39 Crash

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La nuit est tombée. Mon corps est épuisé et affamé. Mais je me refuse à y penser. Mon attention est portée sur la route et uniquement sur la route.

Je vais bientôt arriver à nouveau à la jonction entre Perkinston et Melville. Il s'est passé bien trop d'événements ces dernières heures.

Ce n'était pas comme cela que ça aurait dû se passer. Henry et moi, nous aurions dû retourner au hameau, retrouver ceux que nous aimons, dormir quelques heures puis après avoir rassemblé nos affaires, repartir ensemble vers la colline. Rien ne s'était déroulé comme prévu.

Au lieu de cela, Henry était parti avec Dwayne, j'étais retournée à Chester, et plus personne ne s'y trouvait. Seul l'incendie signifiait que nous n'étions pas seuls.

J'aperçois déjà les restes de notre carnage sur la route. Les cadavres, mes cadavres, jonchent le sol comme des quilles éparpillées ça et là.

Ce n'est pas l'heure de ressasser ce que j'ai fait... J'appuie de toutes mes forces sur l'accélérateur. Ma vitesse augmente furieusement.

Ce que j'ignore encore, c'est la présence au loin de clous sur le bitume. Plusieurs personnes attendent patiemment le passage de mon véhicule.

Au moment où j'entends mes pneus éclater violemment, je resserre les mains sur le volant et tente de garder le contrôle de la Nissan.

Mon véhicule zigzague dangereusement avant de se retourner plusieurs fois sur des dizaines de mètres. Tout mon corps est contracté durant l'accident.

Ma tête percute violemment le volant lorsque la Camry s'immobilise. Je crois voir plusieurs silhouettes s'approcher avant de perdre connaissance...

Je sens des bras m'extraire de l'habitacle. Toujours sonnée, je peine à ouvrir les yeux.

- Fais doucement, Daryl, elle ne fait peut-être pas partie de leur bande !

- Ouais, bah, tant qu'on sait pas, je prends pas de risque ! Répond l'autre d'une voix rocailleuse.

Quelqu'un me tire sans ménagement à quelques mètres de la voiture.

Clac ! Ma joue me brûle. Punaise, quelqu'un vient de me gifler. J'ouvre difficilement les yeux. Mais mon regard n'a rien d'amical. Je pourrai tuer celui qui vient de me frapper.

- Putain, Daryl, tu aurais pu faire plus doucement !

Un grognement se fait entendre.

Lorsque je recouvre mes esprits, deux yeux d'un bleu limpide me dévisagent avec surprise à quelques centimètres de mon visage. Mes pensées s'embrouillent, le temps semble s'arrêter : c'est le bleu du regard de ma fille que je retrouve dans celui qui me fixe avec insistance. Alors qu'une sorte de fascination émane de son regard, une chaleur m'envahit, bien malgré moi.

Puis comme si plus rien n'existait, nos regards plongent l'un dans l'autre durant plusieurs secondes.

- Punaise, Kate, qu'est-ce qu'il t'arrive, ressaisis-toi ! Pensé-je, honteuse.

Je romps le charme pour assener mon poing sur la figure de cet homme déroutant qui s'écroule sur ma gauche.

Je peine à me relever mais pointe déjà mon arme sur son acolyte.

- Doucement, on ne te veut pas de mal ! Me dit-il.

- Ouais, c'est ça !
Va t'asseoir à côté de ton pote ! Et je vous conseille de ne pas bouger !

Autant être désagréable et froide si ce sont les hommes de Negan.

Ma tête me fait un mal de chien. Je passe ma main sur mon front : le volant n'a pas laissé qu'une jolie bosse sur son passage : mes doigts sont recouverts du sang qui s'écoule de la plaie.

- Tu saignes, il faut qu'on te soigne, reprend le gars, ça risque d'attirer les marcheurs...

Je ne peux m'empêcher d'éclater de rire.

L'homme au regard bleu m'adresse un regard plein de mépris :
- Y'a rien de drôle ! J'serais toi, j' l'écouterais !

Je lui réponds presque durement, droit dans les yeux ; je ne veux pas qu'il sente que son regard me déstabilise :
- Je n'ai pas peur des rôdeurs ! Je ne les aime pas. Mais ceux que je déteste le plus, ce sont les mercenaires !

Son compagnon se détend aussitôt :
- Nous aussi. On est venus les combattre. Et défendre la colline.

- Ta gueule, T-Dog ! On sait pas qui elle est ! Intervient Monsieur Yeux Perçants.

Plusieurs véhicules provenant de la colline approchent.

Durant une fraction de seconde, je détourne mon regard en leur direction. Cela suffit pour qu'il se relève et m'assomme sans ménagement.

C'est la deuxième fois que je m'évanouis en quelques minutes. Deux bras puissants m'empêchent néanmoins de tomber lourdement sur le sol...

Live Die Love - TOME 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant