiète. Cela ira, Kate.
Tournez sur votre gauche à la prochaine intersection, nous ne sommes plus très loin de la colonie.

Quelques minutes plus tard, nous arrivons à l'entrée d'un bois. Je prends le chemin que m'a indiqué Henry. Le feuillage dense assombrit les environs. La route est de plus en plus abîmée au fur et à mesure que nous avançons.

- Vous êtes sûr que nous sommes sur la bonne route ?

Son hochement de tête me le confirme, bien que la tension soit palpable à l'intérieur du véhicule.

Je pile un peu plus loin. Devant nous, un tronc d'arbre barre le passage sur toute la longueur.

- Merde ! M'écrié-je.

J'avoue ne pas être une adepte des mots grossiers mais là j'ai besoin de me lâcher. Les incendies que nous venons de constater au loin proviennent d'humains et je n'aime pas ça. Je n'aime pas ça du tout, surtout lorsque je n'ai pas un œil sur ce qu'il se passe au hameau.

Mon regard s'attarde sur Henry, presque comme un reproche.

Au moment où je m'apprête à descendre, mon sig sauer en main, un grand brun bien plus armé que moi s'approche de la Nissan.

- Et double merde ! Pensé-je en soupirant.

Je n'ai pas le temps de défaire la sécurité de mon revolver que je vois Henry sortir du véhicule et se précipiter à la rencontre du gars.

- Hé Dwayne, heureux de te revoir ! S'écrie-t-il.

- Bon, bah au moins, c'est un allié, me dis-je.

Je sors également, avec prudence. Henry semble ragaillardi en la présence de ce grand gaillard.

- Kate, je te présente Dwayne Ford, c'est un de nos gardiens. Dwayne, voici Kate. Nous apportons les médicaments à Masha.

Dwayne me gratifie d'un immense sourire et d'une poignée de main vigoureuse.

- Nous sommes sur nos gardes, nous explique-t-il, des feux se sont déclarés partout ces dernières heures. L'un de nos éclaireurs nous a rapporté qu'Alexandria est tombée dans les mains des mercenaires.

- Non ! Je me tourne vers Henry : Alexandria n'est qu'à une trentaine de kilomètres de Chester...

Faire tomber une ville toute entière suppose des moyens conséquents.

- Dwayne, sais-tu comment ils s'y sont pris ?

- D'après ce qu'a rapporté l'éclaireur, les gars de Negan se servent des marcheurs pour envahir les villes, semer la panique et contraindre les habitants à se rendre.

Henry sait déjà ce que je m'apprête à lui dire. Il récupère le sac dans la voiture et rejoint Dwayne.

- Kate, retournez à Chester. Je me charge d'apporter cela à Masha. Retrouvez vos amis et mon petit-fils et revenez vous mettre à l'abri chez nous. Je sais que je peux compter sur vous. Je vous ai vue à l'œuvre...

- Merci Henry. Je vais revenir. Et vite.

Je vois Henry me faire un léger signe de la main dans le rétroviseur ; son regard s'attarde longuement en direction du véhicule qui s'éloigne rapidement vers notre point de départ.

Une boule serre ma poitrine. Mes pensées s'entrechoquent dans mon crâne. Mais pourquoi suis-je partie sans eux ? Est-ce qu'ils sont sains et saufs ?

J'espère de toutes mes tripes qu'il n'est pas trop tard...
En une fraction de seconde, je me retrouve presque 9 mois en arrière. Je me revois prendre la route à vive allure à la recherche de ma fille Schelley. Je l'ai déjà perdue. Je ne veux pas les perdre eux aussi.