Chapitre 6

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Il marcha d'un pas lourd en direction de la porte. Illuminée aux néons grésillant, cette dernière éclairaient de tant à autre son visage grave d'une lueur fluorescente. Derrière lui, il entendait encore les souffles saccadés des jeunes femmes. Elles n'avaient pas bougées, reprenant certainement leur calme. Il savait qu'il les avait effrayé, comment ne pas le voir ? La blonde était tendue, prête à attaquer et la brune gardait obstinément les yeux au sol.

Sans le montrer, cet échange l'avait troublé. Ce n'était pas seulement deux jolies femmes rencontrées dans la rue par hasard, il sentait qu'ils se reverraient tous très bientôt. Et son instinct ne le trompait que peu.

C'est encore tout soucieux qu'il passa du calme inquiétant de la rue brumeuse à la musique sonore et grésillante du Cabaret. Comme deux jeunes femmes avant lui, il traversa la marée mouvante de danseurs et alla s'accouder au bar.

-Tu veux quelque chose? Lui demanda le même asiatique aux cheveux ébouriffés.

Il commanda un verre d'eau -peu commun pour un baron du crime- et attendit patiemment l'arrivée de son client. Sur la scène, dansait une sublime blonde à l'allure sauvage. Au rythme de la musique, elle se déhanchait, enchaînant acrobaties compliquées sur pirouettes impressionnantes. Tous les yeux étaient tournés vers elle et son visage sans imperfection exprimait une joie moqueuse et supérieure. Captivé par la danse ensorcelante de la fille, il ne remarqua pas la masse imposante qui s'avançait dans sa direction.

-Brick, comment allez-vous? Dit Carter Flynn, une pointe d'ironie dans la voix.

Sans même lui adresser un regard, ne jugeant pas cela nécessaire, et sans même répondre à la question, il dirigea de suite la conversation vers un tournant plus important.

-Elle est arrivée?

Les yeux de Carter se plissèrent en une mimique agacée et sa bouche aux joues dodues se crispa brusquement. Son visage se colora d'une teinte rouge qui amusa presque son interlocuteur.

Carter n'aimait pas le ton supérieur que Brick employait lorsqu'ils se rencontraient. Cela se voyait qu'il le dénigrait. Il n'y avait pas une once de respect dans sa voix, ni une marque de politesse dédiés à une personne de son rang. Le vieux aurait aimé lui faire ravalait son petit sourire suffisant...

Mais c'était impossible, car Brick savait... Il savait la chose horrible qu'il avait commise il y avait de cela quatre ans. C'était un piège et Carter s'était jetait dedans. A partir de ce moment, il avait été soumis totalement à un gosse de vingt cinq ans.

-Oui, elle est là et...

-Très bien, le coupa-t-il.

Lestement, il se leva et se fondit dans la masse afin de rejoindre l'escalier menant aux coulisses.

Le noir ne l'effrayait plus, plus autant qu'avant. Une pointe d'inquiétude persistait cependant lorsque le jour devenait nuit, comme un rappel de ce qu'il avait été autrefois. Cette sensation de froid qui vous prend et vous fait vous sentir très seul, tout seul. Il l'avait connu régulièrement pendant toute son enfance, son adolescence, jusqu'à ce qu'il brise ses chaînes -autant au sens propre qu'au sens figuré- et s'échappe de sa cage.

Il n'y avait que dans le noir qu'il se rappelait ce qu'il avait vécu, les coups, le dégoût, la peur, l'espoir que tout cela s'arrête... Chaque fois qu'il fermait les yeux, son visage qu'il percevait encore au détail près malgré toutes ces années passées revenait le hanter. Cela le rongeait, faisant de lui un homme mystérieux et dur qui ne souriait que rarement.

Brusquement, une porte s'ouvrît sur sa gauche et un jeune homme a l'apparence négligée l'interpella discrètement:

-C'est par ici...

Perplexe, Brick s'arrêta et toisa d'un œil méfiant l'inconnu. Il arqua un sourcil interrogateur lorsque celui-ci lui esquissa un faible sourire.

-Tu n'as rien à faire là. Lui indiqua-t'il d'un ton catégorique.

Gêné, le blond aux yeux bleus de taille moyenne passa sa main dans ses cheveux en se dandinant sur place. Avec la lumière timide du néon qui l'éclairait, Brick pu apercevoir sur son poignet des petits points rouges, comme des piqures.

-Je suis Justin, je m'occupe du transfert entre Tijuana et San Diego... Je...

-Et qu'est-ce qui me prouve que tu dis la vérité? Le coupa Brick, dont la patience commençait à s'épuiser.

Justin déglutit. le brun avait cette faculté particulière de le mettre mal-à-l'aise et de le faire douter, lui-même, de ce qu'il avançait. Son assurance arrogante avait décuplé depuis qu'il l'avait rencontré. Prenant son courage à deux mains, il se redressa et plongea son regard clair dans celui, foncé, de son vis-à-vis.

-Je travail pour Carter, je lui dois quelques services... Dit-il de manière énigmatique. Mais je ne veux pas d'ennuie mec...

-Et bien casse toi, alors.

Brick le dépassa et s'introduisit dans le tunnel d'où était sortit Justin et commença à avancer, toujours dans le noir...



(Encore désolée pour cette période d'absence.)

ANASIAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant