ONZE

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Je descends les escaliers. Ma mère et Frédéric était dans le salon, à moitié éveillés, sur le canapé. Je serre les poings en les voyant tous les deux. On n'aurait jamais cru que leur fille venait de mourir. 

Je soupire et me sers un jus d'orange avec des œufs au plat, mon repas préféré le matin. J'allais engloutir une bouchée quand mon portable a sonné. 

-Allô ? je dis en décrochant.

-Salut, Len ! C'est Théa.

-Oh, salut, je réponds mollement. 

-Ça va ? 

Je déteste quand les gens font semblant d'être enjoués.

-Ça pourrait être mieux, tu ne crois pas ? je réplique.

Aucune réponse au bout du fil. J'ai secoué la tête.

-Désolée..

-C'est de ma faute. Je m'excuse. 

-Non, tu n'y es pour rien.

Je bois une gorgée de jus d'orange.

-C'est plutôt Jeanne et Margaux qui doivent se réconcilier. Bref. J'ai un truc de prévu, d'accord ? On se reparle plus tard. 

-Ça marche. A plus tard.

-Salut. 

Je repose mon téléphone, finis mon petit déjeuner et pars m'habiller. Cinq minutes plus tard, je redescends de nouveau. 

-Maman, je sors ! je crie. 

Je claque la porte. 

J'ai rendez vous avez Margaux sur le pont, près de la plage. C'est un endroit où j'aime beaucoup aller, surtout en ce moment, en été. Nous étions en plein mois de juillet et c'était le seul endroit pas trop chaud dans tout le village. Margaux apprécie ça, comme moi. Et comme Summer. 

Il fallait que je me change les idées, que je sois plus joyeuse. On ne m'a jamais vu comme ça. Je suis toujours une Lenny dynamique.

J'ai mis mes écouteurs et ai mis ma chanson préférée.

(NDA : à écouter en même temps )

Je traverse les rues en valsant.
Les gens doivent me prendre pour une folle.

Enfin arrivée, j'enlève ma sacoche et m'asseois au milieu du pont. 

Je vois tout à coup une silhouette arriver au loin. Une adolescente aux cheveux longs, bruns et bouclés, dont le sourire illuminait la terre et charmait tout être humain qui passait.

Je retiens un petit rire. Margaux. 

-Ah, Len ! s'exclame-t-elle en s'asseyant près de moi. Quelle surprise de te voir ! 

J'éclate de rire.

-Mais tu plaisantes, on s'était données rendez-vous ! Je t'attendais. 

Elle hausse un sourcil et semble réfléchir. 

-Ahh ouii ! Je me demandais bien pourquoi j'avais mis ce rappel sur mon téléphone à dix heures cinquante. Il y avait écrit : "Aller au pont". Regarde. 

Je confirme au bord du fou rire. 

-T'es impressionnante !

-Et au fait, pourquoi on vient ici ? 

Je pousse un soupir, de nouveau blasée.

-Je... Je voulais voir une amie. Je suis désolée pour ce qu'il s'est passé hier. Je suis désolée de t'avoir mise dehors à dix heures du soir, sans t'avoir laissé l'occasion de finir ta limonade ! Pardon ! 

Margaux sourit, bouche bée.

-Mais... T'inquiète pas. J'ai pas été vexée. De toutes façon, je voulais finir ma série, et Jeanne ne voulait pas alors j'étais un peu contente de rentrer chez moi. C'est pas contre toi !

Je glousse, soulagée par sa façon de penser.

-Enfin, bref. Sois tranquille, Len. On va faire du shopping ? 

Je hoche la tête.

INNOCENTES.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant