La Maison Jaune (1.2)

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Mais ce fut sans compter sur la magie. L'agent immobilière essaya mainte et mainte fois de démarrer le véhicule, sans succès. Elle paniqua et cala trois fois avant de gémir de rage, et peut-être d'angoisse. En plissant les yeux et me concentrant sur la voiture, je constatai des flux magiques autour du véhicule. Une branche noire de magie sortit du sol, s'élevant quelques secondes, redressée et tendue. Elle grossissait à vue d'oeil et j'avais atteint un point de peur non négligeable. J'ouvris grand les yeux quand je la vis chanceler.

- Attention, criai-je en protégeant mon visage de mes bras lorsque la branche magique s'abattit sur le capot, le faisant ployer sous la pression, le pare-brise se brisant sous le choc, les morceaux de verres volant autour de nous.

Silence. Puis respirations brusques, pleures, gémissements de peur, cris. Nous fûmes de retour dans la réalité lorsque nous comprîmes que rien d'autre d'aussi violent n'allait nous arriver. Je regardai mes bras puis mon ancienne conductrice : aussi étonnant soit-il, aucun bout de verre n'avait touché un membre, un nerf, un muscle important. Nous n'avions que de maigres égratignures qui pouvaient être soignées.

- Vous voyez, geignit finalement la dame à mes côtés, vous voyez comme c'est dangereux. Nous n'allons jamais nous en sortir et tout ça, c'est de votre faute ! Votre faute vous m'entendez ! Vous m'écoutez au moins espèce de petite...

Elle s'apprêtait à me prendre le bras et me secouer quand je levai la main pour l'arrêter. Elle poussa un cri d'indignation que je décidai de couper en pointant du doigt ma fenêtre. Sur ma droite, le sol se mût, sans pour autant provoquer un tremblement de terre ni un glissement de terrain. Au bout de quelques secondes, ce fut comme si la terre s'effondrait en un point. La voiture pencha légèrement, comme prise dans l'aspiration. J'essayai d'ouvrir la porte mais elle était endommagée, impossible de faire quoique ce soit. Je m'acharnai dessus, paniquée, tellement aveuglée par l'angoisse que je ne remarquai pas que le pare-brise offrait une sortie puis la voiture s'arrêta de bouger . Je continuai encore et encore d'essayer de faire marcher la porte et la femme à mes côtés me tapota l'épaule.

- Madame Rowtag, chuchota-t-elle, madame, madame, regardez. Regardez.

Elle insista tellement et j'en avais tellement marre d'entendre sa voix que je levai la tête pour satisfaire sa demande. Mon souffle resta bloqué. Là où la terre fut aspirée, une colline commença à s'élever. Ce fut comme si quelque chose voulait émerger de la terre. Des gravats de terre roula jusqu'à nous, rentrant en collision avec la voiture, l'endommageant encore plus que nécessaire. Mes yeux me montrèrent l'anneau magique qui entourait cette protubérance. Le seul endroit où j'avais vu autant de magie avait été chez la vieille sorcière Asda Belevitch. Morte, elle n'avait plus de contrôle sur la porte illégal de magie qu'elle avait chez elle. Lorsque j'avais dû m'introduire chez elle, je n'en étais pas ressortie indemne.

Il était donc normal, que je ne fus pas rassurée de voir autant de flux magique. C'était comme si une porte magique allait apparaître

La terre s'ouvrit et du bois en sortit suivi par de la pierre.

- Mon dieu , qu'est-ce que...

Je secouai la tête en réponse tellement la situation me parut improbable. Devant nos yeux, des éléments de construction se mirent en mouvement dansant dans un but précis. Au loin, des points s'épaissirent et l'un d'eux passa à côté de nous pour que nous comprenions qu'il s'agissait de vis, des tuyaux tranchèrent l'air, une cuve s'inséra dans ce qui s'apparentait à une habitation. Une maison. Nous attendîmes à l'intérieur du véhicule que le chantier improvisé se terminasse. Nous restâmes immobiles tout le long de la construction, refusant même de parler, d'élever le son de notre respiration. Une heure passa, deux heures passèrent. Et l'obscurité tomba lentement sur la ville. La maison fut enfin prête. Les certains flux s'échappèrent de la maison : du violet, du gris, du jaune, du rouge. Du noir, beaucoup de noir. Ils vinrent vers nous, explosant les vitres passagères et nous touchèrent. Ils attirèrent notre attention. Ils s'enroulèrent autour de nous et tirèrent.

Ush ROWTAG T1.5 : Magie courante.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant