Chapitre 11 : Aronn

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[L'image représente le haut de la tenu d'Anabelle Rewdes]

Lorsque le bruit venant de la porte d'entrée retentit dans la maison des Fosters, Aronn se redressa sur le fauteuil du salon, soudainement anxieux. Il attendit patiemment en écoutant les vagues échanges à l'autre bout du couloir entre le serviteur et Anabelle. Puis, en entendant des talons se rapprocher jusqu'à la pièce, il se leva et se dirigea vers eux.

Il avait peur de se retrouver face à la jeune femme qu'il avait sûrement blessée plus tôt dans l'après-midi. Il s'en voulait beaucoup, la provocation de son frère avait pris le dessus sur la maîtrise de ses émotions et il l'avait rejeté. Tandis qu'il marchait dans la direction, il se répéta le petit discourt d'excuse qu'il devait prononcer.

Mais, au moment où il fut en face d'elle, il perdit tous ces mots, et la seule chose qui sortit de sa bouche fut :

- Vous avez fait des efforts vestimentaires pour un simple dîner ?

À peine ses mots furent prononcés qu'il regretta aussitôt de les avoir dit car il vit le léger sourire qu'abordait la chasseuse se dissiper en un instant. En fait, sa tenue inhabituelle l'avait légèrement déstabilisé et il avait dit ce qu'il avait en tête pour ne pas qu'il y ait un moment de blanc. Ce qu'il avait raté puisque depuis cette remarque, il n'avait rien échangé.

- Je pensais qu'il faillait que je m'habille bien, car je croyais que l'on allait repartir sur de nouvelles bases.

Elle portait comme à son habitude, un haut blanc avec un corset par-dessus. Mais ce qu'il changeait, était la jupe dévoilant un bout de ses jambes, qu'elle avait à la place d'un pantalon près du corps et la beauté de ses vêtements de toutes nuances de marron. Elle ne s'habillait pas souvent avec ce genre de couleur, choisissant du rouge, du noir ou des couleurs sombres.

- Excusez-moi.. je voulais simplement dire que-

- Vous êtes ma-ni-fi-que ! s'écria une voix qu'il ne connaissait que trop bien.

Ewan sortit de sa chambre, avec un costume marron, lui aussi, presque exactement de la même teinte que la tenue d'Anabelle.. Comme s'il savait comment elle allait être habillée mais puisqu'il ne possédait pas le pouvoir de voyance, Aronn soupçonnait le serviteur qui l'avait accueilli d'en être le coupable.

- Vous avez vu ? Nous portons la même couleur, nous sommes certainement connectés. C'est fou, comme nous avons des points communs, n'est-ce pas ?

- Bien sûr, vous iriez tellement bien ensemble, dit-il ironique en lui lançant un regard noir.

- Non, non, non ! Je vous interdis d'encore vous disputer ! les réprimanda leur mère en sortant de la cuisine. Le repas sera prêt dans dix petites minutes, allons prendre un apéritif.

Elle ne leur laissa pas le temps de se défendre et se dirigea vers le salon. La pièce était grande et lumineuse bien qu'assez sobre. La jeune femme qui n'y était jamais entrée, tourna sur elle-même pour en observer et en admirer chaque coin. En dessus du grand lustre de cristal, une table était dressée avec du champagne et plusieurs gâteaux.

- Asseyez-vous, je vous en pris, lui dit la maîtresse de maison.

Elle désignait un des fauteuils de velours bordeaux en face du canapé de même couleur où elle s'assit avec son fils cadet. Tandis qu'Aronn prit place dans le second siège, un serviteur entra dans le séjour. Il commença à servir dans les coupes, le liquide pétillant et tendit le verre à l'un de ses maîtres, Ewan qui le refusa en rappelant au nouveau qu'il faillait d'abord servir les invités.

- Oh, veuillez m'excuser. Mademoiselle ?

- Non merci, je ne bois pas d'alcool..

« Elle ne boit pas d'alcool ? se demanda-t-il. Serait-ce par rapport à son père ? D'après, les documents que j'ai trouvés à la bibliothèque, il était alcoolique.. »

- Mince ! jura la vielle femme. Que voulez-vous dans ce cas ? Nous avons plusieurs-

- Je vous remercie, mais, de l'eau suffira amplement.

- Eh bien, Triss, allez chercher une carafe d'eau pour notre chère invitée.

- Bien madame, dit le jeune homme avant de se retourner pour exécuter sa demande.

La mère se rapprocha doucement de la table basse pour attraper le verre que le serviteur avait servir. Toujours assise au bout du canapé, elle demanda à Anabelle :

- Alors, Mme Rewdes ? La dernière fois, nous n'avons pas vraiment eu le temps de faire connaissance. D'où venez-vous ?

- Eh bien, je viens du nord de Morwën, dans un village au milieu des montagnes du nom de Nasheen.

- Nasheen ? Excusez-moi, mais ça ne me dit rien du tout..

- C'est normal, c'est un village isolé, assez pauvre et très peu connu.

- Je comprends, vous avez vécu toute votre enfance là-bas ? demanda-t-elle en trempant ses lèvres dans l'alcool.

Aronn attendit la réponse de la jeune chasseuse avec attention, il avait lu beaucoup d'informations sur sa vie passé, mais la majorité qui se contredisaient entre elles.

- C'est.. assez compliqué et je ne préfère pas vraiment m'étaler sur le sujet. Disons, que ma mère m'a élevé dans ce village et que mon père a repris le flambeau plus tard chez lui, dans le désert de Yalasty.

- D'accord, il n'y a aucun problème.. Au fait, je n'ai pas eu le plaisir de vous voir à la cérémonie de la nouvelle lune..

- Oui je.. euh

Elle jeta un coup d'œil aux deux frères, se demandant sûrement si elle devait dévoiler des détails de l'enquête à une personne extérieur. Ewan prit la parole à sa place :

- Elle est allée rendre visite à Andian Spencer et nous, nous sommes allé au temple pour établir une liste des suspects.

- Et le plan a marché ?

- Non, pas vraiment, les deux seuls suspects que l'on avait, sont en fait innocents.

- Ah.. Fausse piste ! Ce sera mieux la prochaine fois.

Quand le serviteur entra de nouveau dans la pièce pour annoncer que le plat avait bientôt fini de cuire, la maîtresse de maison se leva à la plus grande surprise d'Anabelle.

- Je vous demande une minute, il faut que je termine le repas. Continuez sans moi le temps que je prépare tous, dit-elle en s'éclipsant.

***

Durant les dix minutes suivantes, les trois chasseurs discutaient tout en buvant la boisson qu'on leur avait servie. Enfin, Ewan parlait essentiellement, vantait ses mérites, mais pour une fois, son frère le laissant faire en se disant qu'il avait eu tellement peu de moment de bonheur et réussite qu'il avait le droit de les mettre en avant.

Puis, la mère de famille pénétra dans le salon et déclara après avoir vidé son verre de champagne :

- C'est prêt et servi, il ne reste plus qu'à soulever les couvercles. Nous pouvons aller manger, dès maintenant si vous le souhaitez.

- Oui, avec plaisir, répondit Ewan avec enthousiasme. Ai-je déjà dit que ma mère était une cuisinière hors norme ?


- Oui, mais je ne comprends toujours pas.. Vous avez des serviteurs, mais vous continuez de faire des tâches ménagères, comme la cuisine.


- Ma belle, une passion ne peut pas disparaître comme ça, expliqua-t-elle en claquant des doigts. Ce n'est pas, un jour, on fait à manger pour ses frères et le lendemain dès qu'on est mariée à un homme riche, on arrête tout. Et puis, à quoi passerais-je mes journées, maintenant que je n'ai plus de travail ?

- Je comprends.

- Bien, allons dans la salle à manger !

Tous se levèrent et se dirigèrent vers la sortie. Mais, au moment de passer la porte, Anabelle se tourna vers la table encore remplie de nourriture. Devant elle, Aronn qui avait remarqué son regard et deviné son état d'esprit, lui chuchota :

- Ne vous inquiétez pas, il n'y a pas de gaspillages chez nous. Les serveurs peuvent même se servir dans ce qu'il reste après leur service.

Comme rassurée par sa réponse, mais toujours envahie pas la mélancolie, elle hocha doucement la tête puis sortit dans le couloir et rejoignit les autres. Aronn fit de même en jetant un dernier coup d'œil à ce que la jeune femme observait plus tôt.

Quand ils entrèrent dans pièce où la table était dressée au milieu dans des tons bleus, quatre serveurs les attendaient un plateau à la main avec le plat recouvert d'une cloche en argent. Ils choisirent leur place, Ewan et Anabelle côte à côte et Aronn et sa mère en face d'eux.

Les hommes posèrent les plateaux devant eux et se placèrent derrière en attendant que l'on leur ordonne de soulever le couvre-plat.

- J'ai tellement hâte de découvrir le plat. (à Anabelle) C'est une surprise, elle ne nous a rien dit sur ce qu'elle allait préparer. Est-ce qu'on peut-

- Non, coupa la vieille femme. Attends un peu, voyons, espèce de ventre sur pattes !

Anabelle rit doucement contre sa main devant cette scène de reproches ridicule.

- D'accord.. Bon, Mme. Rewdes, votre mère aime cuisiner, elle ?

Mentalement, le brun se tapait le front avec sa main à cause de l'erreur qu'il venait de faire.

- Ma mère cuisinait, répondit-elle en insistant sur le dernier mot. Elle aimait bien cela, malheureusement, elle ne pouvait pas s'exercer pleinement, car elle ne cuisinait que des choses simples. On ne pouvait pas acheter de la nourriture trop luxueuse, avec un peu de chances, on trouvait parfois des aliments sous la neige comme des baies et des plantes aromatiques..

Sa réplique lança un froid qui fut comblé par la demande de soulever les couvercles pour manger et une brume aux odeurs exaltantes. Toutes les personnes présentes avaient bien compris que la belle brune ne voulait pas parler de sa jeunesse. Aussi, durant toute la durée du repas, personne n'y fit allusion une troisième fois.


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Le Médaillon Pectinem [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant