Plus jeune, lorsque j'étais à l'hôpital, je passais mon temps à regarder des documentaires animaliers. Pour me convaincre que le monde avait toujours été cruel, que je n'étais pas la seule à subir des atrocités, que le monde continuait de tourner. J'en avais mangé des documentaires. Des anciens, des récents, des films. Désormais, j'avais une bonne connaissance des animaux en général. Bien sûr, je ne possédais pas une mémoire d'éléphant pour mon savoir, mais je pouvais espérer reconnaître ce que j'avais en face de moi. La plupart du temps.
Comme à cet instant. Si je ne me trompais pas, ce type de cervidé devrait vivre en Asie bien qu'il ait été transporté en Europe. Ou alors il s'agissait d'un daim européen. Dans les deux cas, il n'y avait aucune raison pour que ce faon soit ici, dans cette île, loin de son habitat naturel. Le faon avait ce pelage rouge parsemé de taches tels les fauves, caractéristique des cervidés chital ou des daims européens. En l'absence de bois, je ne pouvais pas déterminer à quelle sous-catégorie il faisait partie.
Les cervidés étaient connus pour être les victimes de la nature. Sans déconner : ils mangeaient de l'herbe et se faisaient chasser par tout et tout le temps, humains comme animaux. C'était une vie que je ne souhaitais à personne.
Il pencha sa tête vers moi, comme pour me sentir ou pour savoir s'il devait se méfier de moi, et je pus voir l'intérieur de ses oreilles. Rien de distinctif. Je ne bougeai pas : les cervidés étaient plus que connus pour partir au quart de tour et je n'avais absolument pas la vitesse nécessaire pour maintenir le rythme de cet animal farouche. En temps normal, les cervidés vivaient en communauté. Un bébé cervidé ne survivrait jamais seul. Il n'y avait donc que deux possibilités : soit il avait été abandonné soit il était perdu. Je ne pouvais pas le laisser partir seul, il y avait des ours qui rodaient près de la frontière. Il leva un sabot avant comme prêt à avancer puis sa tête tourna brusquement vers un sifflement entendu. Le son provenait de derrière moi et je maudis Ruben profondément. Sans perdre de temps, il fuit par-delà les buissons aussi rapidement que devait lui dicter son instinct.
- Merde ! Jurai-je en me retournant.
Un python dressé sur lui-même me fit face. Je le pointai du doigt en l'accusant.
- C'est malin, maintenant ce faon va disparaître alors qu'il aurait pu rester ici ! S'il se fait manger ce sera entièrement de ta faute.
Il me siffla au visage, indigné et même pas un peu coupable.
- Oh, monsieur était curieux donc cela justifiait ta venue. Je rêve. En plus, ce n'est pas parce qu'il était un métamorphe qu'il va s'en sortir ! Il reste un bébé, un enfant ! Et bien sûr que si tu es responsable : tu es son ennemi naturel.
Il tira la langue, pas spécialement d'accord avec ce que je disais. Je soufflai de découragement.
- J'espère qu'il ira bien, marmonnai-je dans ma barbe en me dirigeant vers la Maison accompagné du python qui essayait de me grimper dessus.
Je devais m'informer le plus possible sur toutes les espèces magiques afin de bien faire mon travail. Je ne pourrais pas indéfiniment être indisponible. Le monde commençait déjà à s'effondrer. Et puis... J'allais devoir aussi apprendre la diplomatie. La. Diplomatie. Je n'avais rien d'une diplomate. Je n'avais aucun diplôme, aucune formation. Et même si j'avais plus de tact que la plupart de mes pairs, ce ne serait jamais suffisant. Ça s'annonçait mal.
- Il est l'heure d'apprendre, jeune femme, retentit une voix dans ma tête.
Mais à l'heure actuelle, j'avais déjà mal. Mes leçons sur le monde magique étaient données par le grimoire d'Asda Belevitch, une vieille sorcière morte plus puissante que les personnes que je connaissais jusqu'ici. Enfin... Peut-être pas mais l'idée était là. L'avantage avec ces leçons était qu'elles étaient rapides et pleines de savoir acquis plus ou moins instantanément. L'inconvénient ? Je souffrais le martyr. Je perdais de précieux souvenirs ou une plaie se ré-ouvrait. Ce n'était pas plaisant pour moi, mais le grimoire ne pouvait donner sans recevoir et malheureusement je ne pouvais pas me séparer de lui. Quelle vie.
VOUS LISEZ
Ush ROWTAG T1.5 : Magie courante.
ParanormalSuite d'Ush Rowtag T1. Je conseille de lire ce premier opus avant de s'attaquer à celui là. ------ Elle est vraiment prête à envoyer balader ce chef du monde magique mais, soyons honnêtes, elle sait qu'elle n'a pas le choix et qu'elle ne peut refuse...