DIX HUIT

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PDV Lenny

Je suis sous le choc. Mes mains tremblent et mon coeur bat à toute allure. Je me pose des milliers de questions sans en connaître les réponses.

Jeanne semble avoir compris ma confusion. Elle monte sur la petite estrade réservée au DJ, à la DJ, arrête la musique, prends le micro et s'éclaircis la gorge.

-Hm-hm. Excusez-moi. La fête se termine un peu plus tôt que prévu, malheureusement. Je vous invite à vous diriger vers la sortie. 

Margaux, qui n'a rien remarqué de la fameuse scène qui me rend trouble, pousse un soupir de déception et croise les bras, mécontente. Jeanne n'arrêtait pas de regarder Théa. Celle-ci sourit.

Mon coeur s'arrête.

Elle sourit ?

Ses yeux ont une toute autre lueur. Quelque chose présent dans son regard, que je ne saurais décrire. Sans savoir pourquoi, ça me donne froid dans le dos.

Pourquoi ?

Les gens sont partent peu à peu. Margaux lance un regard noir en direction de Jeanne. Quand nous nous retrouvons enfin seules, toutes les quatre, elle explose :

-Mais pourquoi !? Tu as tout gâché ! 

Le visage de Jeanne devient rouge. J'interviens : 

-Sais-tu au moins pourquoi Jeanne a fait sortir tout le monde ? je lui demande. Tu n'est même pas au courant de ce qu'il s'est passé.

Margaux s'est tournée vers moi, offusquée, et réplique : 

-Ah bon, il s'est passé quelque chose ? Non, Jeanne a arrêté la fête car elle ne supporte pas que je danse avec son frère ! C'est tout ! 

Jeanne avance vers elle, assez remontée. 

-Oui, Margaux, je ne supporte pas que tu danses avec mon frère. Où est le problème ? Tu n'as aucun droit, tu sais. Et il est très influençable, surtout par sa petite soeur. Donc ne me cherche pas trop où son avis sur toi changera complètement. 

Margaux recule d'un pas, sans doute blessée. Son expression se ternie. Quant à moi, je crois que je pleure.

J'ai tourné machinalement la tête.

Théa est assise sur le canapé, les yeux dans le vide. Ses cheveux roux et lisses dévalent le long de son dos, sa peau blanche rayonne. 

Margaux et Jeanne suivent mon regard. Nous nous sommes mises à trois face à notre amie. Même si je ne suis plus sûre de rien, il faut le dire. Elle lève la tête vers nous avec le même visage effrayant que tout à l'heure. Elle lance ensuite un coup d'oeil à un mur, puis  sourit. Nous sommes accrochées à ses lèvres. Margaux, même sans comprendre, est perplexe. Jeanne et moi avions peur. Je crois même que Jeanne est effrayée. 

-Minuit, dit Théa d'une voix douce et mielleuse. Il est minuit.

Mes amies à côté de moi me regardent, inquiètes. 

-Vous savez ce que ça signifie ?

Je regarde mes pieds, bredouille.

-Non, chuchote Jeanne. 

Théa laisse échapper un petit rire. Je n'ai jamais entendu ça avant. Cela a quelque chose de maléfique. 

Maléfique ? 

-Minuit, répète-t-elle. C'est bien connu, c'est l'heure du crime.

Un bruit sourd vient interrompre le silence à cet instant. Margaux sursaute. J'ai des frissons sur toute la surface du corps. 

Minuit. C'est bien connu, c'est l'heure du crime.

Minuit. C'est bien connu, c'est l'heure du crime.

Minuit. C'est bien connu, c'est l'heure du crime.

Minuit. C'est bien connu, c'est l'heure du crime.

Minuit. C'est bien connu, c'est l'heure du crime.

Cette phrase résonne dans ma tête comme si c'était mon prénom. 

Théa se lève et me regarde dans les yeux. Intensément. 

Et soudain, noir. 

INNOCENTES.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant