Le Médaillon Pectinem [EN PAUSE]

Chapitre 14 : Anabelle

[Cette image représente Anabelle face à un loup garou]

C'était le soir, Anabelle, alors âgée de sept ans, marchait lentement vers sa maison en essayant de ne pas faire tomber les branches qu'elle tenait en équilibre dans ses petites mains. Elle revenait de la forêt où elle était allée chercher du bois pour cuisiner et faire chauffer la maison.

- Ma fleur, dépêche-toi, lui cria sa mère, j'ai fini de faire la soupe.

La magnifique femme, aux cheveux bruns et aux yeux verts dont sa progéniture avait hérités, se tenait devant la porte et lui faisait signe de se hâter. La petite fille pressa donc le pas et entra dans la chaumière.

Une fois à l'intérieur, elle put enlever sa grosse veste et se réchauffer près de la cheminée où elle alimenta le feu. Sa mère posa alors la marmite dessus et demanda à sa fille :

- Alors, ce n'était pas trop dur de trouver du bois sec ? Tu es partie si longtemps, que je me suis fait du souci pour toi.

- Maman.. Il ne faut pas que tu t'inquiètes autant. Je suis seulement allée dans ma cachette, tu sais la grotte où j'avais mis plein de branches toute sèches avant l'hiver. Il devrait y en avoir assez pour une bonne partie de la saison.

- Oh ma chérie, tu fais déjà preuve de tant d'initiative.. Mais je ne sais pas comment je ferais si je te perdais toi aussi, dit-elle en la prenant dans ses bras.

La fillette savait qu'elle faisait référence à son père disparu, il y a plus de sept ans. Elle ne l'avait malheureusement jamais connu. Sa génitrice n'aimait pas en parler, son visage s'assombrissait à chaque fois qu'elle entendait son nom, Jonas Rewdes. Sa mère, Della lui avait seulement raconté que son père était parti trois mois après sa naissance quelque part au Nord d'Isïl et qu'il n'était jamais revenu.

Anabelle mit la table pendant que sa mère finissait la préparation de leur modeste repas. La soupe avec les quelques légumes et plantes trouvés dans la forêt sous l'épaisse couche de neige, était simplement servie avec une tranche de pain dur, sèche et légèrement moisie puisque c'était la fin de la baguette.

Quand elles finirent de manger, la pièce s'assombrit lentement, le soleil devait sûrement se coucher. Et c'était certainement ce que se disait sa mère puisqu'elle débarrassa rapidement et demanda à sa fille d'aller se débarbouiller le visage et d'ensuite aller se mettre au lit.

- Mais...il ne fait même pas encore nuit, répliqua la petite.

- Oui, je sais, mais... Maman est un peu fatiguée, vois-tu ? Donc, elle a besoin de dormir et toi aussi, ma fleur.

Elle l'accompagna jusqu'à l'intérieur de la deuxième et dernière pièce, la chambre qu'elle partageait avec sa fille. Cette dernière se glissa sous les couvertures et attendit patiemment son baiser de bonne nuit. Sa mère se baissa et lui baisa tendrement le front, puis se tourna vers la porte pour sortir comme si elle était pressée.

- Pas de chanson ? dit Anabelle, un peu surprise.

Le regard de la femme passa de sa fille à la fenêtre d'où on voyait le soleil se coucher, elle semblait pressée et angoissée. Elle se tournait les pouces comme si elle devait prendre une grande décision.

- D'accord, mais une petite.

Elle s'assit sur le lit et commence à fredonner une mélodie puis à chanter les paroles d'une berceuse qu'elle avait écrite.

Quand elle finit la chanson, la fillette dormait déjà. La femme lui caressa tendrement les cheveux et posa un baiser léger sur sa joue. Puis, au lieu de se coucher à son tour dans son lit, elle sortit de la maison par la porte de derrière.

Mais seulement quelques heures plus tard, la fille se réveilla en sursaut d'un cauchemar. Elle alla dans le lit de sa mère pour y trouver du réconfort, mais les draps étaient frais et n'étaient pas défaits.

Alors, Anabelle prit une veste, des bottes et partit chercher sa mère dans le bois.

***

La fillette avait très froid, ses jambes nues étaient exposées au vent hivernal du soir. Elle toussa et resserra sa veste sur elle pour qu'elle la protège mieux de la bise du soir. Elle commençait à être assez fatiguée et, marcher devenait difficile pour elle avec ses frêles jambes qui s'enfonçaient dans la neige.