Amour et interdits

Chapitre 11 : « Le face à face... »

J'avais du mal à dormir. Je ne cessais de me demander ce que mes camarades de classe avaient pu penser de l'attitude de Mme Hoffmann. Adams m'avait téléphoné mais je n'avais pas voulu décrocher. Le fait d'avoir pleuré devant lui, m'était restée au travers de la gorge.

Nelly quant à elle, ne voulait plus parler de ce malheureux incident. Tout ce qui l'intéressait était le fait qu'Adams m'ait pris dans ses bras. Elle avait passé la soirée à parler de cela.

-NELLY : Tu sais, quand tu es sortie de la classe, Adams s'est levé pour prendre ta défense, et ce, devant toute la classe et devant sa maléfique petite amie. On sent nettement qu'il tient énormément à toi. Il est d'ailleurs sorti pour partir à ta recherche sans pour autant se soucier des « qu'on dira-t-on ». Si ce n'est pas de l'amour ça, qu'est-ce que c'est ?

Je ne voulais pas me faire de fausses illusions. Je voulais d'abord en avoir la conviction. Les histoires de cœur sont très sensibles, surtout quand il n'y a pas réciprocité. Et puis vous l'avez vu non ? Comment quelqu'un comme lui pourrait s'intéresser à moi ? Je m'habille amplement, je ne suis pas la mode et je suis voilée. Sa copine est belle, sexy, c'est la star de l'école en plus. Comment puis-je rivaliser avec elle ? Il n'y a même pas photo, comme diraient les ivoiriens.

J'appréhendais beaucoup le fait de retourner à l'école demain. Aux yeux de tout le monde, je serai la fille qui a été expulsée à cause du port de son voile. Ce n'était vraiment pas comme ça que j'avais imaginé mon séjour ici. Depuis mon arrivée, j'ai déjà eu deux incidents : la menace du proviseur et le renvoi du cours de Mme Hoffmann. Etais-je faite pour vivre à l'étranger ? J'ai longuement été couvée par mes parents et jamais été préparée à ce genre de choses. Dieu veut sûrement me forger davantage. Ma force, mon arme c'est la prière.

Nelly s'endormit juste après avoir téléphoné à son chéri pour lui dire au revoir, pendant ce temps, j'étais perdue dans mes pensées. Suis-je la seule à être ainsi ou à vous également ça vous arrive d'avoir des insomnies quand un fait inhabituel se produit dans votre vie ?

Je m'en voulais également de ne pas avoir répondu au message d'Adams, surtout après tout ce que Nelly m'avait racontée. Je n'ai jamais vraiment été douée pour prendre les bonnes décisions. Quand je ne sais pas quelle attitude adopter, je ne réagis pas tout simplement. Et si demain Adams décide de m'ignorer parce qu'il n'a pas reçu de réponse émanant de moi ? Je me levai de mon lit, avalai un grand verre de lait puis m'efforça de dormir avant d'avoir une salle tête à mon réveil...

*Le lendemain matin

A mon réveil, j'avais mal partout. Je peinai à me lever du lit, mais je n'eus d'autre choix étant donné que nous avions cours. Je pris ma douche la première pendant que Nelly repassait ses habits. Le temps filait. Après avoir pris notre PDJ, nous nous rendîmes en cours. Nelly se tourna vers moi avec un large sourire avant de me dire :

-NELLY : Alors Mme Roy, hâte de voir M. Roy ?

-MOI (nerveuse) : Chut, quelqu'un pourrait t'entendre et rapporter tes propos à Corinne.

-NELLY : Je m'en fiche ! Tu calcules trop cette tarée.

-MOI : Oui parce que cette tarée comme tu l'appelles pourrait me faire perdre ma bourse définitivement et me faire renvoyer dans ma vie monotone à Dakar.

-NELLY : Adams et moi ne permettrons jamais que cela n'arrive alors ne te fais pas de soucis pour cela stp.

-MOI : Donc maintenant vous faites équipe ensemble ?

-NELLY : S'il faut qu'on s'unisse pour la même cause, bah pourquoi pas.

Arrivées en classe, je rejoignis rapidement ma place. Certains élèves me lançaient des sourires comme pour dire qu'ils étaient désolés pour hier, d'autre fuyaient mon regard. Adams vint enfin, mais accompagné de Corinne. Était-il aller la prendre chez elle ou s'était-il juste croisé devant la porte de l'école ? Ils s'assirent chacun à leurs places habituelles. Adams posa son sac puis se leva comme pour chercher quelqu'un et il se dirigea vers moi. Comme je m'asseyais seule, il prit place puis dit :