QUATORZE

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PDV Margaux

-Lenny ! Attends !

Mon amie part en courant. Mais qu'est ce qui lui prend ? Je la poursuis à travers les rues.

-Arrête ! je la supplie. J'ai du sable dans mes pieds ! Où tu vas ?

-Faire quelque chose d'important ! 

-C'est-à-dire ? je lance.

-Régler mes comptes avec Jeanne ! 

Je saisis son bras, ne comprenant pas. Elle se retourne et m'ordonne d'un ton impatient : 

-Lâche-moi ! 

-Pourquoi tu en veux à Jeanne ? je demande en ignorant sa réclamation.

-Réfléchis un peu, Margaux ! Jeanne organise une fête chez moi sans me prévenir ! Tu ne trouves pas ça abusé ?

Je décèle dans ses yeux une lueur qui m'est inconnue. Lenny ne s'emportait presque jamais d'habitude.

Malgré tout, je la comprends, même si je n'ai pas compris grand-chose aux motivations de Jeanne. 

Elle se libère de ma main et continue à courir. Je la suis malgré moi.

Par chance, nous n'étions pas si loin de chez Jeanne.

Arrivée devant sa maison, Lenny a toqué à sa porte, alors que je reprends ma respiration.

-Tu... Tu aurais pu aller moins vite, tu sais ! j'articule, essoufflée.

La porte s'ouvre tout à coup. Le frère de Jeanne, Clovis, se tient devant nous, ébahi devant nos faces cramoisies. 

-Euh... Ben... bafouille-t-il, bouche bée. D'accord, pourquoi tout le monde a une sale tête, aujourd'hui ? 

Il pose ses yeux sur moi quelques secondes et dit : 

-Sauf toi, Margaux. Toujours aussi rayonnante. 

Je n'ai pas le temps de répondre car Lenny lève les yeux au ciel et le pousse pour que nous puissions entrer.

Je la suis. Clovis nous lance un regard surpris.

-Eille, on rentre pas comme ça chez les gens ! proteste-t-il.

Lenny le foudroie du regard et réplique : 

-On n'organise pas une fête chez quelqu'un d'autre dans demander son autorisation. Pourtant, c'est ce qu'a fait ta sœur. 

Sur ces mots, elle tourne les talons et monte les escaliers. Je la poursuis, paniquée. Nous sommes arrivées en trombe dans la chambre de Jeanne. Sans surprise, celle-ci lisait "Les Misérables" de Victor Hugo, roman que je devais lire au collège mais que je n'ai jamais ouvert.

Jeanne lève la tête vers nous.

-Ah, c'est vous, marmonne-t-elle.

-Oui, c'est nous ! rétorque Lenny.

Ses joues rougissent.

-Pourquoi tu as fais ça ? demande-t-elle, les mains sur les hanches.

-Quoi ?

-L'annonce.

-Quelle annonce ?

Le visage de Lenny s'empourpre. 

-Tu te fiches de moi ? L'annonce que tu as publié sur Facebook ! 

Jeanne soupire, pose son livre et la fixe droit dans les yeux. 

-Tu parles de la fête ?

-Oui.

-Tu veux que je la retire ?

Lenny ria ironiquement. 

-Tu es bien perspicace ! Pourquoi prétends-tu organiser une fête chez moi ?

-Je voulais justement t'en parler, affirme Jeanne en baissant la tête. Je suis désolée.

Mon amie blonde détourne le regard, mal à l'aise.

-C'est pas grave, Jeanne, je dis doucement.

-Vous savez, reprend-t-elle, c'est mon frère qui m'a conseillé d'organiser ça. Il avait deviné qu'on s'était disputées. Il pense que c'est un moyen de nous réconcilier.

Je fixe Jeanne, perturbée, et admets : 

-C'est pas bête, comme idée.

-Toi, me surprend Lenny, tu peux parler, mais l'organisateur de ce truc s'agit de celui qui vient de te complimenter ! 

Jeanne me lance un regard interrogateur. 

-Clovis ? 

J'opine en haussant les épaules.

-Ouais, mais c'est pas important. Je pense sincèrement que ça pourrait être chouette.

Je regarde Lenny en faisant la moue.

-Allez, Len, insiste Jeanne. Ta maison est super. On ne sera pas beaucoup. On achètera de la super décoration ! 

Lenny fixe le sol, puis nous regarde une à une et agite nonchalamment sa main en signe d'approbation.

-Bon... D'accord. 

INNOCENTES.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant