Amour et interdits

Chapitre 23 : « Le malaise... »

Je n'avais rien bu ni avalé.

Je n'arrive même pas à décrire ce que je ressentais à cet instant précis.

Je voulais mourir sans me suicider. J'étais dans la chambre sans pour autant y être. Je voulais crier. Cogner le mur.

J'avais tellement pleuré au point de n'avoir plus de larmes. Mon père était censé m'envoyer mon billet électronique demain afin que je rentre à Dakar.

Mes petites sœurs m'avaient écrit pour me dire que ma tante avait décidé de commencer à organiser mon mariage avec son fils. J'en parla immédiatement à Nelly, qui se mit à passer des coups de fil. Une heure après, Adams débarqua. Dès qu'il entra il se précipita vers moi et me dit :

-ADAMS : Zainab que se passe-t-il ? Nelly m'a dit que tu n'allais pas bien.

Je n'arrivais même pas à ouvrir la bouche, tellement ma gorge était nouée. Je le regardai sans brancher. C'est Nelly qui prit la parole :

-NELLY : Apparemment, quelqu'un a envoyé des photos de vous deux à son père.

-ADAMS : Quoi ? Ce n'est pas possible !

-NELLY : Si et le pire c'est que ce dernier a décidé de la faire rentrer à Dakar et de la donner en mariage à son cousin.

-ADAMS : Quoi ? Non ! ça il en est hors de question ! Mais qui a envoyé les photos à son père ?

-NELLY : Aucune idée.

Adams se retourna vers moi, il me fixa d'un air découragé et compatissant à la fois :

-ADAMS : Ne t'inquiètes pas. Nous trouverons un moyen de tout réparer ENSEMBLE.

« De tout réparer » avait-il dit ? C'était trop tard. Ce secret que j'avais essayé de cacher à ma famille avait explosé au grand jour. Mon père se préoccupait plus de son honneur qu'autre chose. J'imagine que ma tante devait être aux anges. Depuis le début, elle était contre le fait que je vienne étudier au ici. Elle avait dit à mes parents que je changerai forcément et que l'idéal était que l'on scelle le mariage avant que je ne parte. Mon père avait refusé en lui disant qu'il préférait que je termine d'abord mes études et qu'il me faisait confiance.

J'imagine qu'en ce moment, il doit amèrement regretter le fait de ne l'avoir pas écoutée. Mon père doit me détester. Je n'ai jamais rien fait qui puisse le mettre autant en rogne. C'était la toute première fois. Rentrer au Sénégal sans terminer l'année scolaire, me ferait tout simplement perdre ma bourse. Mais ça je pense que c'est le dernier soucis de mon père.

Nous devions tous être en train de ranger nos affaires pour l'excursion à Paris qui était prévu pour demain mais au lieu de ça, nous prions tous pour que mon père ne maintienne pas sa décision de me renvoyer à Dakar.

Adams était sorti furax de notre chambre. Il était persuadé que son père était à l'origine de tout cela. Il était tellement énervé qu'il se mit à filer afin d'arriver rapidement. Une fois chez lui, il se mit à crier dans le couloir :

-ADAMS : Papa où es-tu ? Montre-toi !

La mère d'Adams qui lisait au salon se précipita dans le couloir, effrayée par les cris de son fils :

-CYNTHIA : Adams qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi cries-tu ainsi ?

-ADAMS : Où est-il maman ? Où est-il ?!

-CYNTHIA : Je ne sais pas. Il était là il y a quelque minute.

-HUGO : Je suis là, pourquoi tant de remue-ménage ?