TROIS

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-Entrez, articula une voix grave.

J'obéis.

-Bonjour, shérif. 

-Mais bon sang, qu'est ce que vous avez tous à m'appeler shérif ? s'étrangla le gendarme. C'est monsieur, point barre. 

-Pa... pardon, monsieur.

-Oui, bon. Vous êtes Margaux Hale. C'est ça ? 

-Oui. 

-Vous avez seize ans. 

-Eh bien, j'aurai dix-sept ans dans deux mois, donc pas exactement, techniquement on peut dire que...

-Non-non ! me coupe-t-il. Vous avez seize ans ! 

Je serre les jambes, un peu refroidie.

-Comme vous voudrez, monsieur. Mais moi, euh, quand je suis avec mes amies, je dis que j'ai dix-sept ans. Vous comprenez. C'est plus classe et puis c'est pour faire plus viei...

-Mademoiselle, ça va être très clair, m'interrompt-il de nouveau. Je pose des questions et vous me fournissez des réponses claires. Je ne vous ai pas convoquée pour que vous me racontiez votre vie. C'est clair ?

Décidément...

-Oui, shé... monsieur.

-Il me lance un regard sévère avant de continuer : 

-Bien. Je peux vous tutoyer ?

-Oui.

J'aurais été tentée de répondre "non", mais je n'ai pas osé. Pas au gendarme.

-Formidable, dit-il et j'ai pu percevoir une pointe d'ironie dans sa voix. Margaux, tu étais amie avec Summer ?

-Evidemment, je réponds sans hésiter. C'était même ma meilleure amie.

-Vous avez des disputes, parfois ? dit-il en levant un sourcil. 

-Pas avec moi. Enfin, pour être "claire" (je formais des guillemets avec mes doigts), personne ne se dispute... ne se disputait avec elle. Je veux dire... C'était impossible. Pas avec Summer.

-Mais, me répond-il en posant ses coudes sur la table, entre amies, parfois, les malentendus font que, on détient quelques idées noires, par exemple...

Je me lève spontanément, indignée.

-Par exemple planter un couteau dans le dos de son amie ? Vous êtes tombé sur la tête ? 

-Margaux, assis-toi, s'il-te-plaît.

-Ne me donnez pas d'ordre ! je m'exclame. Je n'ai rien fait à Summer. Je ne devrais même pas être ici ! Pourquoi vous m'avez appelée ? 

Je le laisse répondre sans succès. Il me fixe, les lèvres serrées, avec un regard neutre.

-Vous pensez que je suis coupable ! C'est ça ? Mais je suis innocente

J'ai prononcé ce dernier mot avec un profond désespoir en levant mes mains. 

-De toute façon, je ne vois pas pourquoi je réponds à vos questions. C'est sans intérêt.

Je tourne les talons, sors du bureau et claque volontairement la porte. Derrière moi, j'entends :

-REVENEZ ! 

***






note : le récit passe à présent à la troisième personne.


***





Un gendarme en uniforme entra et retira ses lunettes de soleil.

-Stéphane ? Tout va bien ? demanda-t-il en relevant le menton.

Le shérif soupira et se frotta les yeux.

-Elle n'est pas claire. On va mettre son nom en rouge.

-Mais il reste encore deux personnes à interroger. Théa Lorient et Lenny Smith. 

-Jim, je sais ! proteste-t-il, exaspéré. C'est une précaution.

-Comme tu veux. 

INNOCENTES.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant