Chapitre 3

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La policière fit brusquement volte-face en émettant un pitoyable couinement de frayeur. Quel ne fut pas sa surprise lorsqu'elle se retrouva nez-à-nez avec Anasia, fraîchement sortie de scène et rhabillée. Même dans un jogging trop large et un t-shirt taché, elle dégageait une grande beauté et une élégance digne des plus grandes dames.

Anasia était sortie rapidement de scène après le grand final. Chaque soir, elle chargeait Tom, son meilleur ami engagé au bar, de récupérer les multiples billets que le public avait lancé sur la scène en signe d'appréciation. Se déplacer dans son costume fin sur la scène la mettait mal à l'aise et donnait une bonne raison au public de la traitait de tout les noms.

C'aurait était un mensonge de dire qu'elle s'était rapidement désintéressée de la blonde qui l'avait toisé méchamment depuis le bar. Tandis qu'elle finissait son spectacle, elle avait gardé un oeil sur elle. Par curiosité, peut-être... Elle aurait du la haïr de l'avoir regarder ainsi, d'avoir autant exprimé son opinion sur elle. Pourtant, elle ne ressentait à son égard que de la curiosité. C'était en partie pour cela que, lorsqu'elle l'avait vu partir illicitement en direction des coulisses, elle s'était rapidement éclipsé -plus vite que d'habitude- de scène et s'était changé tout aussi vite avant de la suivre discrètement le long du couloir des coulisses. Voyant qu'elle n'entrait dans aucune pièce, Anasia avait cru normal de l'interpeller afin de lui demander de remonter à l'étage supérieur, comme tout le monde. Mais en voyant le regard inquiet de la blonde lorsqu'elle s'était brusquement retournée, Anasia avait regretté. Cela ce voyait qu'elle ne s'était pas perdu ou qu'elle ne cherchait pas les toilettes. Il y avait bel et bien une raison secrète qui l'avait poussé à s'introduire dans les coulisses.

Lorsque Anasia se retrouva face à face avec la policière, beaucoup plus petite et certainement un peu plus jeune, le visage de cette dernière passa par trois sentiments avant qu'un mot ne sorte de ses lèvres boudeuses: l'inquiétude, la frustration puis, la colère.

-Lâche-moi! Hurla-t'elle en se dégageant. Ne me touche pas!

Anasia s'étonna de la violence de ses propos. Elle ne croyait pas avoir était méchante ni malpolie. Mais au fond d'elle, Anasia savait très bien que sa colère n'était pas dirigée vers ses actes mais sur son métier. Elle n'eut pas besoin de conserver son calme, Anasia était de nature tranquille et ne cherchait pas les complications.

-Je suis désolé, mais vous devez remonter en haut avec les autres.

-Je ne recevrais pas d'ordre d'une personne comme toi! Cracha-t'elle en se reculant davantage.

Nouvelle piqure. Anasia serra les dents pour empêcher sa lèvre inférieur de trembler. Elle ne savait pas pourquoi ce petit bout de femme la touchait autant. D'habitude, les critiques lui passaient au-dessus, des fois, certaines l'amuser même. Elle se décala sur le côté et tendit le bras vers la sortie, une manière polie d'indiquer à la blonde de retrouver la sortie.

La blonde lui jeta un regard noir, rempli de haine avant de partir au pas de course vers la sortie, vaincue.

Anasia la suivit en poussant un soupir d'épuisement, les brulures que causaient les tissus formaient de longues marques rouges sur ses bras et ses cuisses, comme un tatouage, un rappel de ce qu'elle faisait quotidiennement. En soit, le métier n'était pas si problématique, c'est juste que ce n'était pas ce qu'elle désirait. Lorsqu'elle avait enseigné l'art du tissu à sa petite-fille, sa grand-mère n'imaginait certainement pas que celle-ci finirait dans un club de streap-tease. Anasia aurait aimé dire qu'au fil du temps, elle c'y était habituée, mais c'était faux. Elle aurait pu essayer de passer outre tout ce qui faisait de son lieu de travail, un enfer, mais la vérité, c'était qu'elle n'en avait aucune envie. Elle aurait trouvé cela déplacé, aurait salit la mémoire de sa grand-mère en acceptant les conditions de son travail. Elle préférait se dire qu'un jour tout cela s'arrêterait  et qu'elle pourrait accomplir le souhait de sa grand-mère.

-C'est sûr qu'écarter les cuisses devant un public en chaleur a dû vous épuiser! Ironisa méchamment la blonde en montant prestement les trois marches censées la reconduire au bar.

Anasia se figea. Perdue dans ses pensées sombres, elle ne s'était pas rendu compte qu'elle avait rattrapé la blonde et qu'elle se trouvait maintenant à seulement quelques centimètres derrière celle-ci. Elle l'a percuta violemment. Toutes deux chancelèrent mais la blonde fut la seule a trébuché sur les marches. Elle s'écroula au sol dans un bruit sourd, un gémissement de douleur et de surprise lui échappa.

Étrangement, la brune dû retenir un éclat de rire tant la scène était comique: la blonde, cheveux en bataille et allongée dans un position peu confortable avait l'air totalement déboussolée. Elle dû sentir l'amusement de la danseuse vis-à-vis d'elle car son visage surpris laissa à nouveau place à la fureur et au mécontentement.

-Vous devez avoir un mauvais karma... Supposa malicieusement Anasia en lui tendant la main, pour l'aider.

Elle ignora royalement sa main et se releva de son propre chef. Mais lorsqu'elle voulut poursuivre son chemin comme si de rien n'était, elle vacilla et dû se rattraper au bras de la brune. Leur corps se rencontrèrent furtivement avant que la blonde ne mette fin à cette étreinte fugace. Soupirant de dépit, elle tâta sa cheville, désormais légèrement gonflée et rouge.

-Vraiment mauvais, votre karma... Murmura Anasia dans sa barbe avant de lui tendre un bras.

Elle le contempla, sur la défensive. Elle était visiblement très fière et orgueilleuse et ne supportait pas qu'on lui apporte de l'aide en cas de besoin.

-Je ne vais pas vous manger, vous savez.

Cette réponse dû la satisfaire car elle saisit l'appuie que lui offrait Anasia et, ensembles, elles montèrent les quelques marches qui les séparaient de l'agitation du Cabaret.

ANASIAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant